En juin, Andrea Prudente et Jay Weeldreyer sont partis en vacances à Malte. Ce couple d'Américains, respectivement âgés de 38 et 45 ans, voulait profiter de leur dernier été sur la mer Méditerranée au cœur de l'île de Gozo avant l'arrivée de leur progéniture. C'est, du moins, ce qu'ils pensaient à ce moment-là. Enceinte, Andrea était censée mettre au monde son premier enfant, à la fin de l'automne 2022.
Ce qui se profilait comme un ultime et précieux moment à deux s'est soudainement transformé en un véritable cauchemar. Dans la nuit du 12 juin, Andrea a souffert d'intenses saignements et s'est rendue en urgence afin de consulter un médecin. Pour éviter une fausse couche, ce dernier lui a alors prescrit un médicament. Sauf qu'il était trop tard: la jeune maman a perdu les eaux dans les deux jours qui ont suivi et a dû être admise à l'hôpital St Thomas de La Valette, capitale de Malte.
De plus amples examens ont révélé que le placenta d'Andrea s'était partiellement détaché. En conséquence, les chances pour l'enfant de survivre durant la grossesse étaient drastiquement réduites. Peu de temps après, Andrea a été emmenée à l'hôpital Mater Dei pour des examens complémentaires, où elle se trouve encore aujourd'hui.
S'il est désormais clair que le bébé ne pourra survivre à la grossesse, Andrea et Jay ont appris qu'il ne leur serait pas possible d'avoir recours à un avortement. Alors même qu'un risque accru de nouvelles hémorragies et d'infections – potentiellement mortelles pour la maman – a été observé. En cause: la législation de Malte en matière d'interruption volontaire de grossesse (IVG) qui se révèle être la plus stricte de l'Union européenne (UE).
Dans l'Archipel, les règles sont claires: l'avortement est interdit tant que le cœur de l'enfant bat. Même si l'on sait déjà que les chances de survie sont nulles et même si la mère risque d'avoir des problèmes de santé.
Aujourd'hui, cette situation place le couple dans une position difficile. Tout ce qu'ils peuvent désormais faire, c'est espérer que le cœur du bébé s'arrête bientôt de battre afin qu'Andrea puisse être enfin aidée. «Si cela n'arrive pas, ils ne feront rien», a déclaré son compagnon à la BBC. Ce dernier craint que l'état de santé de sa femme ne se détériore «d'un moment à l'autre».
Comme sa compagne, Jay Weeldreyer a du mal à envisager la mort prochaine de sa fille à naître. «Nous la voulions et nous la voulons toujours. Nous l'aimons profondément et voulons tant qu'elle survive», a-t-il ajouté à la BBC avant d'ajouter: «Mais elle ne le fera pas. Il n'y a plus rien à faire. Andrea est maintenant exposée à un risque de plus en plus long».
Le couple n'a donc pour l'instant qu'une seule solution: attendre. Chaque jour, un médecin passe pour vérifier si le cœur de l'enfant à naître bat encore.
«Une partie de moi exulte de voir son cœur battre encore. Et en même temps, je ne veux plus entendre ce battement de cœur car cela ne fait que prolonger la souffrance de la femme que j'aime», a déclaré Jay, impuissant face aux événements.
Selon Andrea, le personnel lui aurait conseillé de quitter l'hôpital et de se rendre dans un hôtel jusqu'à ce que le cœur de son enfant cesse de fonctionner ou alors qu'une infection se produise. Ce n'est qu'à partir de ce moment qu'une intervention serait possible. «Je vis un traumatisme constant», a-t-elle déclaré en décrivant à la BBC son ressenti.
Une autre option lui a été proposée ; celle de l'évacuation médicale d'urgence vers la Grande-Bretagne. Mais pour cela, Andrea et Jay doivent encore attendre l'autorisation de leur assurance. C'est toutefois la seule option, explique le couple. «Je veux juste sortir d'ici vivante», argue Andrea. «Je ne m'attendais pas à un tel cauchemar».
(Traduit de l'allemand par mndl)