Des Afghanes tiennent des pancartes criant des slogans anti-Pakistan lors d'une manifestation à Kaboul ce mardi 7 septembre.Image: EPA
Depuis la prise de Kaboul par les talibans, les droits et les conditions de vie des Afghanes se dégradent. Visiblement, il est hors de question de rester les bras croisés. Mardi 7 septembre, elles ont manifesté leur désaccord.
07.09.2021, 15:1607.09.2021, 15:53
Il y a quelques semaines, on se demandait comment allait évoluer la question du droit de la femme en Afghanistan. Pour rappel, les talibans ont pris le pouvoir le 15 août dernier après la prise de la capitale Kaboul. Les conditions de vie se sont déjà nettement détériorées et les droits acquis durant ces 20 dernières années leur sont petit à petit retirés ou soumis à certaines conditions.
Cachées pour pouvoir étudier
Comme c'est le cas pour l'éducation. Si, lors de la prise des talibans dans les années 90, elles avaient complétement perdu l'accès aux études supérieures, pour l'instant, les portes des universités privées semblent rester ouvertes. Mais à quel prix? D'après France info, de nouvelles règles ont été instaurées, à la suite d'un décret publié le 4 septembre. De quoi s'agit-il exactement?
- Elles devront porter une abaya noire, assortie d'un niqab couvrant le visage et laissant apparaître les yeux.
- Les classes seront non mixtes, les filles et garçons séparés par un rideau. Si elles sont plus que quinze, elles auront leur propre salle.
- Les femmes devront partir cinq minutes avant les hommes et attendre que ces derniers quittent les lieux dans une salle d'attente.
- Les universités doivent engager «des enseignantes pour les étudiantes» ou des «enseignants âgés» dont la moralité aura été passée au peigne fin.
Une étudiante a confié sa détresse au média français:
«C’est absurde. Tout s’arrête pour nous, plein de gens sont partis. Je me sens seule et désespérée»
Goodbye les salons de beauté
Autre phénomène depuis l'arrivée des talibans, les salons de beauté ont disparu. Symbole de féminité, ces lieux n'ont visiblement plus leur place dans la politique instaurée par les talibans dans tout le pays. Au micro de l'envoyée spéciale, Liseron Boudoul de TF1, deux coiffeuses, maquillant et coiffant une Afghane avant son mariage, expliquent:
«Les Afghanes ont besoin de nous, mais on ne peut plus travailler librement. Alors, on se cache et on travaille avec la peur au ventre»
Ce n'est pas le seul métier qui disparaît. Les avocates, les professeures d'universités publiques, les présentatrices télé, ont également perdu leur droit d'exercer. 👇
La résistance continue
La situation se complexifie pour les femmes, mais ce n'est pas pour autant que ces dernières arrêtent de se battre pour le droit lors de manifestations. Comme ce mardi 7 septembre. Près de 70 Afghans, dont une majorité de femmes, se sont rassemblés devant l'ambassade du Pakistan.
Femmes et hommes dénoncent notamment la violente répression des talibans dans le Panchir, et l'ingérence du Pakistan, considéré comme leur proche allié, ont constaté des journalistes de l'Agence France-presse (AFP). Ils ont ensuite été rapidement dispersés par les tirs en l'air des combattants talibans déployés sur place.
Et les Afghanes avaient leur mot à dire. Sarah Fahim, originaire de la province de Kapisa proche du Panchir, a confié à l'AFP:
«Les femmes afghanes veulent que leur pays soit libre (....) Nous sommes fatigués que le Pakistan bombarde le Panchir, nous sommes fatigués d'attendre à l'aéroport. Combien de temps cela va-t-il durer, quand nos voix seront-elles entendues? Pourquoi la communauté internationale reste-t-elle silencieuse en voyant tant de gens se faire tuer?»
Et ce n'était pas la première manifestation. Trois jours auparavant, le samedi 4 septembre, la chaîne privée Tolo News avait déclaré qu'un certain nombre de femmes journalistes et activistes féministes avaient manifesté pour la deuxième journée consécutive à Kaboul.
«Elles réclamaient le maintien de leurs droits et revendiquaient leur inclusion dans le prochain gouvernement»
Et, le jeudi 2 septembre, des dizaines de femmes avaient manifesté à Hérat dans l’ouest de l’Afghanistan, pour les mêmes raisons. Leur combat est donc loin d'être fini. (fag)
De la mini-jupe à la burqa - les femmes en Afghanistan
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De la mini-jupe à la burqa - les femmes en Afghanistan
Des étudiantes en mini-jupes se promènent à Kaboul, 1972. Elles osent le faire en dépit des violentes critiques de la majorité des Afghans, encore attachés aux traditions.
source: laurence brun /gamma-rapho via getty images
Session des femmes, deuxième acte!
Video: watson
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