Connaissez-vous les chutes de la rivière Vuoksi, en Finlande? Ce lieu touristique situé sur la ville d'Imatra est un lieu apprécié des touristes russes, l'attraction étant située proche de la frontière russe.
Un barrage y est situé et l'attraction consiste à voir les flots d'eau se déverser à l'ouverture de celui-ci. D'habitude, une musique du compositeur finlandais Jean Sibelius est utilisée pour accompagner le spectacle. Mais désormais, c'est l'hymne ukrainien qui est joué par les haut-parleurs lorsque les torrents déferlent. Un petit changement dans la scénographie qui ne doit pas plaire aux touristes russes...
VIDEO: 🇫🇮🇷🇺 At the same time each day, a dam in the Finnish city of Imatra opens and water rushes out to the sound of music.
— AFP News Agency (@AFP) August 14, 2022
It's a popular attraction especially with Russian tourists. But since the end of July, the show has begun with the Ukrainian national anthem
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Pour Mark Kosych, un touriste qui visite les chutes d'Imatra avec sa famille, la situation est amère:
Le citoyen russe se réserve toutefois le droit de clarifier ses propos: «Tous les Russes ne sont pas pour Poutine. Les gens et le gouvernement finlandais doivent s'en rendre compte», déclare-t-il, tout en expliquant «comprendre» la décision de celui-ci.
La ville voisine de Lappeenranta donne un signal similaire à celui des chutes d'Imatra. Cette ville de 70 000 habitants proche de la frontière est une destination prisée des touristes russes qui viennent faire du shopping et acheter des vêtements et des cosmétiques. On y voit souvent des plaques d'immatriculations russes dans les rues.
Et pourtant, l'hymne national ukrainien y résonne chaque soir du sommet de l'hôtel de ville, qui surplombe les centres commerciaux prisés par les touristes russes.
Pour beaucoup de touristes russes, la situation est désagréable, d'autant plus que la Finlande est le seul pays de l'UE n'ayant pas imposé de restrictions aux visas accordés aux touristes russes. De nombreux Russes utilisent donc le pays comme une zone de transit en direction du reste de l'UE.
L'invasion de l'Ukraine a suscité de fortes réactions au sein de la population finlandaise, le pays partageant une frontière de 1 300 kilomètres avec la Russie et sa capitale, Helsinki, étant située à 300 kilomètres à peine de Saint-Pétersbourg.
Ainsi, 58 % des Finlandais interrogés lors d'un récent sondage se sont prononcés en faveur de règles plus strictes pour décerner des visas aux Russes. En réaction, Helsinki a annoncé vouloir limiter le nombre de visas touristiques en provenance de Russie.
Un arrêt complet de la délivrance de visas sur la base de la nationalité n'est pourtant autorisé ni par le droit finlandais ni par le droit européen, selon le ministre des Affaires étrangères Pekka Haavisto.
En juillet, la Finlande a enregistré plus de 230 000 passages de frontière en provenance de Russie, contre 125 000 en juin. D'ici la fin du mois d'août, le gouvernement finlandais entend décider d'éventuelles restrictions dans le domaine du tourisme, de sorte que seul un nombre limité de visas soit disponible quotidiennement.
Le débat sur l'interdiction des visas pour les Russes prend de l'ampleur dans d'autres pays de l'UE. Ainsi, à partir du 18 août, l'Estonie ne laissera entrer dans le pays que les citoyens russes qui y vivent ou y résident. La Lettonie, de son côté, n'accepte plus que les demandes de visa des citoyens russes souhaitant assister aux funérailles d'un proche parent. Le gouvernement polonais entend bientôt suivre l'exemple des pays baltes. L'Allemagne et la Commission européenne, de leur côté, s'opposent à un arrêt de principe des visas touristiques pour les Russes.
(mk/acu)