Accusé d'avoir proféré des appels à la haine visant les femmes et les Juifs dans ses prêches, un imam tunisien du sud de la France, Mahjoub Mahjoubi, a été interpellé puis expulsé jeudi vers la Tunisie.
Installé en France depuis le milieu des années 1980, marié et père de quatre enfants, Mahjoub Mahjoubi était depuis plusieurs jours dans la ligne de mire du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui avait demandé dimanche le retrait de son titre de séjour.
Interpellé à la mi-journée sur la base d'un arrêté ministériel d'expulsion en présence de ses enfants et de son épouse, selon son avocat, Samir Hamroun, il a été emmené pour être transféré vers un centre de rétention administrative (CRA) en région parisienne.
«Moins de 12 heures après son interpellation», il a été expulsé vers la Tunisie, a annoncé le ministre, sur X:
L'imam faisait l'objet d'un suivi depuis plusieurs mois, avait insisté le préfet, évoquant une «mosquée à la dérive»: et «quand j'entends parler d'un 'lapsus' au sujet des drapeaux, c'est un lapsus qui dure plusieurs dizaines de minutes, (avec) des propos qui ne touchent pas qu'à la question du drapeau, qui tiennent également à la place de la femme, du peuple juif qu'il désigne comme un ennemi».
«Je ne parlais en aucun cas du drapeau français», s'était défendu sur plusieurs médias Mahjoub Mahjoubi, expliquant qu'il dénonçait les rivalités entre supporters lors de la récente Coupe d'Afrique des Nations (CAN):
«J'ai fait un lapsus, je ne suis pas Voltaire ni Victor Hugo. Dans mes propos, au lieu de dire: 'Tous ces drapeaux multicolores ou de différentes couleurs', eh bien j'ai dit : 'Tous ces drapeaux tricolores', mais en aucun cas je ne parlais de la France», avait-il ajouté.
«Bien au contraire, je défends la République, la laïcité. Bien entendu, j'ai défendu Samuel Paty (le professeur assassiné en 2020 par un jeune djihadiste). J'étais dans la marche pour Charlie Hebdo», avait poursuivi l'imam:
«Il parle bien de drapeaux au pluriel, il critique les nationalismes», a répété jeudi son avocat sur BFMTV, en estimant toutefois que «personne ne croira» son client parce qu'«il a une barbe», qu'«il a un accent».
Début 2020, le président français Emmanuel Macron avait annoncé sa volonté de mettre fin à l'accueil des quelque 300 imams envoyés par divers pays et d'augmenter en parallèle le nombre d'imams formés en France. Depuis le 1er janvier dernier, la France n'accepte plus de nouveaux imams «détachés», envoyés par d'autres pays. (ats/jch)