«Il n'est ni sain ni souhaitable» d'organiser un rassemblement pour protester contre une décision de justice, estime le Premier ministre François Bayrou dans une interview au Parisien, à la veille d'un rassemblement du RN en soutien à Marine Le Pen après sa condamnation.
«Manifestation... contre-manifestation.... C'est aussi vieux que la République. Mais ce n'est ni sain ni souhaitable puisque nos institutions organisent à la fois la séparation des pouvoirs et la protection de la justice», juge-t-il. Marine Le Pen a été condamnée en première instance lundi à cinq ans d'inéligibilité avec application immédiate pour détournement de fonds publics, qui pourrait lui barrer la route pour l'Elysée.
Alors que le Premier ministre avait fait part de son «trouble» face à cette décision de justice, Bayrou répète, comme il l'avait dit lors des Questions au gouvernement mardi, qu'il y a «des interrogations sur l'application du jugement avant qu'il puisse y avoir appel», même si le jugement «s'impose» et qu'il «défend les juges».
«C'est une réflexion sur notre droit, et c'est le Parlement qui est souverain», ajoute-t-il, assumant d'avoir «toujours exprimé la même position: on devrait toujours avoir la possibilité de faire appel d'un jugement en première instance».
Le Premier ministre récuse par ailleurs tout traitement de faveur à l'encontre de Le Pen, qui devrait bénéficier d'une décision en appel rapide, à l'été 2026.
Alors que le président des Etats-Unis Donald Trump a apporté son soutien à la cheffe de file du RN, l'estimant victime d'une «chasse aux sorcières», Bayrou pointe une ingérence, mais celle-ci est selon lui «devenue la loi du monde», et «il n'y a plus de frontières pour les grands débats politiques».
Interrogé sur le soutien de Donald Trump, du Kremlin et de Viktor Orban à Marine Le Pen, Bayrou dit ne pas «mélange(r) ces trois situations». Il ajoute:
(tib/ats)