«La liberté n'a pas de bouton off» affiche désormais la page d'accueil des sites pornographiques Youporn, Pornhub et Redtube. «En suspendant l'accès à notre site en France, nous prenons position: nous refusons de compromettre votre vie privée avec des mesures qui, paradoxalement, échouent à protéger efficacement les mineurs», clame le message d'Aylo, maison mère de ces plateformes, accompagné d'une image évoquant le tableau «la Liberté guidant le peuple» du peintre Eugène Delacroix.
Le groupe s'élève contre une loi française de 2024 obligeant les éditeurs de sites X à mettre en place un système d'identification empêchant les mineurs d'y accéder, sous peine de sanctions du gendarme du numérique et de l'audiovisuel, l'Arcom, pouvant aller jusqu'au blocage.
Selon une étude menée sur le premier semestre 2024 par l'Arcom, le gendarme français du numérique, près de 40% des enfants en France accèdent à des sites pornographiques chaque mois.
Les éditeurs de sites X doivent exiger l'envoi d'une photo ou d'un document d'identité par exemple, en proposant au moins une méthode respectant le principe de double anonymat qui permet de prouver sa majorité sans divulguer son identité.
Aylo, qui revendique sept millions de visiteurs quotidiens en France sur ses différentes plateformes de contenus pornographiques, défend une vérification de l'âge au niveau des appareils et de leur système d'exploitation.
«Des fuites de données se produisent quotidiennement. Vous obliger à fournir, de façon répétée, des informations personnelles sensibles crée un risque de sécurité inacceptable que nous refusons d'imposer à nos utilisateurs», poursuit le message visible en page d'accueil des sites X d'Aylo.
«Aujourd'hui, Pornhub et YouPorn préfèrent se déconnecter plutôt que d'assumer leurs responsabilités», a réagi dans un communiqué la ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique, Clara Chappaz. Et puis:
«Cette industrie multimilliardaire préfère mobiliser ses ressources pour combattre toute tentative de régulation, à grand renfort d'avocats et de lobbyistes, plutôt que de renoncer à un accès inconditionnel et gratuit qui alimente son modèle économique fondé sur la violence et sur l'érotisation de toutes les oppressions», a commenté l'association Osez le féminisme.
D'autres pays comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne imposent eux aussi des restrictions d'accès aux sites X liés à l'âge.
(ats/acu)