Le meurtrier d'un jeune Malien dans une mosquée du sud de la France, qui a filmé vendredi sa victime agonisante, a été arrêté après s'être «rendu de lui-même» dans un commissariat en Italie, a annoncé lundi le procureur français en charge du dossier.
Joint par téléphone, le procureur de la ville d'Alès, Abdelkrim Grini, a déclaré:
L'assassin est un homme de nationalité française issu d'une famille bosnienne, âgé d'une vingtaine d'années.
Dans «les propos décousus» que le jeune homme tient dans la vidéo qu'il a lui-même tournée vendredi face au jeune Malien, en train de mourir, il semble en effet «manifester son intention de recommencer», avait précisé samedi soir le procureur.
Le meurtrier y est entendu se féliciter de son acte, en train d'insulter la religion de sa victime: «Je l'ai fait, (...) ton Allah de merde», répète-t-il à deux reprises.
Au moment de son agression, la victime, installée à La Grand-Combe depuis quelques années, était comme chaque semaine allée tôt à la mosquée Khadidja de ce bourg du département du Gard de quelque 5000 habitants au nord d'Alès, pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.
Depuis son meurtre, les réactions se multiplient dans le monde politique, jusqu'au sommet de l'Etat. «Le racisme et la haine en raison de la religion n'auront jamais leur place en France», a ainsi assuré le président Emmanuel Macron, sur X.
«La liberté de culte est intangible», a insisté le chef de l'Etat, adressant «le soutien de la Nation» à la famille de la victime et «à nos compatriotes de confession musulmane».
Le Premier ministre François Bayrou a dénoncé samedi sur X «une ignominie islamophobe». «L'islamophobie tue. Tous ceux qui y contribuent sont coupables», a martelé Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France Insoumise.
A la Grande Mosquée de Paris, on a même évoqué la possible dimension «terroriste» de ce meurtre, dans une réaction sur les réseaux sociaux dans la nuit de samedi à dimanche.
«Il fait peu de doute que son auteur a été motivé par la haine des musulmans», a assuré l'institution, demandant «aux autorités compétentes» de dire au public «si la piste #terroriste est privilégiée».
«L'assassinat d'un fidèle dans une mosquée est un crime ignoble qui doit révulser le coeur de tous les Français», a réagi le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
Le délégué national de la Conférence des évêques de France, Jean-François Bour, a estimé qu'«une réponse ferme à la haine antimusulmane» était «urgente». (ats)