En France, il est déjà difficile pour le président de la République d'échapper à la critique pour ses choix politiques, et la nomination de ses ministres en fait partie. Il devient encore plus difficile encore d'opter pour un casting convaincant si la fonction de ministre n'est pas, n'est plus, attirante. Or, il semblerait que ce soit le cas.
«Rarement un président de la République n'aura essuyé autant de refus», a ainsi lancé l'un des consultants politiques de la chaîne conservatrice d'info en continu Cnews au lendemain du remaniement effectué par Emmanuel Macron ce 4 juillet. Difficile de ne pas croire cet intervenant: dans la nouvelle équipe du président, on n'observe l'arrivée d'aucune grande personnalité. Plus flagrant encore, l'ancienne ministre Marlène Schiappa est de retour, elle qui assurait il y a peu de temps qu'elle tournait la page de la politique.
Mais comment se fait-il que le poste prestigieux de ministre ne soit pas aussi séduisant qu'on le pense parfois? Eléments de réponses, en 3 points.
C'est une donnée, désormais, courante dans la vie politique hexagonale. Aussitôt nommé au gouvernement, il faut s'attendre à ce que son passé et ses agissements privés soient scrutés par des médias comme Mediapart. Par exemple sur le plan des violences sexuelles, que cela relève de l'illégalité (mais on ne le sait pas encore s'il n'y a pas de procès) ou non.
L'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, l'ancien ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées Damien Abad (qui vient d'être écarté) ou encore l'actuelle ministre Chrysoula Zacharopoulou font ainsi l'objet de dénonciations publiques pour viol(s), agression sexuelle ou harcèlement sexuel.
De manière plus générale, un membre du gouvernement ne possède plus vraiment ses faits et gestes intimes, la délimitation entre le public et le privé se réduisant comme peau de chagrin. Une réalité qui en décourage certainement plus d'un. Car si les crimes comme les viols sont évidemment intolérables, personne n'est parfait sur le plan moral.
Ce sont de bons salaires par rapport au commun des mortels, entendons-nous. Mais ce ne sont pas non plus des sommes astronomiques. Selon La Dépêche, le salaire de la première ministre devrait se situer à environ 15 000 euros brut par mois, soit 12 700 euros net. «Une rémunération presque identique à celle du président de la République», note le journal.
Autant dire que dans le privé, certains ministres – pas tous, les plus compétents – gagneraient mieux leur vie. A commencer par le chef d'Etat lui-même, qui touchait bien plus de revenus lorsqu'il travaillait comme banquier d'affaires chez Rotschild:
Certains diraient même un pays ingouvernable. Il suffit de songer à cette sortie prononcée par le personnage de Monsieur Koffi dans Qu'est-ce qu'on a tous fait au bon Dieu?, l'un de ces films bourrés de clichés: «J’ai toujours aimé la France. Le problème, ce sont les Français!»
Plus sérieusement, gouverner la France ou diriger un ministère implique de se confronter à la colère des provinces oubliées, à la détresse sociale, aux demandes de sécurité d'un côté et à la haine de la police de l'autre, au chômage de masse, à la bureaucratie du système, aux actions et revendications syndicales, très importantes dans ce pays, ou encore à un rapport pour le moins difficile et ambigu du peuple envers la tête de l'Etat. Et ce, depuis la tête coupée de Louis XVI.