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François Hollande se livre sur Vladimir Poutine en interview

epa04450463 Russian President Vladimir Putin (L) and French President Francois Hollande speak on the sidelines of the ASEM summit in Milan, northern Italy, 17 October 2014. Russian President Vladimir  ...
Le président russe Vladimir Poutine et l'ancien président français François Hollande, lors d'un sommet à Milan, en 2014.Image: EPA

«Il exerce une séduction étrange»: Hollande se lâche sur Poutine

Dans un entretien exclusif, l'ancien président français a livré ses bons conseils pour dealer avec Vladimir Poutine, qu'il a côtoyé à plusieurs reprises durant son mandat.
06.09.2022, 16:5606.09.2022, 18:11
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François Hollande ne s'arrête jamais: il vient de publier son douzième livre cette semaine, «Bouleversements» (éd. Stock), dans laquelle il fournit son analyse de la guerre en Ukraine et les conséquences du conflit pour l'Europe. Pour l'occasion, il a accordé une longue interview à nos confrères de L'Express. Résumé de cet entretien-fleuve en punchlines.

Alors François, comment traite-t-on avec Poutine?

«Les yeux ouverts et la main ferme»

Ah oui, sacré méthode! Au fait, il est comment?

«Vladimir Poutine suscite la crainte, même s'il exerce une séduction étrange sur certains»

Comment ça?

«Il sait jouer de l'une et de l'autre car sa stratégie est élaborée depuis longtemps»

Et c'est quoi, son objectif?

«Son objectif ultime vise la reconstitution de ce qu'a été autrefois l'Union soviétique»

Sacré projet. Comment procède-t-il?

«Il procède par étapes: chaque fois que les Etats-Unis ou l'Europe lui offrent un terrain qui peut être couvert par la Russie, il l'occupe»

Un exemple?

«Nous l'avons vu en Syrie en 2013 ou en Ukraine dès 2014»

Et en 2022...

«En février dernier, peu de dirigeants avaient imaginé qu'il puisse envahir l'Ukraine et pourtant toutes les conditions étaient réunies pour qu'il le fasse»

Du coup, on fait quoi maintenant?

«Nous devons dès lors adapter notre réponse à ses menées belliqueuses, à sa volonté de mettre en cause les démocraties et d'élargir la zone d'influence de la Russie partout dans le monde»

Sinon, dans son livre, pourquoi François décrit-il 2012 comme une «année charnière»?

«C'est l'année où Vladimir Poutine est de retour»

Comme Lord Voldemort?

«A la présidence de la Russie, après 5 ans de semi-retrait»

Ouais, donc comme Lord Voldemort.

«Et où Xi Jinping prend la tête de la Chine»

Aïe, ça sent les problèmes...

«Ensemble, ils vont sceller une grande alliance décrite par les deux chefs d'Etat comme "éternelle, illimitée, totale"»

C'est terrible!

«Un bloc s'est donc formé en 2012. Il n'a cessé de se consolider depuis»

Mon Dieu. Que faire?

«Faut-il à notre tour en fabriquer un autre?»

Bonne idée!

«Tout dépendra de la volonté des Etats-Unis de rester présents en Europe: les prochaines élections américaines nous éclaireront sur ce point»

Une seule question se pose maintenant...

«La vraie question c'est de savoir si l'Europe elle-même est prête à se défendre?»

Pas cool. Parlons maintenant de Macron. A-t-il eu raison de tenter de renouer le dialogue avec Vladimir Poutine?

«Quand il l'a invité à Versailles en mai 2017, puis au Fort de Brégançon en septembre 2019, je ne m'en suis pas offusqué outre mesure»

Pourquoi donc?

«Il était tout à fait logique de maintenir des relations entre nos deux pays»

Oui, mais enfin bon...

«Moi-même, tout au long de mon mandat, j'ai parlé à Vladimir Poutine des heures, pour ne pas dire des nuits entières»

Wow!

«Pour Poutine, cette visite était un moyen de gagner du temps et de brouiller les pistes»

Sacré challenge, la diplomatie.

«Les éléments personnels dans la diplomatie existent: il peut y avoir des égards, des sympathies, des attentions. Poutine en manifeste»

Certes, mais on n’est pas chez les bisounours...

«Mais l'instant de l'échange est au service d'un objectif de long terme»

Lequel?

«Il tente à chaque rencontre d'installer une relation presque physique avec son interlocuteur et de multiplier les digressions pour ne jamais aborder l'essentiel»

Comment procède-t-il?

«Il alterne le chaud et le froid, ou plutôt le brûlant et le glacial»

C'est tendu. Mais pourra-t-on un jour lui reparler, à Poutine?

«Il faudra bien, à un moment»

Mais?

«Mais à partir d'un rapport de force»

Comment Poutine va-t-il réagir?

«Vladimir Poutine, de son côté, n'hésite pas à user de l'arme énergétique via la fourniture de gaz et même de l'incident nucléaire avec l'occupation de la centrale nucléaire de Zaporijia»

C'est fourbe.

«C'est pourquoi cette idée selon laquelle le fil du dialogue doit être à tout prix préservé me paraît inappropriée»

Enfin, pour le moment...

«Tant que Poutine n'est pas dans l'obligation de reculer»

François dirait-il qu’Emmanuel Macron s'est fait duper par Poutine?

«C'est plutôt l'Europe dans son ensemble qui s'est fait endormir!»

C'était pas très malin.

«Beaucoup partageaient cette vaticination que par l'échange économique, la concertation politique ou l'intégration de la Russie dans les grandes décisions du monde, la paix et la prospérité allaient mécaniquement s'établir»

Quelle bande de pigeons...

«C'était une vision irénique!»

Même Macron s'est fait avoir:

«Emmanuel Macron a pensé de bonne foi qu'il était possible d'empêcher l'invasion de l'Ukraine»

Et pourtant...

«Mais quand le président russe a placé 100 000 soldats sur la frontière, il n'y avait plus de doute sur ce qu'il allait faire»

Dès lors...

«Il n'y avait plus de place pour une médiation»

Conclusion tirée par Macron?

«Il ne sert à rien de discuter avec Poutine, quand il n'y a pas d'issue possible au dialogue»

Faut-il aussi renégocier les traités européens?

«Ce serait souhaitable, mais c'est vain»

Pourquoi?

«Soyons pragmatiques»

Un dernier conseil?

«Pour aller vite, évitons de rentrer dans des machineries institutionnelles trop compliquées»

Sinon, François s'est aussi lancé dans le cinéma...

L'Ukraine trolle de Poutine avec une «parade militaire» de chars capturés
Video: watson
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