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Macron se régale du jeu de massacre dans la gauche française

Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon
Image: watson

Macron se régale du jeu de massacre dans la gauche française

Le Nouveau Front populaire semble plus que jamais en sursis. Le point sur une situation chaotique avec le politologue Gérard Grunberg, spécialiste de la gauche, alors que la France se cherche désespérément un premier ministre.
20.08.2024, 16:5921.08.2024, 11:30
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C’est une nuit des longs couteaux qui s’éternise. Qu’en sortira-t-il? Une clarification ou le chaos? «Pour l’instant, c’est le chaos», commente le politologue français Gérard Grunberg, joint par watson. Ce spécialiste de la gauche observe le jeu de massacre au sein du Nouveau Front populaire (NFP), la coalition spécialement créée pour les élections législatives anticipées de juin, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le président de la République, Emmanuel Macron.

Alors qu'un nouveau gouvernement tarde à être nommé, le NFP (France insoumise, socialistes, écologistes et communistes) semble au bord de la noyade, s'accrochant à la bouée Lucie Castet, sa «candidate» au poste de premier ministre.

Gérard Grunberg l'affirme:

«Jean-Luc Mélenchon veut faire sauter le NFP. Sa proposition, dimanche dernier, de destitution d’Emmanuel Macron vise à cela»

«Mélenchon et Macron: un même objectif»

«Seule l’élection présidentielle intéresse Jean-Luc Mélenchon, reprend le politologue au bout du fil. Son but est d’en hâter la date, prévue en 2027, pas avant trois ans. Il apprécie peu Lucie Castet, qu’on voit partout et qui se prend pour la cheffe de la gauche, pense-t-il. Or, à gauche, dans son esprit, il n’y a qu’un chef possible, lui».

«Mélenchon n’est pas seul à vouloir la mort du NFP. Macron a le même objectif. Pour une autre raison: il veut casser la coalition de gauche pour se débarrasser de La France insoumise (LFI), de façon à monter une coalition de gouvernement qui inclurait les socialistes, le bloc macroniste et peut-être une partie de la droite, ce dont LFI ne veut à aucun prix.»
Gérard Grunberg

Raphaël Glucksmann veut éjecter Mélenchon

Dans une interview au magazine Le Point, mardi, Raphaël Glucksmann, le mieux élu des têtes de listes de gauche aux élections européennes du 9 mai, fait l’éloge du compromis en politique, dès lors qu’aucun parti n’a la majorité au parlement. Il appelle à «tourner la page Mélenchon et Macron», mais c’est le premier qu’il a dans le collimateur. Il appelle la gauche non LFI à «rompre» avec le leader lfiste.

Dans ce cas, pourquoi Raphaël Glucksmann a-t-il soutenu la création du NFP, qui comprend ses ennemis les insoumis? Pour empêcher le Rassemblement national d’arriver au pouvoir, mais maintenant, c’est Mélenchon qu'il faut écarter, afin de renouer avec une gauche social-démocrate, répond-il en substance. Les travaillistes britanniques, emmenés par Keir Starmer, le nouveau premier ministre du Royaume-Uni qui a tourné la page du Mélenchon d’outre-Manche (Jeremy Corbyn), sont l’exemple à suivre, selon lui.

Cela ne nous renseigne toujours pas sur le nom du prochain ou de la prochaine locataire de Matignon, siège du premier ministre. Bernard Cazeneuve?

«Il est à peu près sûr que la nomination de Bernard Cazeneuve ferait éclater le NFP, voire le Parti socialiste lui-même»
Gérard Grunberg, politologue

L’ancien premier ministre du gouvernement socialiste de François Hollande entre décembre 2016 et mai 2017 est détesté par les insoumis, qui voient en lui un «traître» à la gauche.

«Permis de tuer»

Bernard Cazeneuve est celui que Jean-Luc Mélenchon accuse d’avoir «permis de tuer» le militant écologiste Rémi Fraisse. Ce dernier est mort des suites de l'explosion d'une grenade offensive lancée par un gendarme, lors de violents affrontements sur le chantier d’une retenue d'eau, à Sivens, dans le département du Tarn, en octobre 2014. Bernard Cazeneuve était ministre de l’intérieur au moment des faits. L’enquête a abouti à un non-lieu.

De son côté, la députée LFI Rachel Kéké appelle à descendre dans la rue si Bernard Cazeneuve devait être choisi par Emmanuel Macron à Matignon:

Cazeneuve, qui a quitté le Parti socialiste, ne met pas seulement la France insoumise en rogne. Il divise aussi les rangs du PS. Olivier Faure, le patron du parti, n’est pas sur sa ligne. La personnalité de l'ex-premier ministre de François Hollande réveille les «gauches irréconciliables».

L’expression date de février 2016. Le socialiste Manuel Valls, alors chef du gouvernement, désignait par ces termes, d’une part, une gauche laïque, la sienne et celle de Bernard Cazeneuve. De l'autre, une gauche prête à composer avec le communautarisme – l’un des principaux reproches adressés aux insoumis par une partie de la gauche, y compris à l’intérieur du NFP.

«Cazeneuve a des soutiens au PS: le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, deux potentiels futurs ministres, reprend Gérard Grunberg. Mais nommer Cazeneuve premier ministre serait prendre le risque de la zizanie au PS, au moment où l'on voudrait en faire un partenaire de gouvernement».

L’enjeu principal à gauche reste le maintient ou non de l’«union de la gauche», avec LFI à bord.

«Olivier Faure, dont le NFP est un peu le bébé, y reste attaché. Mais cette position devient de plus en plus difficile à tenir. Il y a une contradiction à rejeter, comme il l’a fait, la destitution d’Emmanuel Macron proposée par LFI, tout en prônant la continuité de l’union avec LFI.»
Gérard Grunberg

Et si Emmanuel Macron nommait un premier ministre de droite, Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse, deux noms cités chez les Républicains? «Il est probable que les socialistes resteraient en retrait, dans l’opposition», répond Gérard Grunberg. Pour qui, décidément, «la France n’est pas encore sortie du chaos politique». La rencontre, vendredi, entre le président de la République et les responsables des partis politiques présents à l'Assemblée nationale permettra-t-elle de débloquer la situation?

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