Trois personnes ont été arrêtées samedi après l'attaque par un individu portant un drapeau palestinien d'une synagogue dans le sud de la France. Un policier a été légèrement blessé dans cet acte dénoncé comme «terroriste» et antisémite par le président français.
Au moins deux voitures, dont une contenant une bouteille de gaz qui a explosé, ont été incendiées samedi vers 08h00 devant la synagogue de la station balnéaire de La Grande-Motte.
«A l'intérieur de la synagogue, se trouvaient cinq personnes dont le rabbin, qui n'ont pas été blessées», a précisé dans un communiqué le parquet national antiterroriste. Une enquête pour tentative d'assassinats terroristes a été ouverte.
Sur une image de vidéosurveillance authentifiée par l'AFP, on peut voir un individu, le visage découvert, portant autour de la taille un drapeau palestinien, dont dépasse ce qui semble être la crosse d'une arme de poing. Il est coiffé d'un keffieh rouge et tient dans chaque main une bouteille en plastique remplie d'un liquide jaunâtre.
Un suspect blessé
Selon des sources proches de l'enquête il aurait ensuite quitté les lieux en courant. Dans la soirée, le ministre français de l'intérieur Gérald Darmanin a annoncé que le principal suspect avait été arrêté par des policiers du RAID, après un échange de coups de feu avec les agents.
Selon le parquet, l'arrestation a eu lieu vers 23h30 à Nîmes, à environ 40 km au nord de La Grande-Motte. Le suspect «a ouvert le feu sur la colonne d'intervention, qui a riposté», a relaté le parquet, précisant qu'il avait été «blessé au visage». Deux personnes de son entourage ont été placées en garde à vue.
«Les premiers éléments, notamment de vidéosurveillance, montrent que l'assaillant était extrêmement déterminé et que si la synagogue avait été remplie de fidèles à ce moment-là [...] probablement qu'il y aurait eu des victimes», a-t-il fait valoir.
Selon le maire de La Grande Motte, les caméras de surveillance de la ville on capté les images d'un individu en train d'incendier les véhicules. Intervenu suite à l'incendie, un policier municipal a été blessé dans cette station balnéaire de 8500 habitants proche de Montpellier (sud-est). Aucune précision n'a été donnée sur l'état de santé de l'agent.
Il y aurait pu avoir des morts!
— Matthieu Valet (@mvalet_officiel) August 24, 2024
Soutien total à nos compatriotes juifs de France 🇫🇷.
La synagogue Beth Yaacov basée à la Grande-Motte a été visée ce matin par une explosion.
J’apporte mon total soutien au policier municipal blessé.
Courageux, il tentait de protéger les lieux. pic.twitter.com/RHItIV1nJZ
L'explosion devant la synagogue Beth Yaacov est survenue en plein shabbat, le jour de repos hebdomadaire des personnes de confession juive, mais il n'y avait pas d'office en cours au moment des faits, selon une source de la gendarmerie chargée de l'enquête dans l'immédiat. Deux portes de l'édifice religieux ont été endommagées par le sinistre, qui n'a pas fait d'autres blessés, selon cette même source.
Le premier ministre démissionnaire Gabriel Attal et celui de l'Intérieur Gérald Darmanin ont rapidement annoncé se rendre sur place dans l'après-midi, alors que le second dénonçait sur le réseau social X un acte «manifestement criminel». Le ministre démissionnaire a également annoncé avoir demandé à tous les préfets le renforcement «immédiat» des gardes statiques devant les lieux de culte juifs.
Le gouvernement a régulièrement dénoncé une recrudescence des actes antisémites depuis l'attaque du mouvement islamiste Hamas sur Israël le 7 octobre 2023 et la reprise du conflit à Gaza. Le président du Crif Yonathan Arfi a dénoncé «avec force une tentative de tuer des Juifs».
De son côté, le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dont le mouvement a été accusé par ses adversaires politiques d'attiser l'antisémitisme, ce dont il se défend, a dénoncé sur X un «intolérable crime».
«L'antisémitisme grandit en France et il vient encore de frapper à La Grande-Motte», a accusé le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, le leader de Place publique Raphaël Glucksmann dénonçant lui «le fléau de l'antisémitisme, que nous devons combattre ensemble sans la moindre faiblesse».
La responsable des députés du Rassemblement national Marine Le Pen a, elle, dénoncé des «attaques inacceptables et inqualifiables (...), conséquence de la montée de l'antisémitisme qui se répand dans notre pays». Le patron du parti Jordan Bardella a fustigé pour sa part «un acte criminel et antisémite».
Les actes antisémites ont quasiment triplé depuis le début de l'année, avec «887 faits» recensés au premier semestre, avait indiqué le 9 août le ministre démissionnaire de l'Intérieur Gérald Darmanin, alors qu'ils étaient 304 au cours de la même période l'an dernier. Ils avaient déjà fortement augmenté, notamment après le 7 octobre, selon le ministère de l'Intérieur, qui en a recensé 1676 sur l'année, «soit quatre fois plus qu'en 2022». (ats/chl)