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Une Israélienne et une Palestinienne racontent leur relation

La Gazaouie Tala Albanna a rencontré pour la première fois l'Israélienne Michelle Amzalak à Paris. Elles ont échangé durant plusieurs mois par écrit, entre les bombes.
La Gazaouie Tala Albanna a rencontré pour la première fois l'Israélienne Michelle Amzalak à Paris. Elles ont échangé durant plusieurs mois par écrit, entre les bombes.image: keystone

Une Israélienne et une Palestinienne racontent leur relation interdite

Durant 18 mois, une Palestinienne et une Israélienne ont entretenu une correspondance par écrit. Leurs échanges vont désormais être publiés dans un livre.
04.10.2025, 11:5604.10.2025, 11:56
Jérôme RIVET, Paris / AFP

Elles auraient pu se détester, mais sont en train de devenir amies: Tala, 22 ans, Palestinienne de Gaza, et Michelle, Israélienne de 25 ans, se sont écrit pendant un an et demi pour se raconter l'immense traumatisme provoqué par le 7 octobre 2023.

Leur correspondance est publiée dans Nos Cœurs invincibles (Flammarion/Nouvel Obs), l'un des nombreux livres qui sortent en librairie pour marquer le deuxième anniversaire des attaques du Hamas en Israël et de l'offensive israélienne contre la bande de Gaza. Et c'est à Paris cette semaine, à l'occasion de la promotion de cet ouvrage, que la Gazaouie Tala Albanna a rencontré pour la première fois l'Israélienne Michelle Amzalak.

«J'étais un peu nerveuse au début. Mais nous nous sommes assises et avons longuement parlé. Nous avons tellement de points communs», confie la jeune Israélienne, assise à côté de Tala.

Un tel rendez-vous aurait été difficilement imaginable au printemps 2024 lorsque les deux étudiantes ont donné leur accord pour échanger par courrier, à l'initiative d'un journaliste de l'hebdomadaire français Le Nouvel Obs, Dimitri Krier, qui cherchait à rassembler des témoignages de jeunes Gazaouis et Israéliens. Jusqu'alors, «jamais je n'avais imaginé parler à une Israélienne», confie Tala. Elle raconte avoir hésité, «effrayée par l'idée de coopérer avec l'ennemi et de trahir les miens».

«A Gaza, on est élevés pour vous haïr»
Tala, dans sa première lettre à Michelle.

L'Israélienne n'était aussi jamais entrée en contact avec un habitant de Gaza bien qu'elle vive à Sdérot, une ville à moins de dix kilomètres de l'enclave palestinienne .Mais, après le choc du 7-octobre, «j'étais intéressée d'entendre quelqu'un témoigner de la réalité de ce qui se passait à Gaza», se rappelle-t-elle.

Notamment parce que «les informations données par les médias en Israël sont tellement différentes de ce qu'on lit sur les réseaux sociaux», ajoute cette Israélienne, très critique de la politique du Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Prudentes au début, les deux étudiantes se découvrent au fil des échanges. Elles partagent leurs difficultés quotidiennes, leurs espoirs lorsqu'un cessez-le-feu se dessine et leur détresse lorsque la guerre reprend de plus belle. Ainsi, le 26 mai 2025, Tala confie qu'elle n'arrive pas à «se concentrer» pour écrire:

«Mon esprit est submergé, mon corps est affamé (...) J'ai eu le cœur brisé l'autre jour lorsque mon père m'a donné son seul morceau de pain pour que je puisse manger».

Exprimant sa compassion, Michelle précise que, à aucun moment, «nous avons accusé l'autre d'être responsable de cette situation».

Au terme d'une longue attente, Tala a réussi à quitter Gaza le 28 août après avoir obtenu un visa pour poursuivre ses études de droit à l'université de Galway, en Irlande. Après sa sortie en France, Nos Cœurs invincibles va être traduit en plusieurs langues européennes. Tala et Michelle aimeraient que le livre puisse être aussi publié en hébreu et en arabe, tout en craignant des répercussions négatives pour elles.

«Pour être honnête, je serais un peu anxieuse si le livre sortait en hébreu»
Michelle, en faisant allusion à l'extrême polarisation de l'opinion publique en Israël

Tala reconnait aussi n'avoir évoqué ses échanges avec Michelle qu'avec un nombre restreint de proches à Gaza et éviter d'en parler sur les réseaux sociaux. Mais l'une comme l'autre ne regrette pas d'avoir pris ce risque, qu'elles voient comme «un petit pas pour briser les barrières» entre Israéliens et Palestiniens.

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Genève.
source: epa keystone / martial trezzini
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