De premiers camions chargés d'aide ont traversé dimanche la frontière depuis l'Egypte vers la bande de Gaza assiégée et affamée. Mais ils doivent encore être «inspectés». Israël a déclaré une pause des combats «à des fins humanitaires» dans plusieurs secteurs.
Des images de l'AFP montrent une file de camions chargés de sacs blancs traversant, du côté égyptien, l'entrée du terminal de Rafah, qui mène au sud du territoire palestinien.
Toutefois, les camions n'entrent pas directement dans la bande de Gaza, où le poste-frontière est fermé depuis plus d'un an. Ils devront avant cela parcourir quelques kilomètres jusqu'au point de passage israélien de Kerem Shalom pour y être inspectés.
L'armée israélienne avait annoncé plus tôt avoir parachuté de l'aide humanitaire sur Gaza, après des semaines de pression internationale pour permettre l'arrivée de vivres et autres denrées vitales pour la population du territoire palestinien ravagé par plus de 21 mois de guerre.
«Le rêve de ma vie est devenu de manger un morceau de pain et de pouvoir en donner à mes enfants. Chaque jour, mon mari part à l'aube pour essayer de trouver de la farine (...) mais il revient sans rien», a raconté à l'AFP Suad Ishtaywi, une femme de 30 ans qui vit sous une tente à Tal al-Hawa, dans la ville de Gaza (nord).
Israël, qui assiège la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas le 7 octobre 2023, avait imposé début mars un blocus hermétique au territoire, très partiellement assoupli fin mai, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture et de biens de première nécessité.
L'ONU et des ONG s'alarment à présent d'une flambée de la malnutrition infantile et d'un risque de famine généralisée parmi ses plus de deux millions d'habitants.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé dimanche «'une pause humanitaire' dans les centres civils et les couloirs humanitaires pour permettre la distribution de l'aide».
Cette «pause tactique» sera observée quotidiennement, à partir de dimanche, «de 10h00 à 20h00», à commencer par les zones de Deir-el-Balah, dans le centre de Gaza, al-Mawasi, dans le sud, et la ville de Gaza, dans le nord, où il n'y a pas pour le moment d'opérations militaires, a précisé l'armée israélienne.
Samedi, la Défense civile dans le territoire palestinien a indiqué que des bombardements et tirs israéliens avaient tué plus de 50 personnes.
Israël nie tout blocage de l'aide et affirme ne pas être responsable des pénuries, accusant le Hamas de piller les cargaisons et les organisations humanitaires de ne pas les distribuer. Mais ces organisations affirment qu'Israël impose des restrictions excessives à l'entrée de l'aide dans le territoire palestinien, dont elle contrôle les accès.
Dans la nuit, Israël a diffusé les images d'un avion larguant des colis comprenant «sept lots d'aide contenant de la farine, du sucre et des conserves», lors d'une opération menée «en coordination avec des organisations internationales», selon l'armée.
Bushra Khalidi est une responsable de l'ONG Oxfam et souligne la nécessité «d'un flux d'aide constant et à grande échelle».
Les parachutages, déjà mis en oeuvre en 2024 par plusieurs pays, avaient été décriés par nombre de responsables humanitaires, qui avaient jugé cette méthode dangereuse et de portée limitée.
Samedi, le Royaume-Uni a annoncé se préparer à larguer de l'aide et à évacuer des «enfants ayant besoin d'une assistance médicale». Les Emirats ont déclaré qu'ils reprenaient «immédiatement» les parachutages.
Le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a expliqué samedi que ces parachutages «ne mettraient pas fin à la famine qui s'aggrave. Ils sont coûteux, inefficaces et peuvent même tuer des civils affamés», a-t-il déclaré.
Un bateau exploité par le mouvement propalestinien «Flottille pour la liberté» qui se dirigeait vers Gaza chargé d'aide et a été intercepté par l'armée israélienne est arrivé samedi en Israël, selon un journaliste d'AFP.
Les membres de son équipage (dont deux élues du parti français La France Insoumise) ont été appréhendés par les autorités israéliennes. L'ONG israélienne Adalah a déclaré à l'AFP avoir envoyé des avocats au port d'Ashdod, dans le sud d'Israël, et exigé de pouvoir parler aux passagers du bateau.
Dernier épisode du très long conflit israélo-palestinien, la guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque menée par le mouvement islamiste Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
L'offensive israélienne a fait au moins 59'733 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. (dal/ats)