Qui est responsable de la rupture de la trêve entre Israël et le Hamas?
David Rigoulet-Roze: Israël, qui a repris ses opérations de guerre ce vendredi, accuse le Hamas de tirs de roquettes. Cela semble avéré. La trêve était de toute manière déjà fragilisée. Les deux parties étaient conscientes qu’elle allait devenir caduque. L’attentat, revendiqué ostensiblement par le Hamas, qui a fait trois morts jeudi à un arrêt de bus à Jérusalem, manifestait le fait que l'on se dirigeait vers une reprise des hostilités à plus ou moins brève échéance.
Ne retrouve-t-on pas ici un jeu de posture, chacune des parties ayant intérêt à montrer qu’elle a la maîtrise de l’agenda?
Pour ce qui concerne la fin de la trêve, pas nécessairement. En revanche, il est clair que le Hamas a tenu à apparaître comme celui qui dictait le tempo dans la gestion des otages. Le Hamas a peut-être anticipé la rupture de la trêve, qui apparaissait comme inéluctable.
De quoi peuvent être faits les prochains jours sur un plan militaire?
Les opérations militaires, côté israélien, ne s’effectueront peut-être pas tout à fait selon les mêmes modalités que celles observées avant la trêve. La situation est quand même différente au sud et au nord de la bande de Gaza, dans la mesure où l’essentiel des civils est descendu vers le sud. C’est un gros problème pour l’armée israélienne. Ce qui était moins le cas au nord, puisque Tsahal a pu frapper massivement Gaza City, à partir du moment où la plupart des civils en étaient sortis.
Israël ne peut pas se permettre de négliger cet impératif humanitaire. Il en va de son image. C’est notamment pourquoi, dans l’optique de la reprise des combats, Tsahal a largué des tracts en arabe pour signifier qu’il y avait des zones de guerre et des zones moins exposées où les civils sont appelés à se regrouper.
Quelles sont ces zones exposées?
Khan Younès, entre autres. C’est une ville avec des camps de réfugiés, mais c’est surtout la ville d'où sont originaires Yahia Sinwar, le chef du Hamas dans la bande de Gaza, et Mohamed Deïf, le commandant des Brigades al-Qassam, la milice armée du Hamas. Les deux sont certainement cachés dans les tunnels truffant l'enclave.
Quels sont les buts d’Israël?
Il y a deux objectifs simultanés: un, récupérer les otages, non pas dans une logique transactionnelle, mais en tentant de les localiser et de les récupérer; deux, écraser la structure politico-militaire du Hamas.
Il semblerait que des négociations impliquant le Qatar et l’Egypte se poursuivent en vue d’une solution politique.
C’est en effet ce qui est dit. Il faut prendre ce type d’annonce avec circonspection. Il y a sans doute des velléités de restaurer une nouvelle trêve, mais il est peu probable qu'elle puisse avoir lieu. En plus, le partenariat qui a fonctionné auparavant risque d’être moins opérationnel à présent. Pour une raison simple: les objectifs de l’Egypte et du Qatar ne sont pas nécessairement convergents. Le Qatar voudrait le maintien d’une présence du Hamas à Gaza après les combats, alors que l’Egypte s'y oppose.
Combien de temps cette opération israélienne peut-elle durer encore?
Cela va être long. Justement parce qu’il y a la contrainte médiatique et humanitaire. Il ne s’agit pas de bombarder massivement et de manière indiscriminée le sud de l'enclave. C’est impossible. En même temps, il est indispensable pour Tsahal de remplir les impératifs fixés. Il est probable que les pertes côté israélien seront plus élevées que de lors de la première phase.