Pendant une semaine, les armes ont été déposées entre Israël et le Hamas. Mais cela n'a pas duré. Depuis sept jours, la guerre est de retour, plus violente que jamais. Le sud de la bande de Gaza est particulièrement visé: une partie de la population a été appelée à quitter la ville de Khan Younès et à se diriger vers l'ouest et le sud. Beaucoup d'entre eux ont déjà fui le nord de la bande, où a débuté l'offensive terrestre israélienne en réaction au massacre du Hamas début octobre.
Certaines organisations humanitaires ont quitté Gaza, mais l'organisation non gouvernementale Médecins sans frontières (MSF) reste active sur place. Quinze collaborateurs internationaux et environ 220 Palestiniens s'occupent des blessés dans les hôpitaux. Son président international, Christos Christou, vient de rentrer d'Israël au siège de Genève. Il raconte.
Quelles sont les conséquences de l'offensive israélienne dans le sud sur la situation humanitaire à Gaza?
Christos Christou: Ce que nous vivons aujourd'hui dans le sud de la bande de Gaza est une continuation de ce que nous avons vécu ces dernières semaines dans le nord. Les bombardements forcent les gens à s'entasser sur un territoire de plus en plus petit. La détresse s'accroît chaque jour, et les réserves de nourriture et d'eau s'épuisent. Les gens passent la nuit sous tente, dans la rue. Le lendemain, ils doivent peut-être déjà déménager parce qu'ils ont été avertis que cet endroit serait lui aussi bombardé.
Comment les combats affectent-ils le travail de vos médecins?
Dans le sud, nous sommes actuellement surtout présents à l'hôpital Nasser. Très peu d'établissements médicaux sont encore en activité, et ceux qui le sont croulent sous les patients blessés. De plus, nous n'avons presque plus de matériel en réserve. La trêve nous a donné un peu d'air. Nous avons réussi à nous procurer quelques fournitures médicales. Mais ils n'ont même pas suffi à soigner les blessés déjà présents, et leur nombre augmente chaque jour.
En début de semaine, vous avez demandé un «cessez-le-feu immédiat» dans une lettre ouverte au Conseil de sécurité de l'ONU. Avez-vous des espoirs?
Personnellement, j'ai cessé d'être optimiste. Mais ce qui me reste, c'est l'espoir. C'est aussi ce qui pousse mes collègues de la bande de Gaza à continuer d'aider les gens sur place, en plus du devoir de chaque médecin de ne pas abandonner ses patients.
MSF a également adressé une lettre à Ignazio Cassis, le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). La question y est posée de savoir si la Suisse fait suffisamment pour contribuer à mettre fin à «l'effusion de sang» à Gaza. Le fait-elle?
Nous avons envoyé des lettres dans de nombreux pays et nous ne voulons pas pointer du doigt des gouvernements spécifiques. Nous leur demandons à tous de faire de leur mieux. La question que nous avons adressée à Ignazio Cassis est la question que tout le monde doit se poser est: en faisons-nous assez?
Comment la Suisse doit-elle se comporter en tant que membre temporaire du Conseil de sécurité de l'ONU?
Tout ce que je peux dire, c'est que le Conseil de sécurité de l'ONU doit reconsidérer sa position et faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses attaques meurtrières contre la population civile palestinienne. Il doit élaborer une résolution contraignante.
Que demandez-vous à l'adversaire d'Israël, le Hamas?
Nous demandons à tous les camps de respecter les règles de la guerre et de se conformer au droit international des droits de l'homme. C'est le seul cadre dans lequel une organisation comme Médecins sans frontières peut travailler.
Israël accuse le Hamas d'utiliser des civils et des hôpitaux comme boucliers humains. Cette accusation est-elle fondée à vos yeux?
Quand je vois les attaques de ces derniers jours et le nombre de civils qui ont dû payer le prix de la guerre, j'ai le sentiment que toute la bande de Gaza est devenue un bouclier humain. Mais ce que je vois dans les hôpitaux, ce sont les innombrables blessés ainsi que le personnel médical épuisé. Il est clair qu'un grand nombre de personnes tentent de se mettre à l'abri dans les hôpitaux.
Vous ne voyez aucune raison qui pourrait légitimer une attaque contre un hôpital?
Tout à fait. J'ai peur que cela ne crée un précédent et que nous ne soyons plus jamais en mesure, à l'avenir, de protéger les hôpitaux et le droit fondamental de chaque être humain à recevoir des soins médicaux.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci