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«Le retrait d'Israël à Gaza risque de ne pas être total»

NUSEIRAT, GAZA - OCTOBER 02: Smoke rises over Gaza City after an Israeli attack, as seen from Nuseirat, Gaza on October 02, 2025. Khames Alrefi / Anadolu (Photo by Khames Alrefi / Anadolu via AFP)
Gaza City, 2 octobre 2025.Image: ANADOLU

«Le retrait d'Israël de Gaza risque de ne pas être total»

Chercheur à l'Institut français d'analyse stratégique (IFAS) et rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques aux éditions L'Harmattan, David Rigoulet-Roze examine le plan de paix de Donald Trump pour Gaza au regard des «ajustements» demandés par le Hamas, qui doit donner sa réponse dans les «deux ou trois jours».
02.10.2025, 18:5305.10.2025, 13:48

L’ultimatum de Donald Trump au Hamas pour qu’il accepte le plan de paix pour Gaza court-il toujours?
David Rigoulet-Roze: Il y a un ultimatum à prendre ou à laisser. Le Hamas, qui sait que le timing est très contraint, a réservé sa réponse annoncée pour dans les deux ou trois jours. Il examine les 20 points du plan et demande certains ajustements.

Quels sont ces ajustements demandés et vous paraissent-ils réalistes?
Il est peu probable que les Etats-Unis acceptent de les examiner. L’un d’eux porte sur le point 6, qui concerne le désarmement du mouvement. Le désarmement est perçu comme une capitulation par ce dernier. Les membres du Hamas qui rendront les armes seront susceptibles de bénéficier d’une aministie et ceux qui souhaiteront quitter Gaza pour l’étranger en auront la possibilité.

«Du côté Hamas, on veut obtenir des garanties de sécurité, non seulement pour ceux qui resteront dans l’enclave, mais aussi pour ceux qui choisiront l’exil à l’étranger»

Il y a en effet le précédent du Qatar, où une frappe israélienne effectuée le 9 septembre avait visé des responsables du Hamas réunis à Doha. Mais il y a un autre point d’achoppement: le Hamas demande une évacuation complète des forces israéliennes de l’enclave. Or cela semble difficilement envisageable.

Pourquoi?
Parce que Donald Trump a intégré dans son plan de paix les impératifs de sécurité d’Israël. Il y a dans le point 16 une clause prévoyant un retrait progressif selon des normes, étapes et échéances qui demeurent floues, dans la mesure où ce processus serait laissé à l’appréciation d’Israël et serait conditionné par sa perception de la menace représentée par le Hamas.

«En tout état de cause, ce retrait risque de ne pas être total»

De quel Hamas parle-t-on? De celui de Gaza ou de celui qui se trouve à l’étranger, au Qatar ou en Turquie?
C’est une partie du problème. Dans le bureau politique, il y a des divergences. Il y a ceux qui, réalisant l’absence d’alternative, sont partisans d’accepter le plan de Donald Trump avec des garanties et des médiateurs. Et il y a ceux qui le refusent par principe en dénonçant «une tromperie servant les intérêts d'Israël tout en niant ceux du peuple palestinien» et qui se rapprochent de la ligne du Jihad islamique, lequel, dans sa réaction immédiate, a considéré que «le plan est une recette pour la poursuite de l’agression contre le peuple palestinien».

«Il n’y a donc pas consensus au sein de l’organisation, d’où le différé dans la réponse»

Est-ce qu’il y a du côté de l’extrême droite israélienne la possibilité de faire capoter cet accord?
Théoriquement, non. Mais il y a éventuellement un pari sur le fait que le Hamas refusera l'accord. Or, Donald Trump a dit qu'en de cas de refus du plan par le Hamas, il laisserait les mains libres à Israël pour ce que Benyamin Netanyahou a appelé «finir le travail».

Peut-on dire que, des Etats-Unis à la Chine en passant par l’Union européenne et la Russie, tout le monde approuve dans l’ensemble le plan de paix de Donald Trump?
On peut dire qu’il y a un large consensus. Mais pas une unanimité, car il y un angle mort avec l'absence de représentation des Palestiniens qui s’estiment lésés en n’étant pas directement partie prenante du processus. Certes, il est prévu une autorité transitoire avec un comité palestinien, mais «technocratique et apolitique», selon le point 9. C’était là une ligne rouge fixée par Benyamin Netanyahou qui ne voulait en aucun une participation de l’Autorité palestinienne. Cela renvoie à sa formule «ni hamastan, ni fatahstan» du 12 décembre 2023. De ce point de vue, il a été entendu par Donald Trump.

Et du côté des pays arabes?
Il y a également un large consensus. C’est d’ailleurs à cette fin que Donald Trump avait réuni mardi 23 septembre un certain nombre de pays arabo-musulmans,, dont les pétromonarchies, qui ont aussi l'oreille du président américain et leur propre ligne rouge.

«C’est ce qui explique l'intégration du point numéro 2 invalidant le déplacement sinon l'expulsion de la population gazaouie»

Le projet de plan avait été simultanément présenté à trois grands pays musulman, la Turquie, le Pakistan et l’Indonésie, qui est le premier pays musulmans du monde. Cette réunion avait eu lieu avant la rencontre avec Benyamin Netanyahou le 29 septembre, lors de laquelle le premier ministre israélien a donné son accord en dépit de réticences non-explicites.

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