La droite de Kyriakos Mitsotakis a remporté une large victoire aux élections législatives dimanche en Grèce. Il s'est adjugé une majorité absolue qui va permettre au dirigeant d'entamer un nouveau mandat de premier ministre.
La Nouvelle-Démocratie (ND), au pouvoir de 2019 à fin mai, obtient 40,55% des voix, soit largement plus du double que son principal adversaire, la gauche Syriza d'Alexis Tsipras, selon des résultats portant sur 97% des bureaux de vote.
Avec un tel score, Mitsotakis, un diplômé de Harvard (Etats-Unis) âgé de 55 ans issu d'une dynastie politique grecque, est assuré de retrouver le fauteuil de premier ministre qu'il a dû céder fin mai, avant la tenue des deuxièmes élections:
Le dirigeant a promis des augmentations de salaires, notamment pour les plus faibles revenus, principale préoccupation des Grecs qui subissent la cherté de la vie. Il n'a cessé pendant sa campagne électorale de brandir son bilan économique, marqué par un rebond de la croissance et un chômage en baisse après une décennie de crise.
«Toute la Grèce est bleue!», a-t-il également lancé devant ses partisans en liesse, en référence à la couleur de son parti:
Quatre ans après son accession au pouvoir, la Nouvelle-Démocratie améliore son score par rapport à 2019 où elle avait obtenu 39,85% des voix.
Kyriakos Mitsotakis avait recueilli le 21 mai 40,79% des suffrages. Mais cette avance ne lui avait pas apporté la majorité absolue requise pour former un gouvernement sans devoir nouer d'alliance. Il avait exclu de bâtir une coalition et réclamé de nouvelles élections, comptant pour cela sur un mode de scrutin qui accorde au parti arrivé en tête un «bonus» pouvant aller jusqu'à 50 sièges.
Face à lui, Alexis Tsipras encaisse une nouvelle lourde défaite, après une gifle il y a cinq semaines lorsque Syriza avait chuté de plus de 11,5 points par rapport à 2019.
La question de son avenir à la tête du parti devrait désormais se poser alors que déjà après la défaite du 21 mai, l'ancien Premier ministre (2015-2019) et chouchou de la gauche radicale en Europe avait reconnu avoir songé à démissionner.
Il a évoqué la nécessité de grands changements dans son parti et appelé ses membres à «nous juger», laissant augurer de prochaines élections au sein du groupe.
En se détournant largement du parti de gauche, les Grecs semblent montrer qu'ils veulent définitivement tourner la page des années d'âpre crise financière et de plans de sauvetage aux conditions drastiques qui les ont considérablement appauvris.
Syriza reste toutefois le principal parti d'opposition, suivi des socialistes du Pasok-Kinal, des communistes KKE, et de quatre petites formations, dont les «Spartiates», qui a créé la surprise avec 4,6% des voix.
Ce parti est soutenu par un ancien cadre de la formation néo-nazie Aube dorée, Ilias Kassidiaris, qui purge actuellement une peine de 13 ans et demi de prison.
Les dirigeants et cadres d'Aube dorée, qui avaient élu pour la première fois des députés en 2012 au pic de la crise grecque, ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour assassinats et violences contre migrants et sympathisants de gauche.
«L'élection des partis d'extrême droite dont les Spartiates avec une connotation et des liens fascistes (...) est une évolution négative», a jugé Alexis Tsipras. (ats/jch)