Depuis l'invasion de l'Ukraine, l'armée russe s'est souvent distinguée par des mesures de protection désespérées contre les attaques ukrainiennes. Pour n'en citer qu'une, des cages métalliques soudées ont été employées pour protéger les véhicules blindés de l'impact des drones kamikazes. Une efficacité qui s'avèrerait plus que limitée, selon les experts militaires.
L'armée de l'air russe semble réagir avec une improvisation similaire aux récentes frappes contre ses bases.
Des images satellites récentes de la base aérienne d'Engels-2, située à environ 800 kilomètres au sud-est de Moscou, ont révélé que des pneus de voiture ont été déposés sur les ailes et une partie des fuselages des bombardiers stratégiques Tu-95. Ces appareils à long rayon d'action permettent de tirer les missiles de croisière qui terrorisent la population ukrainienne. Kiev prend donc un malin plaisir à essayer de les détruire.
La semaine dernière, au moins quatre avions de transport Iliouchine Il-76 ont été endommagés ou détruits lors d'une attaque contre la base aérienne russe de Pskov, près de la frontière estonienne. Si on ignore avec quelles armes Pskov a été attaquée, il pourrait vraisemblablement s'agir de drones kamikazes ou de missiles de croisière développés par l'Ukraine, capables de franchir la distance de 700 kilomètres entre Pskov et la frontière ukrainienne. Le président Volodymyr Zelensky a délibérément laissé cette question en suspens.
Les spécialistes se demandent toutefois si l'utilisation de pneus de voiture permet réellement de préserver les bombardiers russes de nouvelles attaques.
«Ils essaient vraiment de faire tout ce qu'ils peuvent pour mieux protéger leurs avions. La technique fonctionne, en fonction du type de drone ou d'ogive utilisé pour attaquer», ajoute l'expert sur la chaîne CNN.
Military experts told why Russians put tires on their planes
— NEXTA (@nexta_tv) September 5, 2023
This is how they try to reduce the visibility of their planes at night. However, this makes no sense, says Francisco Serra-Martinsa of One Way Aerospace, a company that produces drones:
"They will still be visible… pic.twitter.com/qeaUCHdEg4
Selon Steffan Watkins, les pneus de voiture peuvent en effet modifier la signature thermique des avions qui permet de guider les missiles de croisière modernes jusqu'à leur cible. S'ils ne reconnaissent pas l'image thermique programmée, l'attaque est interrompue. «Les caméras infrarouges permettent toutefois toujours de viser les avions», précise encore l'expert.
Selon les estimations d'un employé de l'Otan, qui s'est entretenu avec CNN sous couvert d'anonymat, les pneus devraient plutôt servir de protection contre les attaques de drones : «Nous ne savons toutefois pas si cela fonctionne», a-t-il confié. Selon lui, il est envisageable que les pneus en caoutchouc protègent effectivement les réservoirs des avions contre les éclats de drones et absorbent l'énergie de l'explosion.
Toutefois, l'utilisation des pneus peut être à double tranchant: ils pourraient tout aussi bien empirer l'effet d'une attaque, s'ils venaient à prendre feu. Un petit drone kamikaze pourrait en effet toujours frapper l'avion à travers les trous entre les pneus.
Dans tous les cas, cette mesure de protection n'est pas très pratique, car tous les pneus doivent être retirés des jets avant une mission de combat.
La base aérienne Engels-2, l'une des deux bases aériennes russes stratégiques des forces nucléaires, a déjà été la cible de deux attaques à la fin de l'année dernière. On ignore si ces attaques ont causé des dommages et, si oui, lesquels. La Russie avait alors affirmé que les attaques avaient été repoussées.
(traduit et adapté de l'allemand par anaïs rey)