Les médias russes l'ont déjà baptisée la «tempête du siècle», et les dégâts qu'elle a laissés dans son sillage ne peuvent que leur donner raison. On parle de la puissante dépression Bettina, qui s'est déchaînée dimanche et lundi le long de la côte russe de la mer Noire, en Crimée et dans le sud-est de l'Ukraine.
En Russie, Bettina a laissé environ 1,9 million d'habitants sans électricité, 400 000 desquels dans la seule Crimée. Huit personnes ont perdu la vie, tandis que les vagues qui ont déferlé sur la côte ont détruit de nombreux bâtiments et provoqué l'échouement d'un gros cargo.
En Ukraine, c'est sous la forme d'une tempête de neige que Bettina a frappé. Le dernier bilan fait état de 10 morts et 23 blessés; plus de 400 localités restent privées d'électricité, et 8 autoroutes sont toujours bloquées.
La dépression a notamment balayé les régions de Donetsk, Kherson et Zaporijia, Lougansk. Il ne s'agit pas seulement de territoires partiellement occupés par l'armée russe, mais également de zones où se déroulent actuellement de vastes opérations offensives. Comment la tempête les a-t-elle impactées?
En les ralentissant, sans toutefois les arrêter totalement, répond le centre de réflexion américain «Institute for the Study of War» (ISW).
Cela ne veut pas dire que les intempéries n'ont pas dérangé les belligérants, poursuit l'ISW. En mer Noire, par exemple, les conditions météorologiques dangereuses ont contraint la Russie à ramener tous ses navires de guerre et ses porte-missiles à leurs bases, a rapporté la marine ukrainienne. Selon un blogueur militaire russe, la tempête a brisé les protections et dispersé plusieurs mines, qui seraient parties à la dérive dans tout le nord-ouest de la mer.
Toujours dans cette zone, on signale que la tempête a endommagé les voies ferrées dans les zones côtières. Cela pourrait avoir des conséquences logistiques pour les forces russes en Crimée occupée et dans le sud de l'Ukraine, commente l'ISW.
Autre problème entraîné par les intempéries: les fortes chutes de neige et les vents ont réduit la visibilité et compliqué la reconnaissance aérienne et la correction d'artillerie dans plusieurs territoires ukrainiens.
Les forces russes opérant dans la direction d'Avdiivka ont, par exemple, réduit l'utilisation de l'artillerie d'une fois et demie et l'utilisation des drones de six fois en raison des conditions météorologiques, ont constaté les forces armées ukrainiennes.
Les conditions hivernales obligent les deux camps à s'appuyer davantage sur des attaques terrestres menées par l'infanterie, qui doit se passer de la reconnaissance aérienne et de la correction d'artillerie, souligne l'ISW, qui note que cette météo difficile ne comporte pas uniquement des désavantages. Des blogueurs militaires russes ont, en effet, indiqué que les forces ukrainiennes ont profité des conditions de faible visibilité pour consolider leurs positions sur la rive est du Dniepr, où elles mènent des opérations offensives.
«Malgré les conditions météorologiques difficiles, les forces russes et ukrainiennes poursuivent leurs attaques terrestres dans toute l'Ukraine, bien qu'à un rythme légèrement plus lent en raison de la neige et de la mauvaise visibilité qui en résulte», conclut le think tank. (asi)