A l'occasion du 80ᵉ anniversaire de la chute du régime nazi, revenons sur son principal protagoniste: Adolf Hitler. Ou plutôt, ce qu'il en reste. Parce que oui, après sa mort, qu'est-il arrivé au corps du Führer?
Le 30 avril 1945, Hitler sait qu'il est perdu. Alors que ce qui reste de ses troupes et l'armée rouge de Staline se battent avec hargne dans les rues désolées de Berlin, il met fin à ses jours dans son bunker. Vraisemblablement, en ingérant une capsule de cyanure, puis en se tirant une balle dans la tête avec son pistolet.
Une fois que le dictateur a quitté ce bas monde, son aide de camp, l'officier SS Heinz Linge, avait pour mission de sortir du bunker les corps d'Adolf Hitler et d'Eva Braun, de leur bouter le feu à l'essence, puis de les enterrer. Près de 200 litres d'essence seront utilisés pour s'assurer qu'il ne reste rien du corps du Führer.
Le 1er mai au soir, un message de ce qui reste des autorités nazies, alors en pleine débandade, indique que Hitler est «tombé pour l'Allemagne», laissant croire qu'il est mort au combat. Dès le lendemain, tous les journaux en font leur grande Une.
Le 4 mai, des soldats soviétiques repèrent des restes humains, dans un trou, proche du bunker du Führer. Des médecins légistes dépêchés sur place procèdent à des analyses et concluent qu'il s'agit des corps d'Adolf Hitler et d'Eva Braun. Mais cela, le reste du monde ne le saura pas avant longtemps.
Car la mort de Hitler devient une arme de négociation géopolitique. Joseph Staline, taquin, préfère jouer l'idiot. Il affirme que l'on n’a pas retrouvé le corps du dictateur, laissant sous-entendre qu'il reste une chance pour qu'il ait pu s'en sortir et s'enfuir au Japon, alors encore en guerre face aux Américains, dans l'Espagne de Franco ou encore en Amérique du Sud.
Staline avait le nez fin. Car, si de nombreux dignitaires nazis avaient prévu de s'enfuir en Amérique du Sud, leur fuite à grande échelle n'a pas encore été actée. Dans les années 1950, les rumeurs s'épaississent. Elles seront confirmées par l'arrestation d'Adolf Eichmann en 1960 en Argentine, et celle de Klaus Barbie en 1983, en Bolivie.
Et Adolf Hitler, alors? Si les faisceaux d'indices utilisés par les historiens convergent vers l'hypothèse du suicide, la plus probable, le fait de ne pas avoir pu mettre la main sur la dépouille de Hitler nourrit les fantasmes. Des portraits-robots réalisés par les services secrets américains en 1944, et montrant différentes variations du visage de Hitler, sont ressorties à l'occasion de théories farfelues.
Staline, mort en 1953, aura emporté son secret dans la tombe. Dans les années 1970, les autorités soviétiques décident de ne garder que quelques fragments permettant d'identifier Hitler. Le reste de sa dépouille sera détruit, explique Slate, notamment pour éviter que «le lieu de sa sépulture devienne un lieu de culte pour les nostalgiques du fascisme».
C'est après la chute de l'URSS, que les autorités russes se décident enfin à annoncer au reste du monde qu'ils détiennent les restes d'Adolf Hitler à Moscou. Ce sera fait par le gouvernement de Boris Yeltsine en février 1993. Il n'en reste pas grand-chose: un bout du crâne et mâchoire avec quelques dents en mauvais état.
En avril 2000, une exposition permet enfin au grand public de voir les «preuves» de la mort de Hitler. Mais même là, il est compliqué d'avoir accès aux restes du dictateur. Il faudra attendre 2017 pour que le médecin légiste français Philippe Charlier ait le droit d'approcher les ossements pour authentifier leur propriétaire, après des années pour obtenir une autorisation. Les restes de Hitler sont désormais gardés par le FSB de Poutine.
Surprise: en arrivant, le médecin légiste découvre que le crâne de Hitler et ses restes sont gardés dans «une boîte à cigares», «une boîte à disquettes», ou encore «une boîte à chaussure». Plein de boîtes donc, mais aucune qui ne permet un état de conservation optimal. Mais cela est voulu:
Pour authentifier les restes, le médecin légiste utilise particulièrement les prothèses dentaires, «extrêmement spécifiques», qui correspondent parfaitement à des radios effectuées en 1944. C'est confirmé: il s'agit bien des restes d'Adolf Hitler.
Adolf Hitler’s jaw was displayed in the archives of Russia’s FSB.
— NEXTA (@nexta_tv) April 30, 2025
The Führer’s teeth are kept in a “Gvardeyskiye” cigarette box: just four fragments in total. The largest is the upper jaw bridge with nine teeth.
These remains are considered the main evidence that the leader of… pic.twitter.com/G6UfbtizFw
Quelques indices supplémentaires viennent corroborer le tout. Comme des «traces bleuâtres», qui correspondent à du cyanure. Mais aussi une analyse du tartre, qui permet de confirmer que le régime de la personne était végétarien, comme l'était Hitler.
Si Philippe Charlier confirme que la mâchoire est celle de Hitler, la confirmation n'est pas totale pour le fragment de crâne, sur lequel se trouve un trou qui serait celui de la balle que s'est tirée le Führer. Le FSB de Poutine refuse d'effectuer une comparaison ADN.
Les Russes, eux, n'en sont pas à leur dernière révélation. Selon des documents récemment déclassifiés, ils affirment désormais que c'est l'aide de camp, Heinz Linge, qui aurait tiré dans la tête de Hitler après que celui-ci a ingéré la capsule de cyanure. Alors, détail historique supplémentaire ou tentative de falsification de l'histoire par la propagande du Kremlin? Cette fois-ci, il faudra peut-être attendre la chute de Poutine pour le découvrir.