Des blogueurs militaires occidentaux, mais aussi russes, ainsi que le ministère ukrainien de la Défense font état d'une nouvelle tactique de combat russe qui aurait largement contribué à ce que les agresseurs parviennent à s'emparer de la ville d'Avdiivka. Comme pour Bakhmout, la Russie a montré peu d'estime pour ses propres soldats.
A l'époque, les «vagues humaines» sont devenues tristement célèbres pendant les mois de combat pour la petite ville. La Russie envoyait alors l'un après l'autre de petits groupes, presque sans protection, contre les lignes de feu ennemies. C'est ainsi qu'il a été possible, au prix d'énormes pertes, de conquérir la place, mètre par mètre.
La nouvelle tactique est une extension de ces vagues humaines, à la différence qu'à Avdiivka, les soldats étaient chargés dans des véhicules de combat d'infanterie sous le feu de l'ennemi. Des enregistrements vidéo montrent que les soldats prenaient même parfois place sur les compagnons sans protection.
Pour autant qu'ils y soient arrivés vivants, les fantassins ont tenté de se retrancher dans les bâtiments complètement détruits et d'engager les défenseurs ukrainiens dans des échanges de tirs, tandis que les véhicules se retiraient à nouveau pour aller chercher d'autres soldats.
Comme à Bakhmout, le taux de survie des troupes engagées à Avdiivka serait terriblement bas. Pour chaque vague d'attaque composée de 100 à 200 soldats, la moitié des hommes auraient perdu la vie. Environ 60% des véhicules ont été détruits. Ce sont surtout des drones qui ont été utilisés pour la défense.
En raison du manque de munitions de l'artillerie ukrainienne, quelques transports isolés ont tout de même atteint leur objectif. Grâce à la surveillance par drone, les Ukrainiens connaissaient les cachettes des Russes. Mais là encore, le manque de munitions d'artillerie classiques a eu raison des défenseurs.
Le blogueur militaire prorusse Andreï Morosov a fait état d'une véritable bataille des ressources depuis Avdiivka. La seule question était de savoir qui allait manquer de matériel en premier: les Ukrainiens de munitions ou les Russes de soldats. «Mourz», comme il se prénommait sur Telegram, a écrit sur sa chaîne que 300 véhicules et 16 000 soldats russes avaient été sacrifiés lors de la prise d'Avdiivka. De nombreux médias occidentaux ont ensuite cité ces chiffres. Quelques jours après ses révélations, Morosov s'est suicidé, selon des sources russes.
La tactique d'attaque russe est cependant maintenue. Le week-end dernier, les positions ukrainiennes près de Robotyne ont également été attaquées de cette manière. Mais selon le correspondant de guerre de Forbes, la Russie ne pourra pas maintenir cette tactique indéfiniment. Au cours des deux premières années de guerre, la Russie a perdu 80 véhicules blindés de combat d'infanterie par mois. Aujourd'hui, c'est presque dix par jour. Forbes s'attend à ce que la Russie modifie sa stratégie d'offensive. Si les troupes russes persévèrent de la sorte, les stocks gigantesques de véhicules blindés de combat de la Russie seraient épuisés en l'espace d'un an.
Traduit et adapté par Chiara Lecca