La décision était attendue depuis des mois. Mercredi, le Conseil fédéral a enfin levé le voile sur le montant qu'il entend consacrer à la reconstruction de l'Ukraine. D'ici 2036, il souhaite verser un total de 5 milliards de francs à ce pays ravagé par la guerre. La proposition du ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a ainsi été acceptée par le gouvernement national.
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Le fait que le Conseil fédéral ait mis des mois à prendre cette décision n'est guère surprenant. Bien que réparti sur 12 ans, le montant de plusieurs milliards de francs pèse sur la situation financière déjà tendue du budget fédéral. En février, la ministre des Finances Karin Keller-Sutter a présenté un programme d'économies drastiques pour les années à venir.
Une bataille publique pour les milliards de la Confédération a fait rage avant l'événement. Une fois de plus, il s'est avéré que ceux qui n'ont pas de lobby puissant à Berne ont la vie dure. Le Conseil fédéral a finalement décidé de financer intégralement les 1,5 milliard de francs nécessaires à la première étape jusqu'en 2028 sur le budget de la coopération internationale (CI). C'était précisément ce que redoutaient les organisations d'aide en février.
Pour l'organisation d'entraide Alliance Sud, il est inacceptable que le Conseil fédéral finance la reconstruction de l'Ukraine sur le dos de l'aide au développement.
C'est ainsi que l'ONG a intitulé son communiqué de presse en des termes inhabituellement vifs.
Selon lui, cette décision signifie que l'Ukraine recevra à partir de 2025 plus d'argent que tous les programmes bilatéraux de la Direction du développement et de la coopération (DDC) en Afrique subsaharienne.
On ne sait pas encore comment sera financée la deuxième étape pour les années 2029 à 2036. Selon ses propres indications, le Conseil fédéral a l'intention d'examiner d'autres voies de financement – au-delà de la CI – afin de financer les 3,5 milliards de francs restants. Mais après la récente décision, Alliance Sud est sceptique. Le risque existe que ces engagements financiers soient eux aussi «entièrement à la charge» de la coopération au développement.
Pour l'organisation humanitaire, il est clair que seul le Parlement peut encore corriger la «mauvaise décision» du Conseil fédéral. Lors des sessions d'automne et d'hiver, les Chambres débattront de la stratégie de la CI pour les années 2025 à 2028.
L'organisation reçoit le soutien du PS. La décision du Conseil fédéral est «désastreuse» et constitue un «signe dévastateur», écrit le parti dans une première réaction. Il reproche au gouvernement national d'avoir ignoré les réponses à la consultation menée l'année dernière sur la stratégie de la CI.
Lors d'une conférence de presse, le conseiller fédéral Cassis a souligné que 1,5 milliard de francs sur un total de 12 milliards pour l'aide au développement ne représentaient qu'un peu plus de 10%. De plus, ces fonds seraient continuellement adaptés «aux événements stratégiques et dynamiques».
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)