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Guerre contre l'Ukraine

Ukraine: «les Russes les ont castrés au couteau»

A Ukrainian soldier helps a wounded soldier at a hospital in Bakhmut, Donetsk region, Ukraine, Wednesday, Nov. 9, 2022. (AP Photo/LIBKOS)
Un soldat ukrainien blessé au front près de Bakhmout, les Russes ne l'auront pas capturé.Image: AP

«Les Russes les ont castrés au couteau»: une psy raconte l’horreur

Une psychologue raconte des tortures infernales que des militaires ukrainiens lui ont rapporté avoir subies de la part de soldats ou mercenaires russes. Objectif des tortionnaires: anéantir le moral de la nation ukrainienne.
21.06.2023, 05:5121.06.2023, 07:53
Christoph Cöln
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Un article de
t-online

Il y a quelques jours, les Nations Unies ont renouvelé leurs accusations de torture contre l'armée russe. Selon l'ONU, l'utilisation d'électrochocs et de simulacres d'exécutions sur des soldats ukrainiens, mais aussi des civils, serait systématique dans les territoires occupés par la Russie.

Les experts onusiens à Genève ont fait part de ces accusations par écrit au gouvernement russe, en indiquant que ces pratiques violentes et cruelles étaient au moins tolérées, sinon ordonnées par lui-même.

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En règle générale, le Kremlin rejette séance tenante de telles accusations. Le fait que la guerre en Ukraine soit régulièrement le théâtre de crimes violents très graves commis par des militaires russes est prouvé depuis les meurtres de masse de civils à Boutcha, Irpin, Hostomel ou Borodianka. On voit constamment surgir des témoignages de soldats ukrainiens qui racontent leur expérience de prisonniers de guerre aux mains de la Russie.

Antschelika Jatsenko travaille comme psychologue dans la ville de Poltava, au centre de l'Ukraine. Cette femme de 41 ans a entendu beaucoup de choses au cours de sa vie professionnelle, comme elle l'a raconté au journal britannique The Sunday Times. Mais ce que lui ont raconté deux anciens soldats ukrainiens a dépassé tout entendement:

«Je n'avais jamais rien entendu d'aussi horrible. J'ai dû aller me réfugier aux toilettes pour pleurer»
Antschelika Jatsenko

Deux soldats ukrainiens, l'un âgé de 25 ans, l'autre de 28, ont confié à la psychologue comment ils ont été capturés par les troupes russes. Restés respectivement un et trois mois en détention, ils ont été battus, puis castrés par leurs tortionnaires russes avec un couteau.

«L'un d'eux m'a dit: "Je ne sais même pas comment je suis encore en vie. Il y avait tellement de sang, j'ai cru que j'allais mourir d'une septicémie".» Les deux hommes ont depuis des pensées suicidaires, explique la psychologue. Le plus jeune aurait déjà tenté de mettre fin à ses jours.

«Pour un homme, c'est la pire chose qui puisse arriver»

La psychologue rapporte que les victimes de tortures graves ne doivent pas seulement vivre avec les conséquences physiques. Les conséquences psychologiques sont incommensurables:

«Imaginez qu'il s'agit de jeunes hommes qui ont encore leur vie sexuelle devant eux. Et en l'espace d'une seconde, c'est fini. Ils ressentent toujours quelque chose, les hormones sont toujours là, mais ils ne peuvent rien faire. Ils ne seront jamais sexuellement actifs. Pour un homme, c'est la pire des choses qui puisse arriver.»
Antschelika Jatsenko
Un soldat ukrainien lors d'un exercice. Mai 2023.
Un soldat ukrainien lors d'un exercice. Mai 2023.REUTERS/Gleb Garanich)

Des images témoignant de la cruauté de l'armée et des troupes de mercenaires russes sont régulièrement diffusées. En juillet 2022, les chaînes russes ont montré une vidéo de torture d'un prisonnier de guerre ukrainien, allant jusqu'au meurtre. La revue politique Foreign Policy a qualifié ces images de «scènes de l'enfer».

La victime qui apparaît dans la vidéo est d'abord bâillonnée et déshabillée, les mains attachées dans le dos, par des soldats russes qui ont l'air ivres. L'un des soldats dégaine un cutter et coupe les parties génitales de l'homme. Dans une deuxième vidéo, on voit le prisonnier être traîné vers une tombe pour y être abattu. Les soldats qui commettent ce crime se tiennent à côté d'une voiture portant le symbole «Z», signe de la guerre d'agression russe contre l'Ukraine.

Suspects: Wagner et le groupe tchétchène Achmat

Le gouvernement ukrainien et la plateforme d'investigation indépendante Bellingcat ont estimé que la vidéo était «probablement authentique». Des comptes Twitter ukrainiens pensent que l'homme qui a pratiqué la castration est soit un mercenaire du groupe Wagner, soit un membre de la brigade tchétchène Achmat.

Les deux milices se vantent de leurs cruautés respectives. Le groupe Wagner a par exemple publié une vidéo dans laquelle un déserteur se fait fracasser le crâne au moyen d'une masse.

Certains soldats trouvent là un exutoire à leurs pulsions sadiques. Ces horreurs font aussi office de menaces envers les soldats ukrainiens, comme le dit la psychologue.

«Des hommes si gravement atteints dans leur dignité ne pourront probablement jamais surmonter ce traumatisme. Les Russes leur ont dit: "Nous vous faisons cela pour que vous ne puissiez jamais avoir d'enfants".»
Antschelika Jatsenko

L'acte de castration devient ainsi un symbole de l'anéantissement de la nation ukrainienne et de ses habitants.

La catastrophe du barrage Kakhovka en images
Video: watson
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