Il y a quelques jours, les Nations Unies ont renouvelé leurs accusations de torture contre l'armée russe. Selon l'ONU, l'utilisation d'électrochocs et de simulacres d'exécutions sur des soldats ukrainiens, mais aussi des civils, serait systématique dans les territoires occupés par la Russie.
Les experts onusiens à Genève ont fait part de ces accusations par écrit au gouvernement russe, en indiquant que ces pratiques violentes et cruelles étaient au moins tolérées, sinon ordonnées par lui-même.
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En règle générale, le Kremlin rejette séance tenante de telles accusations. Le fait que la guerre en Ukraine soit régulièrement le théâtre de crimes violents très graves commis par des militaires russes est prouvé depuis les meurtres de masse de civils à Boutcha, Irpin, Hostomel ou Borodianka. On voit constamment surgir des témoignages de soldats ukrainiens qui racontent leur expérience de prisonniers de guerre aux mains de la Russie.
Antschelika Jatsenko travaille comme psychologue dans la ville de Poltava, au centre de l'Ukraine. Cette femme de 41 ans a entendu beaucoup de choses au cours de sa vie professionnelle, comme elle l'a raconté au journal britannique The Sunday Times. Mais ce que lui ont raconté deux anciens soldats ukrainiens a dépassé tout entendement:
Deux soldats ukrainiens, l'un âgé de 25 ans, l'autre de 28, ont confié à la psychologue comment ils ont été capturés par les troupes russes. Restés respectivement un et trois mois en détention, ils ont été battus, puis castrés par leurs tortionnaires russes avec un couteau.
«L'un d'eux m'a dit: "Je ne sais même pas comment je suis encore en vie. Il y avait tellement de sang, j'ai cru que j'allais mourir d'une septicémie".» Les deux hommes ont depuis des pensées suicidaires, explique la psychologue. Le plus jeune aurait déjà tenté de mettre fin à ses jours.
La psychologue rapporte que les victimes de tortures graves ne doivent pas seulement vivre avec les conséquences physiques. Les conséquences psychologiques sont incommensurables:
Des images témoignant de la cruauté de l'armée et des troupes de mercenaires russes sont régulièrement diffusées. En juillet 2022, les chaînes russes ont montré une vidéo de torture d'un prisonnier de guerre ukrainien, allant jusqu'au meurtre. La revue politique Foreign Policy a qualifié ces images de «scènes de l'enfer».
La victime qui apparaît dans la vidéo est d'abord bâillonnée et déshabillée, les mains attachées dans le dos, par des soldats russes qui ont l'air ivres. L'un des soldats dégaine un cutter et coupe les parties génitales de l'homme. Dans une deuxième vidéo, on voit le prisonnier être traîné vers une tombe pour y être abattu. Les soldats qui commettent ce crime se tiennent à côté d'une voiture portant le symbole «Z», signe de la guerre d'agression russe contre l'Ukraine.
Le gouvernement ukrainien et la plateforme d'investigation indépendante Bellingcat ont estimé que la vidéo était «probablement authentique». Des comptes Twitter ukrainiens pensent que l'homme qui a pratiqué la castration est soit un mercenaire du groupe Wagner, soit un membre de la brigade tchétchène Achmat.
Les deux milices se vantent de leurs cruautés respectives. Le groupe Wagner a par exemple publié une vidéo dans laquelle un déserteur se fait fracasser le crâne au moyen d'une masse.
Certains soldats trouvent là un exutoire à leurs pulsions sadiques. Ces horreurs font aussi office de menaces envers les soldats ukrainiens, comme le dit la psychologue.
L'acte de castration devient ainsi un symbole de l'anéantissement de la nation ukrainienne et de ses habitants.