La Russie est au bord de la guerre civile. C'est ainsi que de nombreuses personnes concernées commentent la récente escalade dans le conflit entre l'armée de mercenaires du groupe Wagner et les forces militaires russes. Ces spéculations se nourrissent d'une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux depuis quelques heures.
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En effet, ce qu'on y voit est inattendu. Un prisonnier des mercenaires de Wagner, qui s'identifie comme étant le lieutenant-colonel russe Roman Vinivitin et le commandant de la 72e brigade, avoue avoir ouvert le feu sur un véhicule de Wagner alors qu'il était ivre. Lorsqu'on lui demande pourquoi il a fait cela, lieutenant-colonel répond que c'était par «ressentiment personnel».
De toute évidence, l'officier russe a été maltraité physiquement et torturé avant sa déclaration vidéo. Une blessure sur son visage indique qu'il a le nez cassé. On demande ensuite au prisonnier comment il faut juger son acte en temps de guerre. Roman Vinivitin se contente de répondre «coupable» en marmonnant.
A la fin de la semaine dernière, le chef du groupe Wagner Evgueni Prigojine s'est plaint publiquement du fait que les troupes russes avaient délibérément miné les routes lors du retrait de ses troupes de Bakhmout à la mi-mai. Avant cela, le conflit entre le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov et Prigojine s'était à nouveau envenimé.
Ainsi, un commandant de l'unité tchétchène Akhmat du nom d'Adam Delimkhanov a demandé à Prigojine d'arrêter de se plaindre du manque de munitions. Selon lui, les unités Wagner ont reçu plus de munitions et de matériel que toutes les autres et malgré tout subi de terribles pertes à Bakhmout.
Il s'agissait manifestement d'un retour de bâton pour les critiques antérieures de Prigojine sur l'inefficacité militaire des unités tchétchènes de Ramzan Kadyrov. Dans une vidéo, Adam Delimkhanov a donc demandé au chef du groupe Wagner de venir le trouver afin qu'il lui explique en personne ce que l'unité Akhmat avait accompli jusqu'à présent dans la guerre en Ukraine.
Bien entendu, Wagner n'a pas manqué de réagir.
Manifestement, le conflit entre les deux seigneurs de guerre pour le prestige et l'influence militaire bat son plein. Ce week-end, Ramzan Kadyrov a proposé au Kremlin 70 000 soldats tchétchènes pour contrer les avancées des forces d'opposition russes dans la région de Belgorod. La «saison de la chasse aux Ukrainiens» a commencé, a annoncé le dirigeant tchétchène, au vu de la contre-offensive ukrainienne imminente.
De son côté, Evgueni Prigojine a déclaré qu'il allait transférer de son propre chef des unités de Wagner à Belgorod, sans attendre l'autorisation du ministère russe de la Défense, afin d'y faire régner le calme.
Pour les analystes américains de l'Institute for the Study of War (ISW), les récents conflits et dissensions sont l'expression claire de l'objectif de Prigojine de «s'établir comme figure centrale des ultranationalistes russes». Dans ce contexte, le discrédit de l'état-major russe serait pour le chef de Wagner un objectif plus urgent que le conflit avec Kadyrov. Cela expliquerait également le timing ciblé de la publication de la vidéo montrant le lieutenant-colonel russe capturé.
Après que la dispute avec les Tchétchènes a provoqué la semaine dernière une grande agitation chez les blogueurs militaires russes, Evgueni Prigojine veut à nouveau attirer toute l'attention sur ses deux rivaux centraux dans la course au pouvoir de guerre: le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou et le chef d'état-major général Valeri Guérassimov. (aargauerzeitung.ch)
(Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder)