International
Guerre contre l'Ukraine

Zaporijia: un nouveau danger surgit à la centrale nucléaire

La centrale nucléaire de Zaporijia est occupée par les Russes depuis le début de la guerre.
La centrale nucléaire de Zaporijia est occupée par les Russes depuis le début de la guerre.Keystone

Un nouveau danger surgit à la centrale nucléaire de Zaporijia

Les troupes russes qui occupent la centrale nucléaire de Zaporijia ont placé l'un des réacteurs de l'unité 4 en état d'arrêt dit «à chaud». La raison n'est pas claire, mais ce choix peut être dangereux.
26.07.2023, 18:5526.07.2023, 18:55
tobias esser
Plus de «International»
Un article de
t-online

Dimanche, des experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont pu se rendre à la centrale nucléaire de Zaporijia, dans le sud de l'Ukraine, occupée par la Russie. A cette occasion, ils ont découvert des mines antipersonnel aux abords du site.

👉Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine👈

L'équipe de l'AIEA a découvert les mines entre les barrières intérieure et extérieure de la centrale nucléaire, a affirmé son directeur, Rafael Grossi. Aucune mine n'a donc été trouvée dans la zone intérieure, où se déplacent les employés.

«La présence de tels explosifs sur le site est contraire aux normes de sécurité et aux directives de sûreté nucléaire de l'AIEA et crée une pression supplémentaire sur le personnel de la centrale», déplore le directeur de l'AIEA lundi. Pourtant, selon lui, les mines ne représentent pas un si grand danger.

La situation autour de la plus grande centrale nucléaire d'Europe reste tendue. Pas à cause des mines, mais parce que les troupes russes ont placé l'un des réacteurs de l'unité 4 de la centrale en état d'arrêt dit «à chaud».

Eau de refroidissement

Dans cette situation, le réacteur concerné ne produit plus d'électricité. Toutefois, la température y est maintenue à des valeurs proches de celles du fonctionnement en puissance, soit quelque 290°C. Et cela peut être dangereux, nous explique Nikolaus Müllner, de l'Université Boku de Vienne.

L'un des problèmes liés à cette situation est l'évacuation de la chaleur résiduelle. Celle-ci résulte de la désintégration de produits de fission à courte durée de vie après l'arrêt effectif du réacteur et doit être évacuée par un générateur de vapeur dans le bloc de la centrale.

«Plus un réacteur est arrêté longtemps, plus la chaleur de post-régénération est faible», explique Nikolaus Müllner. La situation devient toutefois critique lorsqu'il n'y a plus assez d'eau de refroidissement, qui aide à évacuer la chaleur de la centrale.

La centrale nucléaire de Zaporijia s'approvisionne en eau de refroidissement dans le réservoir de Kakhovka, dont le niveau baisse d'environ un centimètre par jour selon les données ukrainiennes. Ce n'est pas inquiétant en soi, mais le fonctionnement d'un réacteur en état d'arrêt à chaud n'est pas non plus bénéfique, car cela nécessite beaucoup d'eau de refroidissement.

Il en va autrement lorsqu'un réacteur fonctionne en état d'arrêt à froid, continue Nikolaus Müllner:

«Dans ce cas, le réacteur est refroidi à une température de fonctionnement inférieure à 100°C. Le système de refroidissement fonctionne et le générateur de vapeur n'est pas nécessaire»
Nikolaus Müllner

Des travaux de maintenance?

L'arrêt à froid est l'état dans lequel les unités de la centrale peuvent être entretenues. Selon Iouri Tchernitchouk, le directeur de la centrale nucléaire de Zaporijia nommé par la Russie, les travaux de maintenance à venir sont la raison pour laquelle l'unité 4 de la centrale est placée en état d'arrêt à chaud.

On ne sait pas exactement ce qui a poussé les occupants russes à placer le réacteur en état d'arrêt à chaud. Les règles de l'autorité ukrainienne de surveillance nucléaire prévoient que toutes les unités de la centrale nucléaire fonctionnent à l'état d'arrêt à froid.

«Mon hypothèse est que l'exploitation de l'unité 4 de la centrale en état d'arrêt à chaud est une manière de préparer le redémarrage d'un réacteur», explique Nikolaus Müllner. «Quel qu'en soit le but.»

L'exploitant des centrales nucléaires ukrainiennes, Energoatom, met toutefois en garde contre l'arrêt à chaud de l'unité 4. En cas d'accident, cette situation entraînerait des rejets de matières radioactives bien plus importants que s'il était mis à l'arrêt à froid.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

L'effondrement du barrage de Kakhovka, en Ukraine
1 / 14
L'effondrement du barrage de Kakhovka, en Ukraine
L'eau coule à travers ce qui reste du barrage.
partager sur Facebookpartager sur X
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Ces villes prisées des Suisses se révoltent contre le surtourisme
Barcelone, Naples, Lisbonne: ce dimanche, plusieurs cités du sud de l'Europe vont être le théâtre de manifestations contre une dépendance excessive au tourisme. Un phénomène qui entraîne pénuries de logements et précarité de l'emploi selon les militants. Analyse.

Le 15 juin, plusieurs villes du sud de l'Europe seront le théâtre d'une journée de mobilisations coordonnées contre la «touristification» de leurs territoires. À Barcelone, Lisbonne, Naples ou aux Canaries, destinations appréciées des Suisses, le tourisme de masse remodèle les espaces urbains, souvent au détriment des communautés locales. Ces manifestations reflètent des tensions croissantes entre les dynamiques de touristification et une opposition locale de plus en plus audible.

L’article