Oui, les voix critiques existent aussi en Russie. Il y a des gens qui, malgré les répressions les plus sévères, s'opposent au régime autoritaire de l'autocrate Vladimir Poutine. Ils sont peu nombreux, et plus ils sont bruyants et connus, plus ils restent longtemps derrière les barreaux. Les plus fameux exemples sont Alexeï Navalny (30 ans de prison) ou Vladimir Kara-Mursa (25 ans de prison), qui ont été condamnés sur la base d'accusations fabriquées, selon des observateurs du procès, et qui croupissent maintenant dans un camp de travail.
Ce destin menace également Mikhail Krieger. Cet activiste de 63 ans a déjà été condamné, en mai, par un tribunal près de Moscou à sept ans de prison pour avoir diffamé le dictateur russe sur les réseaux sociaux. Krieger a fait appel, mais celui-ci a été rejeté, selon l'organisation de défense des droits de l'homme Memorial.
En novembre dernier, Mikhail Krieger, un livreur de restaurant, a été arrêté par la police russe. Il a été accusé d'«activités terroristes» et d'«incitation à l'extrémisme».
Juste avant que le verdict de son appel ne soit rendu, Mikhail Krieger a qualifié le président russe de «terroriste numéro un au monde» et a crié «Gloire à l'Ukraine», le slogan de soutien à l'Ukraine.
Son attitude critique envers le Kremlin ne date pas du début de la guerre en Ukraine. Déjà en 2019 et 2020, Krieger avait insulté le président Poutine sur Facebook, selon le parquet, et exigé qu'on «pende» le chef de l'Etat. Il avait également salué comme «héroïques» d'éventuels attentats contre des agents du FSB, le service de renseignement intérieur russe.
Vladimir Poutine a été agent du KGB pendant la période soviétique. Il entretient toujours d'étroites relations avec les services secrets, et une grande partie de ses proches collaborateurs et de nombreux membres de l'élite russe au pouvoir sont d'anciens agents du renseignement.
Krieger a participé par vidéoconférence au procès d'appel, qui s'est tenu à Vlasikha, une colonie militaire près de la capitale russe. Il purge, en effet, déjà sa peine dans une prison de Moscou.
Pendant le procès, il a refusé de montrer des remords et de se distancier de ses déclarations, comme le demandait l'accusation. Au lieu de cela, il a déclaré qu'il était un prisonnier politique parce qu'il prend parti pour l'Ukraine. Lors du premier procès en mai, il avait même chanté une chanson folklorique ukrainienne, qui est considérée comme un symbole de la résistance à l'invasion russe. (cc)
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci