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Guerre contre l'Ukraine

Poutine reprend le contrôle de ses propagandistes

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Saint-Pétersbourg, décembre 2019: un homme surveille ses écrans.Image: www.imago-images.de

Poutine reprend le contrôle de ses propagandistes

Le maître du Kremlin a pris une décision radicale concernant la couverture médiatique de sa guerre contre l'Ukraine. Les médias n'ont plus le droit de parler de certains crimes.
30.10.2023, 05:5630.10.2023, 08:14
Anna Von Stefenelli
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Ce n’est un secret pour personne: Vladimir Poutine exerce une influence considérable sur les médias russes. La machine de propagande est en marche. Elle se nourrit de menaces et de propos alarmistes et alimente la peur parmi la population, par la mort ou l'élimination de ceux qui ne respectent pas les directives du Kremlin. L’invasion de l’Ukraine par la Russie est une question particulièrement sensible en Russie. Le mot «guerre» est banni du vocabulaire.

Le journalisme indépendant dans tout ça? Impossible, il est presque inexistant. Celles et ceux qui s'y risquent le font au péril de leur liberté, voire de leur vie. L'un des derniers médias indépendants du pays était Meduza, basé en Lettonie. Peu après le début de la guerre en Ukraine, le portail a été bloqué en Russie en mars 2022. Les employés ont dû quitter la Russie.

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Mais on ne peut pas interdire à la presse de parler. Elle rend compte quotidiennement de ce qui se passe dans le pays. Récemment, elle a été alimentée par des déclarations officielles du Kremlin.

Pas de liberté de la presse

Deux sources proches du gouvernement russe auraient révélé à Meduza à quoi ressemblent les dernières mesures adoptées visant les médias. Ces derniers ne sont plus autorisés à traiter des crimes commis par les soldats russes. L’interdiction vise principalement les soldats revenus de la guerre en Ukraine, notamment les mercenaires et les anciens prisonniers, qui devraient bénéficier d’une amnistie en échange de leur effort de guerre.

L’administration russe a ordonné aux médias proches du Kremlin et aux médias contrôlés par l’État de faire preuve de retenue. Il s'agit de la première directive du Kremlin adressée aux médias de propagande concernant la couverture des crimes commis par d'anciens combattants. Un angle souvent abordé dans les colonnes de la presse russe.

Le site d’information russe Lenta.ru a publié à la mi-octobre un article titré «Un ancien combattant de Wagner revient d’une opération militaire spéciale et poignarde sa grand-mère handicapée pour de l’argent». Plusieurs écrits de ce genre ont foisonné ces dernières semaines, notamment sur les chaînes Telegram affiliées au Kremlin et dans les médias locaux contrôlés par le gouvernement. Une source qui veut rester anonyme explique:

«Les crimes attirent toujours du lectorat, et mentionner l'opération militaire spéciale dans le titre intéresse les lecteurs et ça fait du clic»

Mais tout cela appartient désormais au passé, selon les nouvelles directives du gouvernement.

Comment Poutine justifie ces mesures?

Un proche de l'administration russe a déclaré que ces restrictions sont «nécessaires pour que les Russes ne considèrent pas les combattants comme des criminels potentiels et ne craignent pas leur retour».

La source a également déclaré que du point de vue russe, de bons journalistes «patriotes» n’auraient de toute façon pas publié des articles sur cette thématique. «Même sans l'intervention de Poutine, ils auraient compris que des articles de ce genre étaient inappropriés».

La machine de propagande tourne à plein régime

Il suffit d'un regard sur les médias pro-Kremlin pour s'en rendre compte. Par exemple, les tabloïds populaires Komsomolskaïa Pravda et Moskovsky Komsomolets n’ont pas écrit une ligne sur les crimes des soldats.

Dans leurs colonnes, on trouve des articles positifs sur les combattants de retour du front et sur le déroulement de la guerre en général. Mardi, la «Komsomolskaïa Pravda» titrait: «Héros de l'opération spéciale ‹Z›: le sous-lieutenant Mongush a sauvé un camarade blessé.»

Un autre papier concernait l’histoire émouvante d’un soldat. Il est revenu de la guerre «avec des bouquets de fleurs pour sa femme et sa mère». La source citée par le média en exil «Meduza» a réagi: «Il y a une volonté de montrer que les soldats revenant du front sont des gens vraiment polis, sensibles et attentionnés.»

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Video: watson
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