Il est désormais bien connu que la Russie a orienté son économie vers la production d'armes et d'autres équipements de guerre. Mais si l'on en croit le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius, les projets russes vont plus loin qu'on ne le pense. Selon lui, le Kremlin produit actuellement plus d'armes et de munitions qu'elle n'en a besoin dans sa guerre contre l'Ukraine.
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Le ministre allemand en a également profité pour émettre quelques mises en garde à propos des ambitions militaires de Poutine.
Les journalistes ont aussi interrogé Boris Pistorius sur son opinion concernant les évaluations des républiques baltes quant à la possibilité d'une attaque future de la Russie contre le territoire de l'Otan. Le politicien du Parti social-démocrate (SPD) a affirmé que cela équivaudrait finalement à prédire l'avenir.
Les spéculations vont donc bon train sur l'éventualité que la Russie envisage de cibler d'autres pays que l'Ukraine. Mais que sait-on concrètement des projets de la Russie?
Le ministre de la Défense a déjà assuré à plusieurs reprises par le passé qu'il pensait qu'une attaque de la Russie contre d'autres pays était possible. Cela peut paraître improbable dans l'immédiat, mais cela pourrait rapidement changer, selon Boris Pistorius.
De nombreux militaires et hommes politiques occidentaux de haut rang font des estimations similaires. Toutefois, le calendrier diffère toujours. Le Financial Times a par exemple rapporté en février que la Russie voulait doubler ses effectifs aux frontières avec la Finlande et les pays baltes, se préparant ainsi à un conflit avec l'Otan dans les dix prochaines années. Des informations que le média aurait reçues des services secrets estoniens.
En février, c'est le ministre danois de la Défense Troels Lund Poulsen qui a évoqué une possibilité que la Russie puisse mettre à l'épreuve l'article cinq du traité de l'Otan et donc la fidélité à l'alliance des pays partenaires d'ici trois à cinq ans.
Le président du comité militaire au sein de l'Otan, Rob Bauer, a en revanche parlé d'un délai de trois à sept ans, une période que la plupart des experts dans les pays de l'organisation considèrent plus réaliste.
La Russie a jusqu'à présent nié tout projet d'attaque contre d'autres pays. Il y a environ un mois, le président Vladimir Poutine a assuré devant des pilotes de l'armée de l'air que l'idée d'une attaque russe contre des pays comme la Pologne, la République tchèque ou les pays baltes était «une absurdité totale». Cependant, de telles affirmations ont été tenues par les Russes avant le début de la guerre contre l'Ukraine et notamment en décembre 2021, lorsque Vladimir Chichov, ambassadeur russe auprès de l'UE, avait assuré au média allemand Welt qu'aucune troupe n'était alors «engagée dans les préparatifs d'une invasion de l'Ukraine».
Le fait est en tout cas que la Russie a entre-temps orienté son économie vers la production d'armes, de munitions et d'autres équipements de guerre. Les entreprises travaillent en trois équipes par jour, a confié Poutine lors de son discours sur l'état de la nation fin février. Selon les prévisions de l'Institut de Vienne pour les comparaisons économiques internationales (WIIW), l'économie russe connaîtra cette année une croissance de 2,8% et l'année prochaine une expansion un peu plus lente de 2,5%.
En cette période de boom économique, Poutine peut compter sur des recettes fiscales florissantes, a déclaré mercredi Vasily Astrov du WIIW. «Poutine ne manquera pas d'argent pour la guerre», a estimé l'expert russe.
Les scénarios varient toutefois aussi parce que la suite de la guerre devrait dépendre fondamentalement de l'évolution de la situation en Ukraine. «Si la Russie perd la guerre, les dirigeants russes devront recalculer. Leur attention et leurs ressources continueraient probablement à aller vers l'Ukraine, l'Europe ne serait plus au centre de leurs préoccupations», a analysé le chef des services secrets estoniens, Kaupo Rosin, dans une récente interview. En cas de victoire de la Russie, les choses se présenteraient différemment du point de vue de Rosin.