Le Kremlin a rejeté, vendredi, les allégations selon lesquelles il aurait ordonné l'assassinat du chef du groupe Wagner, Evguéni Prigojine. Ce qui suscite des spéculations parmi les Occidentaux. Il a aussi fait rentrer dans le rang les paramilitaires sommés de prêter serment de «loyauté» à la Russie.
«C'est un mensonge absolu, il faut aborder cette problématique en se fondant sur des faits», a affirmé Dmitri Peskov, le porte-parole du président russe, interrogé sur les insinuations de dirigeants occidentaux selon lesquelles la présidence russe a orchestré le crash de l'avion mercredi. Il a ajouté:
Nombre des détracteurs du régime russe ou de ses ex-partisans tombés en disgrâce ont été tués ou ciblés par des tentatives d'assassinat. Le Kremlin a toujours démenti toute implication. Selon Peskov, l'enquête sur les causes de la chute de l'avion suit son cours. Il a relevé que Vladimir Poutine avait lui-même dit jeudi en «attendre les résultats».
Et Moscou n'a pas attendu pour recadrer les milliers de paramilitaires orphelins, obligés par décrets présidentiel depuis vendredi de prêter serment comme le font les soldats de l'armée régulière.
Ils devront notamment jurer «fidélité» et «loyauté» à la Russie, «suivre strictement les ordres des commandants et des supérieurs» et «respecter de manière sacrée la Constitution» russe.
Ce décret concerne les personnes enrôlées en tant que combattant volontaire, celles «contribuant à l'exécution des tâches assignées aux forces armées russes» et à d'autres «organes et formations militaires», y compris les forces de défense territoriales formées pendant le conflit en Ukraine.
Le président russe considérait Evguéni Prigojine, qu'il côtoyait depuis les années 1990, comme un traître en raison de sa rébellion armée des 23 et 24 juin.
Mais il a rendu hommage, jeudi soir, après 24 heures de silence, à un homme «talentueux» qui a commis des «erreurs» et aussi loué le rôle joué par Wagner sur le front en Ukraine.
Prigojine avait renoncé à sa mutinerie après un accord qui prévoyait son exil avec ses hommes au Bélarus et l'abandon des poursuites.
Pourtant, il a continué à se rendre en Russie et a été reçu au moins une fois au Kremlin en juin. Le mois suivant, il était au gigantesque sommet Russie-Afrique, continent sur lequel Wagner est particulièrement actif. Dmitri Peskov a néanmoins nié vendredi toute rencontre récente entre Poutine et Prigojine.
L'agence russe pour le transport aérien Rossaviatsia a confirmé qu'Evguéni Prigojine se trouvait à bord du jet privé Embraer Legacy qui effectuait un vol entre Moscou et Saint-Pétersbourg. Des expertises génétiques sont en cours pour identifier les corps des sept passagers et des trois membres de l'équipage.
On compte parmi les victimes présumées le bras droit de Prigojine, Dmitri Outkine, ex-officier d'une unité spéciale du renseignement militaire et commandant opérationnel de Wagner.
Evoquant l'enquête, Vladimir Poutine a promis qu'elle serait menée «dans son intégralité» et qu'elle aboutirait à une conclusion.
Le jet privé transportant Prigojine et sa garde rapprochée s'est écrasé en fin d'après-midi mercredi au nord de Moscou, déclenchant immédiatement les conjectures quant à un assassinat orchestré au plus élevé des échelons du pouvoir russe.
A Washington, Paris, Berlin ou Kiev, de hauts responsables ont sous-entendu que leurs soupçons se portaient sur le Kremlin. Le Pentagone a pour sa part dit n'avoir «aucune information indiquant qu'un missile sol-air» avait été tiré contre l'appareil, alors que des groupes sur Telegram proches de Wagner mentionnent cette piste.
Wagner, qui a quitté l'Ukraine après sa rébellion, reste actif en Afrique mais son avenir est désormais en suspens. Partout où il a été déployé, ce groupe est accusé d'exactions, d'exécutions extrajudiciaires et de tortures. Le Kremlin a dit vendredi ne pas savoir ce que l'organisation deviendra.
«Concernant (son) avenir, je ne peux rien vous dire là maintenant, je ne sais», a assuré Peskov. (chl/ats)