On le sait désormais: l'Ukraine a un besoin urgent de certains systèmes d'armes occidentaux pour se défendre contre les Russes. Le pays requiert notamment des chars, des avions de combat et des missiles à longue portée. Or, dans le même temps, en Occident, les discussions sur le pour et le contre de telles livraisons se révèlent interminables.
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A l'origine des débats, toutes sortes d'excuses: au début, on disait, par exemple, que former les soldats ukrainiens pour utiliser des systèmes d'armes comme le char antiaérien allemand Gepard demandait trop de temps. Au final, il s'est avéré que les Ukrainiens sont parvenus à manier bien plus rapidement que prévu le Gepard et ses deux canons Oerlikon. Bien qu'obsolète, ce char antiaérien a abattu de nombreux drones et missiles de croisière russes en Ukraine, sauvant ainsi la vie d'innombrables civils.
Les hésitations des pays fournisseurs, associées à des obstacles bureaucratiques et logistiques, ont un prix. Pendant que l'Europe et l'Amérique discutaient des livraisons, les occupants russes ont tranquillement engagé de nombreuses entreprises de construction avec de l'équipement lourd pour construire des fortifications et des tranchées sur des centaines de kilomètres dans le sud de l'Ukraine.
L'armée russe en a également profité pour créer de vastes champs de mines. Aujourd'hui, ce sont ces dizaines de milliers de mines antichars et antipersonnel qui compliquent la vie des Ukrainiens dans leur contre-offensive.
Une vidéo de drone russe, dans laquelle on voit un soldat ukrainien descendre de son véhicule de combat, s'est érigée en symbole de cette pénible situation.
Le combattant se tient debout, sur le hayon arrière, hésitant, car se doutant que son véhicule se trouve au milieu d'un champ de mines russe. Il saute et, au moment de l'impact, marche directement sur une mine antipersonnel. L'explosion lui arrache le pied. L'homme a toutefois la présence d'esprit de se mettre un garrot avant de regagner son char de grenadiers.
Au cours des discussions sur la livraison de chars de combat occidentaux, l'argument de la formation nécessaire afin de pouvoir les manier correctement a été avancé à plusieurs reprises. Berlin avait aussi peur de la réaction de Moscou.
De leur côté, les Etats-Unis ont fait remarquer que leur char de combat M1A1 Abrams n'était pas propulsé comme d'habitude par un moteur diesel, mais par une turbine à gaz. Celle-ci est optimisée pour le kérosène, mais accepte aussi du diesel ou de l'essence. Cela pourrait poser des problèmes logistiques à l'Ukraine et c'est pourquoi ils préfèrent ne pas mettre l'Abrams à disposition.
Lorsque le chancelier allemand Olaf Scholz s'est finalement décidé à livrer des chars Leopard 2, il a posé comme condition que d'autres partenaires occidentaux devaient faire de même. L'Allemagne souhaitait notamment que le grand frère américain participe à la livraison de chars de combat. Le président américain Joe Biden a ainsi décidé en janvier de fournir 31 Abrams. Actuellement, les Ukrainiens suivent une formation en Europe occidentale sur le nouvel appareil. Le premier déploiement en Ukraine n'aura peut-être lieu qu'à l'automne.
En conséquence, l'Ukraine ne dispose actuellement que d'environ 60 Leopard-2 et 14 Challenger 2 britanniques. Cela ne suffit pas pour une contre-offensive efficace. De plus, un nombre inconnu de Léopards a déjà été endommagé ou même détruit. Kiev dispose certes de centaines de chars de combat de fabrication soviétique, mais ils sont mal blindés. S'ils sont touchés, l'équipage a beaucoup moins de chances de survivre que dans les modèles occidentaux.
Le président américain Biden a également longtemps refusé de céder à Kiev des missiles ATACMS. Ceux-ci peuvent être tirés depuis le même véhicule que les missiles Himars qui, l'été dernier, avaient fait basculer le sort de la guerre en faveur des Ukrainiens sur les fronts est et sud. Alors que les Himars, très précis, ont «seulement» une portée de 80 kilomètres, les ATCMS atteignent 300 kilomètres.
Selon les médias, les Etats-Unis envisagent désormais de fournir de tels missiles à Kiev. En effet, les forces armées russes ont commencé depuis un certain temps déjà à placer leurs postes de commandement et leurs dépôts de munitions à plus de 80 kilomètres en arrière du front, afin qu'ils ne se trouvent plus dans la zone d'action des Himars. Là encore, les hésitations ont eu pour conséquence de limiter la menace que les Ukrainiens pouvaient faire peser sur la logistique russe. Tout cela a coûté du sang ukrainien.
Les Britanniques se sont engouffrés dans la brèche en livrant des missiles Storm Shadow à longue portée. Mais les Ukrainiens ont dû les installer sur leurs vieux bombardiers soviétiques Su-24, car l'Europe et les Etats-Unis discutent toujours de la manière d'amener des avions de combat américains de type F-16 en Ukraine. Au total, le retard dans la livraison de systèmes occidentaux a coûté des milliers, voire des dizaines de milliers de vies et de blessés ukrainiens.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)