L'Ukraine est actuellement sur la défensive. Les unités russes lancent régulièrement des attaques aériennes et terrestres sur plusieurs parties du front. L'armée de Kiev, qui manque de munitions et de soldats, n'a donc pour l'instant qu'une seule solution: renforcer ses positions et s'enterrer en attendant des temps meilleurs.
«Ce qui se passe actuellement est ce à quoi la Russie se préparait depuis longtemps. Elle a rassemblé suffisamment de forces et de ressources pour faire pression sur différents axes à la fois», explique Maksym Zhorin, commandant adjoint de la 3ᵉ brigade d'assaut ukrainienne qui s'est retirée d'Avdiïvka le mois dernier, au Wall Street Journal.
Selon le quotidien américain, l'Ukraine a débloqué 800 millions de dollars pour développer les installations de défense ou construire de nouvelles tranchées. Ainsi, près de la ville d'Avdiïvka, des excavatrices seraient à l'oeuvre pour creuser la terre. Les profondes excavations devraient rendre la progression des chars plus difficile.
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Le centre de réflexion «Institute for the Study of War» (ISW) a indiqué la semaine passée, en citant des sources ukrainiennes, que les forces armées avaient construit une deuxième ligne de défense, équipée de tranchées, de bunkers en béton, de dents de dragon et d'autres fortifications.
Ce faisant, les Ukrainiens suivent l'exemple de leurs adversaires: en 2023, les troupes russes ont réussi à retarder la contre-offensive ukrainienne avec des méthodes similaires. Elles ont également posé de nombreuses mines, qui ont massivement entravé l'avancée des soldats de Kiev.
Le président Volodymyr Zelensky avait déjà reconnu en novembre la nécessité pour ses soldats d'arrêter le plus tôt possible une avancée russe. «Nous devons nous atteler à tous les fronts importants et accélérer le rythme des constructions», avait-il souligné. «La priorité est évidente.»
Pour certains experts, il n'est pas certain que les travaux avancent assez vite. «L'absence de défenses multicouches le long de la ligne de front devrait être une source d'inquiétude pour l'Ukraine», a confié au Wall Street Journal l'analyste Franz-Stefan Gady, qui a récemment visité les zones de front du Donbass.
Oleksiy Hetman, un major de la garde nationale ukrainienne, a exprimé son inquiétude quant à la capacité de son pays à construire des défenses et au fait que c'était trop peu et trop tard. «Les lignes de fortification auraient dû être construites depuis début 2022», a-t-il expliqué à la chaîne de télévision ukrainienne Espreso TV.
L'officier fait référence à des lignes défenses de défense russes qui portent le nom du général Sergueï Sourovikine. Ce dernier les avait fait construire en 2022, après l'offensive ukrainienne à Kharkiv.
En creusant, les soldats ukrainiens sur le front sont aussi, dans une certaine mesure, livrés à eux-mêmes. «Dans les circonstances actuelles, nous devons creuser, retrancher et construire nous-mêmes», a affirmé Maksym Zhorin. Il espère qu'une ligne de défense en direction de la ville de Pokrovsk, à l'ouest, sera suffisamment développée pour résister à une attaque russe attendue dans les semaines à venir.
L'Ukraine doit être plus active dans sa défense, a confirmé Zev Faintuch, analyste en chef des services secrets de la société de sécurité «Global Guardian», au magazine américain Newsweek. Cela implique des missiles à longue portée et des avions de combat capables de neutraliser les véhicules russes. Mais l'aide occidentale se fait encore attendre, du moins de la part de l'Allemagne et des Etats-Unis.
Cette année, l'Ukraine ne veut pas seulement se défendre contre les attaques russes, mais aussi reprendre l'initiative et mener des contre-offensives. Oleksandr Pavliouk, chef des forces terrestres ukrainiennes, a déclaré en début de semaine lors d'une émission télévisée vouloir sécuriser la ligne de front et infliger de gros dommages à l'adversaire.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)