Les Ukrainiens sont en difficulté. Après la prise de la ville d'Avdiivka, le 17 février dernier, les forces russes ont continué de progresser, en s'emparant de plusieurs villages limitrophes.
Les soldats de Moscou attaquent actuellement dans cinq zones de la ligne de front, rapporte la BBC. La Russie mise sur la taille de sa machine de guerre pour continuer à pousser, tandis que l'Ukraine, à court de munitions, doit rationner ses obus. De plus, l'aide occidentale s'épuise ou est retardée.
«Sur le champ de bataille, les forces armées russes privilégient la quantité à la qualité», écrivent les services de renseignement lituaniens dans un rapport publié ce jeudi.
Malgré ces dépenses, la Russie n'est pas près de manquer de ressources, pense-t-on à Vilnius. «Le pays dispose de ressources financières, humaines, matérielles et techniques suffisantes pour continuer à se battre avec la même intensité pendant une période allant jusqu'à deux ans», poursuit le rapport.
La Russie mise sur «une guerre d'usure», s'appuyant sur une «lassitude croissante à l'égard de la guerre en Occident» et «la diminution de la volonté de combattre chez les Ukrainiens», poursuit la publication. Qui note qu'en 2023, Moscou «a pu non seulement reconstituer son groupement militaire en Ukraine, lequel avait subi de lourdes pertes l'année d'avant, mais aussi le renforcer».
On peut se demander comment le Kremlin arrive à réaliser ces objectifs, malgré les sanctions occidentales et les lourdes pertes subies lors des deux dernières années de guerre. Les plus récentes estimations américaines font état de quelque 120 000 soldats tués. Selon le site de référence Oryx, Moscou a perdu près de 3000 chars, une centaine d'avions et autant d'hélicoptères, ainsi que des milliers de blindés et des centaines de pièces d'artillerie.
La réponse est à chercher dans l'économie russe, qui «se porte mieux que prévu», avance le renseignement lituanien. Cette situation s'explique par «les prix élevés du pétrole, les dépenses publiques et la capacité de Moscou à contourner les sanctions».
La Russie est certes «dépendante des technologies étrangères», mais elle a trouvé des moyens pour «importer des composants et des équipements étrangers par l'intermédiaire de pays tiers», note le rapport. Il s'agit notamment de «pays d'Asie centrale et du Caucase du Sud».
Depuis le début de l'invasion, Moscou mise de de plus en plus sur l'industrie militaire, devenue «le vrai moteur de l'économie russe». Elle «accumule des ressources financières, matérielles et humaines au détriment des autres secteurs de l'économie».
Le rapport indique toutefois que cette situation ne pourra pas durer éternellement. «La croissance actuelle de l'industrie militaire est motivée par des facteurs à court terme et a ses limites». De nouvelles sanctions, ainsi qu'une pénurie de main d'oeuvre qualifiée, pourront menacer l'économie russe.
L'Iran et la Corée du Nord, eux-mêmes soumis à des sanctions, «fournissent à la Russie les armes et les munitions dont elle a besoin pour poursuivre la guerre». Les drones iraniens, certes rudimentaires, ont «contribué à réduire les défenses aériennes de l'Ukraine, tout en permettant à Moscou de sauvegarder son arsenal de missiles».
En 2023, la Corée du Nord a commencé à livrer des munitions à grande échelle, «signe de la volonté de la Russie de maintenir l'intensité des combats», poursuit le rapport.
Tout laisse donc entendre que la Russie ne veuille pas faire marche arrière. «Même s'il n'atteint pas ses objectifs opérationnels, il est peu probable que le Kremlin les abandonne», note le renseignement lituanien.
La fin de la guerre n'est donc pas en vue. A court terme, la Russie continuera à chercher à étendre son contrôle aux frontières des quatre régions occupées (Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia), estime Vilnius. A long terme, les objectifs de la Russie resteront probablement les mêmes qui ont motivé son invasion: «saper complètement le statut d'Etat de l'Ukraine, assurer son statut de neutralité et détruire son potentiel militaire». (asi)