Cela fait maintenant deux bonnes semaines que l'armée ukrainienne a lancé sa très attendue contre-offensive dans les territoires occupés dans le sud et l'est du pays. Les informations provenant chaque jour du front font état de «combats dans plusieurs directions» et de «gains territoriaux limités».
👉 Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine 👈
Depuis le début des opérations, dimanche 4 juin, les troupes de Kiev ont libéré huit localités et plus de 113 km2 de territoire, a déclaré mercredi le premier ministre ukrainien Denys Chmyhal. Pas exactement ce qu'on appelle une avancée fulgurante. Des responsables occidentaux interrogés jeudi par CNN sous couvert d'anonymat évoquent même un demi-échec:
En cause, les lignes de défenses russes, qui s'avèrent «bien fortifiées» et «difficiles à franchir» par les attaquants. De plus, les blindés ukrainiens se sont révélés particulièrement «vulnérables» face aux mines russes, tandis que les forces de Moscou se défendent de manière «compétente» et ont déployé leur puissance aérienne de façon plus efficace.
Les autorités ukrainiennes reconnaissent que la situation est difficile. «Malheureusement, pendant que nous préparions cette contre-offensive, les Russes ont fait de même. De nombreux champs de mines ralentissent nos mouvements», a affirmé Denys Chmyhal. Même le président Volodymyr Zelensky a avoué que les choses progressent «plus lentement que prévu», tout en soulignant que:
«Il est clair que les gens veulent que ce soit comme un film, mais la guerre est une situation complètement différente», abonde la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Malyar, sur sa chaîne Telegram. Elle résume: «Nous avancerons progressivement, avec difficulté, face à la furieuse résistance de l'ennemi».
Pour l'heure, les forces ukrainiennes progressent «à petits pas», «remportent des succès partiels, repoussent l'ennemi et consolident leurs positions», ajoute-t-elle. Les combats se concentrent actuellement dans les zones de Melitopol et Berdyansk, dans la région de Zaporijia, et en direction de Lyman, Bakhmout, Avdiivka et Mariinsky, dans la région de Dotensk. Les affrontements les plus «difficiles» ont lieu dans les districts de Dibrova, Serebrianka et Hryhorivka. Hanna Malyar évoque la résistance acharnée des Russes, qui «continuent d'attaquer», malgré «des pertes importantes».
Tout n'est pas forcément négatif, pourtant. Les responsables occidentaux interrogés par CNN ont reconnu que la contre-offensive en était encore à ses débuts et se montrent confiants. Les Etats-Unis et leurs alliés «gardent l'espoir» que les forces ukrainiennes réaliseront des gains significatifs, affirment-ils.
C'est ce qu'estiment également les analystes du centre de réflexion américain Institute for the study of war (ISW), selon lesquels la contre-offensive n'a pas encore atteint sa phase culminante.
En procédant par des attaques localisées, les Ukrainiens sont «probablement en train de créer les conditions pour une future contre-offensive majeure», poursuit l'ISW. Pour préparer le terrain à des avancées plus importantes, les attaquants vont tenter «d'épuiser et de dégrader» les forces ennemies. Et cela prendra du temps, prévient l'ISW. Il ne faudrait donc pas s'attendre à des percées spectaculaires dans l'immédiat.
L'ancien colonel des Marines John Barranco partage le même avis: «Une fois que les Ukrainiens auront atteint les fortifications russes à plusieurs niveaux, la phase la plus difficile de la contre-offensive commencera», écrit-il dans un commentaire publié par le think tank Atlantic council.
Si l'Ukraine parvient à percer la ligne défensive russe et les champs de mines «en deux ou trois endroits», cela pourrait fournir plusieurs axes de progression à exploiter, poursuit l'ex-militaire.
Comme l'ISW, Barranco pense lui aussi que cela ne se fera pas en deux jours. Il s'agira d'une «longue bataille avec des pertes importantes», prévient-il.
Les prochaines semaines nous diront si les hypothèses des spécialistes occidentaux vont se concrétiser. De son côté, Hanna Malyar assure que les forces de Kiev progressent «avec beaucoup de confiance». Et de conclure: