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Guerre contre l'Ukraine

Zelensky-Poutine: un sommet en Suisse? Un expert nuance

Poutine et Zelensky en Suisse? Voici ce qu'en pense cet expert.
Poutine et Zelensky lors d'un sommet sur la paix en Suisse? Voici ce qu'en pense cet expert.

Un sommet Zelensky-Poutine en Suisse est-il crédible? Un expert décrypte

Le Palais fédéral a accueilli un moment historique, jeudi. La salle du Conseil national a résonné des paroles de Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien a appelé la Suisse à organiser une conférence pour la paix. Qu'en est-il? Un expert décrypte.
16.06.2023, 06:0817.06.2023, 12:47
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Il est 14 heures pile, ce jeudi après-midi. Le président du Conseil national, le Grison Martin Candinas, entame un court discours destiné à introduire un invité très spécial. Quelques secondes plus tard, les écrans disposés dans la chambre basse du Parlement s'allument. Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, apparaît.

La visioconférence a d'ailleurs été boycottée par l'UDC:

Durant une dizaine de minutes, il offre son message aux parlementaires helvétiques. Il rappelle les valeurs communes entre la Suisse et l'Ukraine, remercie les autorités d'avoir appliqué les sanctions de l'Union européenne (UE) contre la Russie, évoque la réexportation d'armes suisses en Ukraine. Et puis, cette phrase, formulée de manière un peu vague – mais assurée:

«Je m'adresse à vous pour vous inviter à organiser un sommet mondial pour la paix. C'est là que la Suisse a son expertise»
Volodymyr Zelensky
Ukrainian President Volodymyr Zelensky is displayed on screens during his speech to the members of the Swiss parliament, in Bern, Switzerland, Thursday, June 15, 2023. (KEYSTONE/Peter Klaunzer)
Le message a été présenté sur divers écrans disposés dans la salle.Keystone

«L'Ukraine a tout intérêt à choisir la Suisse»

«Je pense qu'il s'agit plus d'une stratégie diplomatique et de communication publique que d'une vraie proposition», estime Jussi Hanhimäki, professeur en politique extérieure et historien des relations internationales au Graduate institute de Genève.

«On peut dire qu'en parallèle de la contre-offensive militaire en route en Ukraine par Kiev, nous voyons ici une offensive diplomatique»
Jussi Hanhimäki, Graduate Institute, Genève
Jussi Hanhimäki, Graduate Institute
Jussi Hanhimäki est professeur au Graduate institute de Genève, l'Institut des hautes études internationales et du développement. dr

Le professeur rappelle d'ailleurs que l'on ne dispose d'aucun détail sur l'organisation de cette conférence. Il analyse: «Il faut se rappeler que d'autres pays, dont la Chine, se sont mis à disposition pour accueillir un sommet de ce genre.»

«Les Ukrainiens ont tout intérêt à ce que ce soit un pays non seulement neutre, mais aussi européen et démocratique, avec des valeurs communes, qui l'accueille»
Jussi Hanhimäki, Graduate Institute, Genève

«Les pourparlers débutent en secret»

Car Volodymyr Zelensky n'a jamais caché que son objectif était la victoire totale sur la Russie et la reprise de tous les territoires occupés. Dans son esprit, des pourparlers de paix seraient la porte ouverte à des concessions territoriales à Poutine. Un scénario impossible pour le président ukrainien, qui déclarait encore il y a quelques semaines aux Pays-Bas:

«Sans justice, pas de paix»
Volodymyr Zelensky, mai 2023

Le président ukrainien a-t-il changé d'avis et est-il désormais ouvert aux négociations? «Je pense que non», rétorque d'emblée Jussi Hanhimäki. «Mais la porte à cette idée reste ouverte.» Il nuance:

«La victoire totale devient difficile à entrevoir pour les Ukrainiens et il est possible que Zelensky soit, à terme, ouvert aux négociations»
Jussi Hanhimäki

Pour autant, le contexte dans lequel cette proposition a été lancée ne convainc par le professeur: «Des pourparlers destinés à signer la paix, cela commence d'habitude en secret via des canaux diplomatiques fermés, et pas de manière ouverte lors d'un discours public comme celui-ci en proposant à un pays organisateur une conférence.»

Poutine-Zelensky à Genève: un scénario crédible?

A partir de ce point, on tombe dans la politique-fiction. Pourtant: souvenez-vous de la conférence entre Joe Biden et Vladimir Poutine, en mars 2021, à Genève. Pourrait-on s'imaginer la même, mais avec Zelensky à la place de l'Américain?

«Pour la Suisse, ce serait la continuation d'une histoire ancienne, d'un pays qui accueille toute sorte de diplomatie multilatérale de haut niveau», explique Jussi Hanhimäki. «Pour l'Ukraine et la Russie, cela pourrait vite tourner en guerre de la propagande sur une plateforme considérée comme neutre. La Suisse serait alors utilisée pour servir leurs intérêts nationaux.» Il tient cependant à être clair:

«Mais je pense qu'on est assez loin de ce scénario»
Jussi Hanhimäki, Graduate institute, Genève
La catastrophe du barrage Kakhovka en images
Video: watson
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