Volodymyr Zelensky s'est exprimé, jeudi après-midi, devant le Parlement suisse. La décision fait déjà jaser dans les couloirs du Palais fédéral, certains estimant que cette prise de parole, autorisée par les bureaux du Conseil national et des Etats, entache encore plus l'image de la neutralité de la Suisse à l'étranger.
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Parmi eux, Thomas Aeschi, chef du groupe UDC aux Chambres, avait annoncé que le parti ne participerait pas à l'évènement. Peut-on parler de boycott? Car Zelensky devait s'exprimer à 14 heures, durant la pause de midi des parlementaires, étendue pour l'occasion jusqu'à 15 heures.
Autrement dit, non seulement rien n'obligeait les députés à y assister, mais en théorie, cela ne fait pas partie du planning de la journée, ni du National, ni des Etats. Une pirouette qui permet d'accueillir le président ukrainien sans empiéter sur le travail des deux Chambres et surtout, n'oblige aucun député à y participer.
Il n'empêche, la décision de l'UDC de ne pas assister au discours de Zelensky fait réagir dans les rangs socialistes. Contacté, le Vaudois Roger Nordmann n'y va pas de main-morte:
Celui qui est encore chef de file des socialistes aux Chambres fédérales durant quelques mois, fait d'ailleurs remarquer que les hackers pro-russes qui ont pris d'assaut les sites de plusieurs communes romandes ont nommément cité l'UDC dans leur texte. Une preuve s'il en est, selon lui, que le parti conservateur sert la propagande de Poutine.
Le conseiller national UDC fribourgeois Pierre-André Page, par exemple, n'assistera pas à l'allocution du président ukrainien. «J'ai déjà une séance de prévue», explique-t-il à watson. Mais ce n'est bien sûr pas la seule raison, il y en a une autre, qu'il assume:
Pour l'agriculteur, la «Suisse a fait tout faux en prenant position. Nous avions la possibilité de rester neutres et d'utiliser nos bons offices pour promouvoir la paix, comme on le fait justement avec le déminage ou la Conférence de Lugano pour la reconstruction. Mais avec les sanctions, on a pris position pour un des belligérants». Pour lui, c'est clair:
Le Fribourgeois estime qu'une partie du Parlement a pris position dans la guerre, ce qu'il dit regretter. Il ajoute:
D'autres membres de l'UDC sont sur la même ligne, à l'image du Valaisan Jean-Luc Addor, qui semble renvoyer dos-à-dos l'agresseur et l'agressé:
Il précise:
Autre son de cloche du côté gauche du Conseil national. La députée socialiste vaudoise Brigitte Crottaz estime qu'il est «dommage que les députés UDC n'aient pas envie d'entendre ce que Zelensky a à dire, alors que l'Ukraine subit une violation du droit international. La neutralité ne peut pas permettre une telle indifférence ou une absence d'intérêt pour la situation». Pour elle, il est même regrettable que la vidéoconférence ait lieu durant la pause de midi, élargie pour l'occasion:
«Si elle avait eu lieu durant les heures de travail, cela aurait été un boycott clair et net», considère la socialiste. Elle aurait d'ailleurs apprécié que l'UDC reste au moins pour assister au message de Zelensky, quitte à le critiquer par la suite: «Si une partie du parlement veut ensuite réagir, elle y a le droit, mais c'est dommage de ne pas venir écouter».