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Politique

Zelensky au Parlement suisse: l'UDC boycotte, le PS s'énerve

«L'UDC, parti vassal de Poutine»: le boycott de Zelensky passe mal à gauche

L'UDC n'a pas assisté à la vidéoconférence de jeudi après-midi, lors de laquelle Volodymyr Zelensky s'est adressé au Parlement. La gauche est en colère. L'UDC explique s'en tenir à une vision stricte de la neutralité.
15.06.2023, 12:0515.06.2023, 17:17
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Volodymyr Zelensky s'est exprimé, jeudi après-midi, devant le Parlement suisse. La décision fait déjà jaser dans les couloirs du Palais fédéral, certains estimant que cette prise de parole, autorisée par les bureaux du Conseil national et des Etats, entache encore plus l'image de la neutralité de la Suisse à l'étranger.

👉Le discours de Zelensky et l'actu sur la guerre sont à suivre dans notre direct👈

Parmi eux, Thomas Aeschi, chef du groupe UDC aux Chambres, avait annoncé que le parti ne participerait pas à l'évènement. Peut-on parler de boycott? Car Zelensky devait s'exprimer à 14 heures, durant la pause de midi des parlementaires, étendue pour l'occasion jusqu'à 15 heures.

Autrement dit, non seulement rien n'obligeait les députés à y assister, mais en théorie, cela ne fait pas partie du planning de la journée, ni du National, ni des Etats. Une pirouette qui permet d'accueillir le président ukrainien sans empiéter sur le travail des deux Chambres et surtout, n'oblige aucun député à y participer.

«Parti vassal de Poutine»

Il n'empêche, la décision de l'UDC de ne pas assister au discours de Zelensky fait réagir dans les rangs socialistes. Contacté, le Vaudois Roger Nordmann n'y va pas de main-morte:

«C'est inadmissible. L'UDC est le parti vassal de Poutine en Suisse»
Roger Nordmann, SP-VD, spricht zum Krieg in der Ukraine, am ersten Tag der Fruehlingssession der Eidgenoessischen Raete, am Montag, 28. Februar 2022 im Nationalrat in Bern. (KEYSTONE/Alessandro della  ...
Roger Nordmann (PS/VD).Image: KEYSTONE

Celui qui est encore chef de file des socialistes aux Chambres fédérales durant quelques mois, fait d'ailleurs remarquer que les hackers pro-russes qui ont pris d'assaut les sites de plusieurs communes romandes ont nommément cité l'UDC dans leur texte. Une preuve s'il en est, selon lui, que le parti conservateur sert la propagande de Poutine.

«Zelensky veut recevoir des armes»

Le conseiller national UDC fribourgeois Pierre-André Page, par exemple, n'assistera pas à l'allocution du président ukrainien. «J'ai déjà une séance de prévue», explique-t-il à watson. Mais ce n'est bien sûr pas la seule raison, il y en a une autre, qu'il assume:

«Comme je suis favorable à la neutralité, je pense que c'est inopportun d'avoir une audition dans le Parlement d'un belligérant d'une guerre»
Pierre-André Page (UDC/FR).
Pierre-André Page (UDC/FR).Keystone

Les ambiguïtés de l'UDC vis-à-vis de la Russie de Poutine👇

Pour l'agriculteur, la «Suisse a fait tout faux en prenant position. Nous avions la possibilité de rester neutres et d'utiliser nos bons offices pour promouvoir la paix, comme on le fait justement avec le déminage ou la Conférence de Lugano pour la reconstruction. Mais avec les sanctions, on a pris position pour un des belligérants». Pour lui, c'est clair:

«Cela signifie qu'on a perdu notre neutralité. La Confédération a fait une grave erreur stratégique»
Pierre-André Page (UDC/FR)

A propos de déminage suisse en Ukraine👇

Le Fribourgeois estime qu'une partie du Parlement a pris position dans la guerre, ce qu'il dit regretter. Il ajoute:

«Monsieur Zelensky, qui est un ancien acteur, va venir faire une grande démonstration, car il veut certainement recevoir des armes»
Pierre-André Page (UDC/FR)
Zelensky doit-il s'exprimer devant le Parlement?
Au total, 344 personnes ont participé à ce sondage.

D'autres membres de l'UDC sont sur la même ligne, à l'image du Valaisan Jean-Luc Addor, qui semble renvoyer dos-à-dos l'agresseur et l'agressé:

«Nous ne voulons ni d’un discours du président Zelensky au Parlement, ni d’un discours du président Poutine»
Jean-Luc Addor (UDC/VS)
Jean-Luc Addor, SVP-VS, spricht zur Grossen Kammer an der Sommersession der Eidgenoessischen Raete, am Mittwoch, 31. Mai 2023 im Nationalrat in Bern. (KEYSTONE/Alessandro della Valle)
Jean-Luc Addor (UDC/VS)Keystone

Il précise:

«Cette mise en scène malheureusement acceptée représente une forme intolérable d’ingérence de l’étranger sur notre pays. Le favoritisme manifesté ostensiblement par le Parlement fédéral constitue une violation crasse de notre neutralité et ne peut que renforcer la Russie dans l’idée que la Suisse n’est plus qu’un valet de l’Otan, donc des Etats-Unis.»
Jean-Luc Addor (UDC/VS)

«Ça aurait été la moindre des choses de participer»

Autre son de cloche du côté gauche du Conseil national. La députée socialiste vaudoise Brigitte Crottaz estime qu'il est «dommage que les députés UDC n'aient pas envie d'entendre ce que Zelensky a à dire, alors que l'Ukraine subit une violation du droit international. La neutralité ne peut pas permettre une telle indifférence ou une absence d'intérêt pour la situation». Pour elle, il est même regrettable que la vidéoconférence ait lieu durant la pause de midi, élargie pour l'occasion:

«Je trouve désolant que la vidéo n'ait pas lieu durant les heures officielles de session, ce qui fournit une bonne excuse pour ne pas y assister»
Brigitte Crottaz (PS/VD).
Brigitte Crottaz (PS/VD).Keystone

«Si elle avait eu lieu durant les heures de travail, cela aurait été un boycott clair et net», considère la socialiste. Elle aurait d'ailleurs apprécié que l'UDC reste au moins pour assister au message de Zelensky, quitte à le critiquer par la suite: «Si une partie du parlement veut ensuite réagir, elle y a le droit, mais c'est dommage de ne pas venir écouter».

«Je pense que ça aurait été la moindre des choses de participer, quitte à montrer son désaccord en quittant la salle par la suite si des propos ne plaisent pas»
Brigitte Crottaz (PS/VD)
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