Les images sont lunaires. Sur une vidéo partagée par des blogueurs militaires russes le 22 juillet, on voit des motos de cross équipées d'une sorte de porte-bagage rudimentaire, sur lequel est montée une mine terrestre UDSh.
La caractéristique principale de cette mine de conception russe est d'émettre une épaisse fumée blanche pendant une dizaine de minutes; elle est normalement utilisée lors des entraînements pour indiquer qu'une mine terrestre a explosé, ou pour simuler une mine chimique.
La vidéo, tournée par un drone, montre ensuite ces motos serpenter dans des terrains boisés proches de la ligne de contact, dégageant un long panache de fumée. «Des militaires russes ont monté une bombe fumigène UDSh sur leur moto», se contente de dire la légende accompagnant les images. Mais pourquoi?
Selon le Kyiv Post, l'objectif de l'opération était d'ériger un écran de fumée, afin de masquer le champ de bataille aux drones et à l'artillerie ukrainienne. «Le problème, c'est que cette stratégie a eu l'effet inverse», constate, avec une satisfaction évidente, le média ukrainien.
«Au lieu de cacher le véhicule, la fumée agit comme un pointeur qui montre exactement où la moto se trouve», poursuit le Kyiv Post. «Ce qui permet à un drone de surveillance ou d'attaque de mieux la cibler».
La vidéo ne permet pas de voir si cela a effectivement eu lieu. Pourtant, se faire remarquer pourrait être précisément l'objectif de ces motos fumigènes, avance le Tages-Anzeiger.
La tactique serait la suivante: au risque de sa vie, le conducteur pénètre dans la zone contrôlée par l'Ukraine. Tant qu'il ne rencontre pas de soldats ennemis, il peut continuer sa course, estime le quotidien zurichois. Les soldats à moto sont suivis par des drones. Grâce à la fumée, les Russes voient exactement qui va le plus loin et détectent ainsi les faiblesses dans la défense adversaire. Il ne reste plus qu'à lancer une attaque à cet endroit.
Il s'agit d'une approche d'une «efficacité douteuse», commente le Tages-Anzeiger. Lequel remarque cependant que les Russes détiennent l'initiative sur le champ de bataille depuis des mois. «L'avancée russe se déroule lentement, mais semble inéluctable», conclut-il. (asi)