C'est l'une des surprises de cette guerre: depuis le début de l'invasion, les véhicules militaires russes se font décimer par les défenseurs ukrainiens. Les informations fournies par Kiev, qui ne peuvent pas être vérifiées, font état de 732 chars, 1946 blindés, 1406 véhicules et 76 camions-citernes détruits.
Le blog spécialisé Oryx, qui base ses estimations sur des images repérées sur internet, formule des chiffres plus bas, mais tout aussi impressionnants: l'armée russe aurait déjà perdu 2783 véhicules, dont 485 tanks et plus de 800 blindés.
These are the indicative estimates of Russia’s combat losses as of April 12, according to the Armed Forces of Ukraine. pic.twitter.com/WrRHNuZExD
— The Kyiv Independent (@KyivIndependent) April 12, 2022
Qu'on choisisse une version ou une autre, une chose est sûre: les routes et les campagnes ukrainiennes sont un endroit périlleux pour les convois russes, constamment ciblés par des défenseurs équipés de puissants lance-missiles portables fournis par l'Occident.
Le fait que les soldats russes cherchent à protéger leurs véhicules (et eux-mêmes) des embuscades n'a à priori rien d'étonnant. Sauf que cette «protection supplémentaire» prend des formes plutôt créatives.
Début mars, des images ont commencé à circuler sur les réseaux et les sites spécialisés: on y voit trois Kamaz, le camion de base de l'armée russe, recouverts de rondins, troncs, palettes de bois et même des boîtes en carton, utilisés comme une sorte de blindage improvisé et artisanal.
Les rondins empilés sur l'avant du camion, qui semblent avoir été coupés sur place, sont probablement destinés à protéger les radiateurs des tirs d'armes légères, rapporte The Drive. On ignore encore dans quelle mesure ils sont efficaces, poursuit le site, qui constate: «tout est mieux que rien».
Efficaces ou non, ces retouches artisanales sont de plus en plus populaires. Un mois après ces premiers signalements, il semblerait que la pratique se généralise et évolue: les images en provenance d'Ukraine font état de blindages de plus en plus sophistiqués.
Ce camion photographié dans la région de Kharkiv est probablement l'exemple le plus impressionnant:
Les rondins et les palettes de bois ont laissé la place à des plaques métalliques coupées pour adhérer à la cabine du véhicule. De plus, elles sont munies d'ouvertures prévues pour le conducteur et pour les phares.
Plus efficaces que les solutions à base de bois, ces cabines blindées devraient protéger les occupants contre les éclats d'obus et certains tirs d'armes légères, mais seraient peu utiles face à l'impact direct d'une arme plus lourde.
Cette image suggère que des ateliers ont été mis en place sur le terrain pour assembler ces blindages, indique encore The Drive. Mais les nombreux exemples ne montrent pas toujours ce niveau d'expertise. Parfois, les conducteurs se contentent de pièces de ferraille, accrochées à la va-vite autour de l'habitacle du camion:
D'autres fois, des plaques de fer sont couplées avec les fameux rondins de bois:
A noter que le bois reste très populaire, probablement faute de mieux. Même les tanks semblent s'en servir:
Parfois, les soldats russes recyclent des composants appartenant à l'origine à d'autres véhicules blindés, probablement détruits ou mis hors d'état de nuire. Une photo montre par exemple un Kamaz arborant une plaque frontale récupérée d'un APC MT-LB:
Sur une autre photo, c'est même un gilet pare-balles qui est accroché aux fenêtres du camion:
Tous ces exemples trahissent une situation très rude sur le terrain. Equipés de ces protections grossières et personnalisées, ces camions ressemblent plus à des véhicules sortis du film «Max Max» qu'à l'armée d'une grande puissance, estiment certains observateurs occidentaux.
De leur côté, les Ukrainiens ont inventé un surnom encore moins glorieux: «l'armée artisanale». (ats)