Faire la guerre, ce n'est pas seulement utiliser des armes. C'est aussi bien les utiliser. Et parfois, savoir se montrer débrouillard et inventif pour prendre l'ascendant sur l'adversaire et pouvoir le surprendre peut faire toute la différence.
👉 Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine 👈
Un vidéo circulant sur le réseau X, depuis quelques jours, montre ainsi l'idée originale qu'ont eue les soldats russes en Ukraine. Ils utilisent un camion-nacelle de chantier pour faire monter en hauteur un homme muni d'un lance-roquettes antichar.
L'idée? Avoir la vue dégagée depuis cette tour improvisée, pouvoir frapper efficacement et voir de loin les chars ukrainiens, note Forbes. Avec certains types de lanceurs — à guidage laser, par exemple — il est ainsi possible, techniquement, de toucher un char à plusieurs kilomètres de distance.
Une idée originale qui dénote le «système D» des troupes de Poutine, qui font au mieux avec les moyens du bord.
L'idée comporte toutefois aussi ses inconvénients. En hauteur, le soldat à découvert fait une cible facile pour les troupes ennemies qui peuvent l'engager au fusil, sans même parler des snipers. Comme on peut le voir dans la vidéo, les Russes placent donc le véhicule entre plusieurs arbres pour camoufler au mieux le véhicule et le porteur du lance-roquettes.
De plus, la nacelle n'est pas forcément toujours très stable, ce qui peut rendre le tir compliqué. Le magazine américain note également que le temps nécessaire à monter en position puis à en redescendre après le tir est plutôt long au regard de la position de vulnérabilité du soldat. Puis, il faut déplacer rapidement le véhicule pour éviter de subir un contre-tir de batterie ennemie.
Le rapport coût-bénéfice sur le champ de bataille se pose donc. Plusieurs commentateurs mettent en relief la lenteur et les limites de ce système: les efforts fournis sont élevés pour ne tirer qu'une roquette antichar – avant de devoir déguerpir rapidement.
Et puis, il y a les coûts tout court: ces engins de chantier coûtent pas loin d'un demi-million de francs pièces. Les Russes comptent-ils juste utiliser ces engins civils jusqu'à ce leur «stock» disparaisse?
Forbes rappelle que faire monter une pièce de tir plusieurs mètres au-dessus du sol avec un bras mécanique ne date pas d'hier: les Britanniques ont développé le premier prototype du genre durant la Seconde Guerre mondiale. Et durant la Guerre froide, les Allemands de l'Ouest en avaient fait une de leurs spécialités.
Car quand il s'agit de frapper un char adverse à moyenne ou longue distance, la hauteur de tir est importante, explique Forbes. Et d'illustrer avec les chars américains M2 Bradley, qui peuvent être hauts de 3,4m — un mètre de plus que les chars M1 Abrams — et sont parfois utilisés pour tirer des missiles antichars filoguidés. Ce fut notamment le cas contre les chars irakiens lors de l'opération Tempête du désert, en 1991, avec succès.