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La Russie est à court d'armes

La Russie est à court d'armes

Le rôle de la Russie en tant qu'exportateur d'armes se réduit. Mais le Kremlin augmente ses exportations vers certains pays pour des raisons stratégiques.
21.11.2023, 05:5321.11.2023, 11:12
Malte Bollmeier / t-online
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Avant la guerre contre l'Ukraine, la Russie était le deuxième exportateur d'armes au monde après les Etats-Unis. 16% de toutes les ventes d'armes étaient le fait d'entreprises russes. Le fameux fusil d'assaut AK 47 et le bazooka RPG-7, tous deux de fabrication russe, sont les plus vendus de leur genre dans le monde, écrit le centre américain d'analyse navale (CNA) dans un rapport.

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Les armes russes sont appréciées aussi bien par les soldats que par les terroristes, sont considérées comme fiables en temps de guerre et relativement bon marché. L'AK a même fait son apparition sur le drapeau national du Mozambique.

Dépendance vis-à-vis de l'étranger

Mais depuis le début de l'invasion, la position de la Russie sur le marché évolue: elle devient de plus en plus dépendante des livraisons d'armes étrangères. Ses meilleurs clients se retirent et misent beaucoup sur leur propre production. D'ailleurs, la Russie utilise elle-même une grande partie de ses armes, notamment parce qu'aucune fin ne se dessine pour l'instant dans la guerre qui dure depuis plus d'un an et demi. Elle commence donc à manquer d'armes.

Toujours selon le CNA, entre 2013 et 2022, près des deux tiers de toutes les exportations d'armes russes ont été vendus à seulement trois clients. 9% des ventes d'armes russes sont allées à l'Egypte, 23% à la Chine et 31% au meilleur client de la Russie, l'Inde. Rien qu'au cours des cinq dernières années, l'Inde a acheté pour plus de 10 milliards de dollars US (l'équivalent de 9,2 milliards d'euros) d'équipements militaires, écrit le CNA, se référant à l'agence de presse russe Interfax.

80 millions de munitions

La Russie garde secrets les chiffres exacts de ses ventes depuis le début de la guerre en Ukraine, mais il est clair qu'avant 2022 déjà, ses gros clients avaient diminué leurs commandes. Un coup dur pour le Kremlin, car l'Inde et la Chine sont l'artère vitale de l'économie russe depuis le début des sanctions en 2022.

La Russie devient un partenaire junior de l'Empire du Milieu non seulement sur le plan politique et civil, mais aussi dans le secteur de l'armement, écrit le CNA. C'est surtout dans le domaine de la microélectronique que la Russie est fortement dépendante des livraisons chinoises. En effet, en 2021, la Russie importait encore des Etats-Unis des semi-conducteurs et des micropuces pour une valeur de 114 millions de dollars, soit 104 millions d'euros.

En raison des sanctions occidentales, la Russie doit désormais couvrir ses besoins en électronique d'une autre manière et se tourne pour cela vers la Chine. Pékin a vendu pour 500 millions de dollars (460 millions d'euros) de microélectronique à Moscou en 2022.

Hong Kong a également doublé ses exportations de semi-conducteurs vers la Russie pour atteindre 400 millions de dollars (368 millions d'euros). En outre, la Chine a envoyé à la Russie suffisamment de poudre à canon pour produire 80 millions de munitions.

La Chine, en tant que client, a jusqu'à présent plutôt rendu service à la Russie, car Pékin demande des biens d'armement que Moscou n'a pas beaucoup utilisé en Ukraine: moteurs d'avion, défense aérienne, technologie des sous-marins et hélicoptères lourds. Mais selon le CNA, la Chine mise, elle aussi, de plus en plus sur sa propre production.

La carotte et le bâton des Etats-Unis

Selon le CNA, le recul des exportations russes s'accentue également parce que les meilleurs clients du Kremlin veulent devenir plus indépendants et produire davantage d'armes eux-mêmes.

Pour moderniser son armée, l'Inde a par exemple besoin de fusils d'assaut de type AK-203, l'une des dernières variantes de l'AK 47 fabriquée en Russie. Dans le cadre de son programme Make in India, l'Inde coopère certes avec des entreprises russes, mais produit chez elle. Sur les 670 000 fusils nécessaires, seuls 70 000 proviennent de Russie. L'Inde veut produire elle-même le reste, rapporte la chaîne d'information indienne Zeenews.

Il en va de même pour l'Egypte. En outre, la politique d'armement du pays est mise sous pression par ce que l'on appelle la politique de la carotte et du bâton des Etats-Unis. D'une part, Washington sanctionne tout pays qui achète des armes au Kremlin. D'autre part, elle a annoncé en février qu'elle allait fournir à l'Egypte une aide militaire annuelle de 1,3 milliard de dollars (1,2 milliard d'euros).

Combler le vide laissé par la Russie

Selon le CNA, la Russie est dans l'embarras en ce qui concerne le commerce avec d'autres pays africains, car les clients de ces pays demandent précisément les équipements militaires que la Russie a le plus perdus pendant la guerre en Ukraine: des véhicules blindés et de l'artillerie légère. Au total, les exportations vers l'Afrique ont déjà baissé de 12% en 2022.

La situation est différente en Afrique subsaharienne, où la Russie veut réduire l'influence des anciennes puissances coloniales occidentales comme la France. Dans le sud du plus grand désert du monde, la Russie a donc remplacé la Chine en mars 2023 en tant que plus grand vendeur d'armes, écrit le CNA. Les plus gros acheteurs y sont l'Angola, le Nigeria et le Mali. Dans ce dernier pays, la troupe de mercenaires Wagner est active depuis un certain temps.

La Russie ne peut donc vendre ses armes que d'un point de vue stratégique, mais plus guère d'un point de vue économique. D'autres s'engouffrent désormais dans la brèche laissée par la baisse des exportations russes, constate le CNA: la France et la Turquie sont déjà en train de servir d'anciens clients du Kremlin.

(Traduit et adapté de l'allemand par Daphnée Lovas)

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Cette influenceuse n’existe pas et pourtant elle gagne très bien sa vie
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