Cette histoire est si folle «qu'on ne pourrait pas l'inventer». C'est ce qu'affirme le très populaire blogueur de guerre ukrainien Igor Sushko, sur son compte «War Translated», sur la plateforme X.
Voilà ce qu'on sait: dans un appel vidéo diffusé la semaine passée, un groupe d'anciens mercenaires de Wagner demande de l'aide. Leur porte-parole affirme qu'ils sont menacés d'une attaque imminente par la police et les forces spéciales russes.
Leur crime? Ces hommes auraient démantelé de leur propre chef un réseau de trafic de drogue dans les environs de Louhansk. Problème: des fonctionnaires et des policiers de la république populaire autoproclamée seraient impliqués dans l'affaire.
Le groupe Wagner, qui dépend désormais d'un régiment des troupes aéroportées russes, a immortalisé des descentes au domicile de plusieurs dealers supposés. Dans l'un des interrogatoires, un homme arrêté par le groupe s'est présenté comme un sous-lieutenant de la police militaire. Les combattants de Wagner auraient arrêté les dealers de leur propre initiative, car nombre de leurs camarades «sont morts au front sous l’emprise de la drogue».
Lors de l'interrogatoire filmé, le sous-lieutenant révèle le prix de la drogue: 1 gramme de hasch pour 1000 roubles (9,70 francs). On lui fait alors remarquer que ses complices ont encaissé 15 000 roubles pour 100 grammes. Le style de ces vidéos rappelle fortement les anciens messages d'Evgueni Prigojine, le fondateur de Wagner, tué dans un accident d'avion en août 2023.
Faute de faire confiance aux autorités locales de la République populaire autoproclamée de Louhansk, les ex-mercenaires se sont adressés à des instances supérieures en Russie pour récupérer leurs découvertes: de l'argent et de la drogue.
Dans la dernière vidéo, d'abord publiée sur Telegram, le groupe annonce qu'il se trouve actuellement près de Stakhanov, à environ 50 kilomètres à l'ouest de Louhansk, et qu'il se défendra contre toute attaque de ses propres troupes. «Nous ne nous rendrons pas», déclare leur chef, qui a été identifié comme Anton Stepanenko, 27 ans. Ils estiment n'avoir rien fait de mal, car les trafiquants de drogue qu'ils ont arrêtés pourraient tout aussi bien être des agents ukrainiens.
L'issue de cet épisode n'est pas encore claire. Igor Sushko et le compte War Translated, considéré comme sérieux, ont rapporté qu'Anton Stepanenko et certains de ses camarades ont été capturés par les forces spéciales russes. Ils auraient été interrogés et accusés d'enlèvement par l'Etat. Une information confirmée par le Kyiv Post.
Adapté de l'allemand par Tanja Maeder