Il a été l'instructeur des combattants de Wagner: cette semaine, l'ancien colonel des services secrets russes Igor Salikov s'est envolé pour les Pays-Bas. L'homme de 60 ans a affirmé qu'il était prêt à avouer les crimes de guerre de la Russie devant le Tribunal pénal international de La Haye. Salikov est accompagné par le militant russe des droits de l'homme Vladimir Osetchkine qui lui fournit une assistance juridique. Et CH Media (dont watson fait partie) a pu s'entretenir avec lui ce mercredi.
Dans une lettre écrite au procureur de la Cour pénale internationale à La Haye, Karim Khan, Salikov décrit ce qu'il a vécu en tant que membre de Wagner en 2017 en Syrie. La lettre, dont CH Media a pu obtenir une copie, explique notamment comment les fondateurs de Wagner, Evgueni Prigojine et Dmitri Utkin, ont développé le concept de «terrorisme punitif» pour s'approcher du champ pétrolier et gazier d'Al-Shair.
Mais on y apprend également que des civils syriens auraient été «torturés et brutalement exécutés»: un homme aurait été écrasé par un char, l'autre démembré vivant. Selon l'ex-instructeur des combattants de Wagner, Prigojine a exigé que tout soit enregistré sur vidéo.
Outre la Syrie, Igor Salikov a pris part à l'invasion de l'Ukraine en 2014. Il a assuré la «défense» du référendum dans le Donbass et a été témoin de la falsification des données des habitants de Donetsk lors des élections à cette époque. Le président de la commission électorale de l'époque a été contraint par des actes de violence physique. Salikov affirme avoir été témoin de tels actes de corruption et d'extorsion.
À l'époque, le Kremlin ordonnait davantage de sacrifices pour le groupe de Wagner afin de présenter les événements comme une «libération du peuple». Alexander Borodaï et Alexander Khodakovsky, chefs de la République autoproclamée de Donetsk, «ont éliminé de nombreuses personnes pour obtenir des financements et des livraisons d'armes de Moscou».
Plus tard, Salikov a été chargé de garantir la sécurité des armes envoyées de Russie à Donetsk. Pendant cette période, des commandants des forces d'occupation ont miné les routes du quartier Trudivske dans la région de Donetsk sans signaler les zones dangereuses. D'après ses informations, au moins cinq civils ukrainiens ont été tués par des mines en se rendant au travail, rien qu'en un mois et demi en 2015.
Salikov prétend aussi avoir été présent lors de crimes de guerre russes lors des affrontements pour le contrôle de l'aéroport de Donetsk le 26 mai 2014. Plus de 800 personnes ont perdu la vie et le bâtiment de l'aéroport a été complètement anéanti.
À partir de février 2022, Igor Salikov était à la tête d'une des unités de Redut, une compagnie militaire créée par le ministère de la Défense. Il affirme avoir été chargé de rechercher les membres du service de sécurité ukrainien en utilisant des listes établies par des agents secrets.
Au printemps 2022, il a assisté à l'emploi d'armes à sous-munition par les troupes russes lors de bombardements dans la région de Kiev.
En mars 2022, d'après ses propres dires, Salikov aurait reçu l'ordre d'exécuter cinq Ukrainiens détenus sous prétexte de sabotage à Gostomel. En réalité, ces individus étaient des civils. Selon le récit de Salikov, il les aurait fait creuser leurs propres tombes, mais les aurait rebouchées aussitôt puis les aurait relâchés.
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En fuyant à travers champs et forêts, ils regardaient fréquemment en arrière:
Parce qu'il n'a pas obéi aux ordres, les dirigeants de Redut l'ont menacé de prison. C'est après ça qu'il a quitté la zone de combat et s'est adressé à Vladimir Osetchkine, activiste des droits de l'homme en charge de Gulagu.net, un projet contre la corruption et la torture en Russie.
Le procureur ukrainien Yuri Belousov a indiqué à l'agence de presse Reuters qu'Igor Salikov était en contact avec ses services depuis plus de six mois:
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)