Les attaques ukrainiennes de drones et de missiles contre les installations russes en Crimée semblent avoir fini par porter leurs fruits. Selon les renseignements de l'armée britannique, Moscou serait de plus en plus frileuse à l'idée de charger ses missiles dans le port historique de Sébastopol, au sud-ouest de la péninsule de Crimée. Elle préfère désormais le faire dans celui de Novorossiïsk, une ville située plusieurs centaines de kilomètres plus à l'ouest, hors de la péninsule.
Tout cela demande toutefois un effort logistique important: la construction de nouveaux entrepôts à proximité du nouveau port est nécessaire. Les missiles restant doivent aussi être déplacés et une partie de l'équipement doit être repensé.
L'approvisionnement en missiles sur les navires de guerre est particulièrement important pour la Russie. Les croiseurs peuvent ensuite lancer entre autres des missiles Kalibr, qui peuvent parcourir jusqu'à 600 kilomètres.
Selon Kiev, la marine russe a baissé la cadence de tir de ses missiles de moyenne portée. Selon le renseignement britannique, cela indique que des changements au sein de la flotte russe de la mer Noire sont en cours. Des problèmes techniques et logistiques à Novorossiïsk auraient également posé des problèmes aux Russes.
En attaquant la péninsule de Crimée en septembre dernier, l'Ukraine a causé de graves dommages à la flotte russe de la mer Noire qui y a son siège. Le bâtiment du commandement de la marine a été touché, tout comme un sous-marin et plusieurs navires de guerre dans le port. Ces attaques de drones ont été accompagnées de plusieurs incursions réussies des troupes ukrainiennes sur la péninsule.
Moscou en a rapidement tiré les conséquences: au mois d'octobre, elle a déplacé une grande partie de sa flotte loin de la Crimée — dont trois sous-marins, deux frégates et d'autres navires de combat et de ravitaillement. Des images satellites du fournisseur Planet Labs montrent ces déplacements. Les navires sont arrivés aux ports de Feodossia, à l'est de la péninsule de Crimée, et de Novorossiïsk, sur la côte russe, en face. Ces ports se trouvent respectivement à 150 kilomètres et 330 kilomètres à l'est de Sébastopol. Une distance suffisante pour se mettre à l'abri des attaques ukrainiennes.
Le chef des services secrets ukrainiens Kyrylo Boudanov avait souligné il y a quelques mois les effets de la pression exercée sur la flotte russe. «Nos attaques ont paralysé la flotte russe», avait alors assuré le chef des services secrets.
En conséquence, les zones dans lesquelles les navires russes patrouillent se déplacent. Au lieu de naviguer à l'ouest de la mer Noire, entre Sébastopol et Odessa, la flotte russe se contenterait de tirer des missiles vers l'Ukraine, mais depuis des positions plus à l'est, entre Feodossia et Novorossiïsk.
Un changement de zone qui a un impact direct sur l'un des enjeux de cette guerre: l'exportation des céréales ukrainiennes. Lors d'une conférence de presse samedi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que les navires céréaliers ukrainiens pourraient reprendre leur route, avec une protection supplémentaire des navires de guerre des partenaires occidentaux. (wan)
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)