La guerre fait toujours rage entre l'Ukraine et la Russie. Les Russes ont dû abandonner du terrain au sud de Bakhmout – deux kilomètres selon les forces ukrainiennes – après des contre-attaques ukrainiennes.
👉 Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine 👈
Dans une interview accordée à la chaîne de télévision bosnienne ATV, qui figure sur les listes de sanctions occidentales en raison de ses reportages pro-russes et contraires aux faits, le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, qualifie la situation «d'émotionnelle».
Le diplomate russe a expliqué l'absence de succès visible au cours des derniers mois par le fait que l'armée russe ne serait pas en guerre. «Faire la guerre, c'est tout autre chose, cela signifie la destruction totale de l'infrastructure, la destruction totale des villes. Nous ne faisons pas cela», a affirmé Dmitri Peskov:
Le porte-parole du Kremlin n'a pris position qu'indirectement sur les interventions brutales du chef des mercenaires de Wagner, Evgueni Prigojine. Il ne citera pas de noms, mais «quoi qu'on laisse entendre, toutes les troupes là-bas font partie des forces armées russes et ont le même objectif». Il ne doute pas qu'Artiomovsk – comme les Russes appellent Bakhmout – sera prise malgré tout.
Selon l'Institute for the study of war (ISW) américain, les récents événements révèlent de «profonds problèmes dans la capacité de combat» des formations russes. Cela les rendrait vulnérables aux contre-attaques. De plus, la défense russe contre les frappes ukrainiennes serait entravée par des «lacunes évidentes dans la structure de commandement et de contrôle».
Plusieurs sources russes confirment par exemple qu'il n'y a plus de communication fonctionnelle entre les mercenaires de Wagner et les unités régulières de l'armée russe.
Des experts militaires occidentaux ont signalé que les Ukrainiens, en prévision de la grande offensive annoncée, sondaient le front russe pour en déceler les points faibles par des attaques localisées. La contre-attaque au sud de Bakhmout pourrait entrer dans cette catégorie. Dès que le front russe cède à un endroit, cela pourrait être le signal de l'avancée des formations mécanisées de l'Ukraine.
La Russie a encore intensifié ses attaques aériennes, tandis que l'Ukraine célèbre le premier tir d'un missile hyperfréquence Kinjal.
Bien que des sources russes nient que les fragments de missiles montrés par les Ukrainiens soient un Kinjal, le tir confirmé par l'armée américaine a donné un grand coup de fouet au moral de la population ukrainienne.
Ce qui frappe dans la multiplication des attaques de missiles et de drones russes ces derniers jours et semaines, c'est l'abandon des objectifs stratégiques antérieurs dans le domaine de l'infrastructure énergétique. Moscou semble considérer que l'offensive visant à interrompre l'approvisionnement en énergie a échoué, et a donc changé de cible.
L'ex-général de brigade allemand Erhard Bühler interprète les attaques contre des cibles civiles apparemment aléatoires comme une tentative d'user encore plus la défense antiaérienne ukrainienne. Le but est de donner à l'armée de l'air russe la suprématie aérienne, afin de pouvoir stopper l'offensive de printemps redoutée et ses puissantes formations occidentales de type blindé depuis les airs par des avions de combat.
👉 Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine 👈
L'Ukraine réagit en renforçant encore sa défense aérienne. Jeudi, la République tchèque a annoncé la livraison de deux nouveaux systèmes de missiles antiaériens de type soviétique 2K12 Kub, que l'armée ukrainienne connaît bien. Avant cela, l'Allemagne a déjà livré le système de défense ultramoderne Iris-T. Ce système est utilisé par les forces armées ukrainiennes.
Dans une interview accordée jeudi à la BBC, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que son armée retardait délibérément le lancement, car tous les véhicules militaires promis par l'Occident n'étaient pas encore arrivés. Ils pourraient certes attaquer et triompher avec le matériel déjà à disposition. «Mais nous perdrions beaucoup de vies. Je ne peux l'accepter», poursuit le président.
Dans son interview, Volodymyr Zelensky n'a pas précisé de quels véhicules il s'agissait exactement. Selon les données américaines, seuls 200 nouveaux chars de combat ont été livrés à l'Ukraine jusqu'à fin avril, dont seulement 60 des modèles occidentaux dont le pays a un besoin urgent. La livraison des 31 chars de combat américains de type M1 Abrams n'est prévue qu'à l'automne 2023, celle des 14 chars de combat Leopard 2A4 promis par le Danemark et des 80 Leopard 1A5 à livrer conjointement avec l'Allemagne n'est même pas prévue avant début 2024.
En revanche, l'Ukraine vient de se faire livrer par les Britanniques un nombre inconnu de missiles de croisière de type Storm Shadow, comme l'a rapporté CNN jeudi dernier. Dotées d'une portée d'environ 250 km, ces armes peuvent être utilisées pour préparer l'offensive en éliminant les postes de commandement et les centres de ravitaillement situés derrière la ligne de front russe.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder