La Russie «va de l'avant»: Vladimir Poutine, ragaillardi par les difficultés de l'Ukraine, a affiché jeudi sa confiance en une victoire au cours d'une séance de questions-réponses. Cela une semaine après avoir annoncé son intention de rester au Kremlin.
Confiant qu'en 2024 le temps jouera en sa faveur et que les revers de son armée en 2022 appartiennent au passé, le président russe répondait, ce jeudi, aux questions de la presse et de citoyens, un exercice traditionnel auquel il avait renoncé l'année dernière.
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Selon la télévision russe, plus de deux millions de questions ont été envoyées à Vladimir Poutine pour l'émission de jeudi, couvrant l'Ukraine, mais aussi des problèmes de la vie quotidienne. Comme tous les ans, certaines doléances de citoyens sont réglées presque en direct.
Ce marathon de questions-réponses est l'occasion pour Poutine de faire campagne, une semaine après avoir fait part de son ambition de rester au Kremlin, au moins jusqu'en 2030, l'année de ses 78 ans.
L'opposition a été méthodiquement éradiquée par le Kremlin, si bien que le scrutin de mars 2024 apparaît comme une formalité.
Interrogé sur les attaques menées par l'armée russe depuis la fin de la contre-offensive avortée des Ukrainiens, il a affiché sa satisfaction. «Pratiquement sur toute la longueur de la ligne de contact, nos forces armées améliorent leurs positions», a affirmé Poutine, les militaires russes grignotant du terrain depuis plusieurs semaines.
Il a néanmoins admis, pour la première fois, que l'Ukraine avait réussi à installer une tête de pont sur la rive du Dniepr occupée dans le sud par la Russie. Selon lui, cet effort est toutefois désespéré.
Poutine a clairement signifié que ses objectifs étaient inchangés en Ukraine après deux ans de conflit: chasser le pouvoir actuel, qu'il qualifie de nazi, et détruire les capacités militaires de son voisin pro-occidental pour lui imposer une neutralité. «Je vous rappelle ce dont nous avons parlé: la dénazification et la démilitarisation de l'Ukraine, son statut de neutralité», a-t-il déclaré, ajoutant que la solution:
Le président russe a pour la première fois révélé combien de soldats russes étaient en Ukraine:
Il n'a en revanche pas révélé les pertes de son armée, les Etats-Unis les évaluant à 315 000 militaires blessés ou morts.
Sur le terrain, l'armée russe a lancé dans la seule nuit de mercredi à jeudi 42 drones contre le sud de l'Ukraine. Les Ukrainiens ont dit en avoir abattu 41, mais l'ampleur de l'attaque illustre la pression militaire croissante qu'exerce Moscou.
Mardi, la capitale ukrainienne Kiev avait été visée par dix missiles qui, selon les autorités ukrainiennes, ont tous été neutralisés en vol. Leurs débris ont cependant fait une cinquantaine de blessés en retombant, le bilan le plus lourd dans cette ville depuis des mois.
L'armée ukrainienne a de son côté lancé neuf drones explosifs en direction de la Russie dans la nuit de mercredi à jeudi. Selon le ministère russe de la Défense, tous ont été abattus.
Interrogé sur la résistance de l'économie russe face aux sanctions occidentales, Poutine s'est aussi montré confiant, évoquant:
S'il admet que l'inflation, attendue à 7,5-8% à la fin de l'année, est trop élevée et s'il a promis des mesures, le chef de l'Etat russe s'est avant tout félicité de la croissance prévue de 3,5% en 2023.
La Russie continue de vendre assez de ses hydrocarbures pour financer l'effort de guerre. Et l'industrie a été réorientée sur les commandes d'Etat d'armements et de munitions.
L'économie russe semble ainsi avoir absorbé le choc immédiat des sanctions, mais leurs effets à plus long terme peuvent être dévastateurs, le pays étant coupé de certaines technologies de pointe et de pans entiers du système bancaire international.
Sur le plan diplomatique, Moscou peut aussi se satisfaire de voir les soutiens occidentaux de l'Ukraine se quereller sur la poursuite de leur aide militaire et sur les perspectives d'adhésion de l'Ukraine à l'UE.
Dernière illustration en date, jeudi, le premier ministre Viktor Orban a affirmé en arrivant au sommet européen de Bruxelles que l'UE n'était «pas en position» d'ouvrir des négociations d'adhésion. «N'offrez pas une victoire» à Vladimir Poutine, a à cet égard lancé le même jour le président ukrainien Volodymyr Zelensky aux 27 Etats membres de l'Union européenne, soulignant que l'heure n'est pas à «l'hésitation et aux demi-mesures». (jah/ats)