Le front en Ukraine semble figé depuis des semaines, mais un autre menace de s'effriter: celui du soutien à Kiev. Cette semaine, la majorité républicaine a bloqué un paquet d'aide des Etats-Unis au Sénat, ce qui signifie qu'aucune nouvelle assistance monétaire ne sera livrée pour le moment.
En Allemagne, un conflit budgétaire fait rage, même si les partis au pouvoir ne cessent de répéter que le budget de la défense ne sera pas touché. De son côté, la Slovaquie a déjà annoncé l'arrêt des livraisons d'armes, et la Pologne envoie des signaux similaires. Depuis le début du conflit, l'Occident a mis 246 milliards de dollars à la disposition de l'Ukraine, sous forme d'armes et d'autres aides. Mais la Russie contrôle toujours une grande partie des territoires occupés.
👉 Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine 👈
De l'autre côté du front, le président russe Vladimir Poutine a annoncé vouloir mobiliser 170 000 hommes supplémentaires et son industrie de l'armement tourne à plein régime. Dans un article publié dans le magazine du service de renseignement extérieur russe SVR, les propos de l'espion russe et chef du SVR Sergueï Narychkine, révélés par l'agence de presse Reuters, ne laissent aucun doute.
A ses yeux, le pays de Joe Biden va répéter son histoire: «Les Etats-Unis risquent un deuxième Vietnam». Cela durera jusqu'à ce qu'une «personne plus ou moins raisonnable, ayant suffisamment de courage et de détermination, arrive au pouvoir aux Etats-Unis,» peut-on lire dans l'article.
Lors de la guerre contre le Vietnam communiste, les Etats-Unis avaient déployé des centaines de milliers de soldats pendant près de 20 ans et dépensé des milliards de dollars américains – pour être finalement battus. La guerre avait provoqué une pression considérable sur le plan de la politique intérieure pour que les troupes rentrent au pays. La guerre du Vietnam était considérée comme une guerre par procuration entre les Etats-Unis et la Russie communiste, qui soutenait le Vietnam.
Jusqu'à présent, les Etats-Unis, comme les autres pays de l'Otan, se sont gardés d'intervenir directement dans la guerre en Ukraine. La Russie ne voit pas les choses de la même manière et estime que fournir des armes et former des soldats ukrainiens constitue déjà une intervention trop grande. Le président américain Joe Biden a mis en garde contre le fait qu'une confrontation directe entre l'Otan et la Russie pourrait déclencher la Troisième Guerre mondiale et a exclu à plusieurs reprises l'envoi de soldats américains en Ukraine.
Néanmoins, Biden veut continuer à soutenir l'Ukraine comme le démontre son intervention au Congrès. Selon Reuters, le président américain estime que la Russie, en cas de victoire face à Kiev, risquerait d'attaquer un allié de l'Otan. Pour le président américain, cela signifierait que «nous aurions une situation que nous ne voulons pas et qui n'est pas encore le cas aujourd'hui: des troupes américaines combattant directement des troupes russes».
Renouveler l'aide américaine à l'Ukraine est donc «dans notre intérêt national et dans l'intérêt international de tous nos amis», a poursuivi le démocrate. «Une politique mesquine, partiale et colérique ne doit pas faire obstacle à notre responsabilité de nation leader dans le monde.»
Même sans troupes américaines en Ukraine, la comparaison avec le Vietnam ne saurait être rejetée d'un revers de main. En effet, en 1975, les Etats-Unis n'ont pas seulement perdu sur le plan militaire, mais aussi en termes de soutien de l'opinion publique. Le refus des républicains de débloquer un nouveau paquet d'aide pourrait être le début d'une tendance similaire.
Selon un sondage de l'institut américain Gallup, 41% des Américains interrogés estiment que les Etats-Unis en font trop, ce qui représente une nette augmentation par rapport aux 24% d'août 2022 et aux 29% de juin 2023. 33% disent que les États-Unis font ce qu'il faut, alors qu'ils étaient encore 43% en juin.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci