Plus de 500 jours après le lancement de son invasion, l'armée russe continue de frapper des cibles civiles en Ukraine. Rien qu'au cours des dernières semaines, plusieurs attaques contre des villes ont été enregistrées. Kiev et la région d'Odessa ont été bombardées encore ce mardi matin. Quelle est la stratégie de Poutine? La population est-elle délibérément ciblée? Tour d'horizon.
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Vendredi dernier, l'Organisation des Nations unies (ONU) avait recensé exactement 15 993 blessés et 9177 décès. Ce chiffre est toutefois probablement sous-estimé. En effet, les experts des Nations unies ne mentionnent dans leurs décomptes que les cas qu'ils ont pu vérifier de manière indépendante.
Les circonstances chaotiques d'une guerre rendent presque impossible la tenue de statistiques précises sur les victimes civiles. Pour compliquer les choses, l'Ukraine a tout intérêt à déclarer le plus grand nombre possible de morts, alors que dans la perspective russe, c'est naturellement l'inverse.
Il n'est pas exclu que de nombreux décès soient ce que l'on appelle des dommages collatéraux, c'est-à-dire que les civils ont été touchés par des tirs accidentels.
Une telle explication est particulièrement plausible dans les cas où la Russie a utilisé de vieux missiles soviétiques, qui manquent de précision, et où des personnes ont perdu la vie à proximité d'installations militaires.
Mais la Russie dispose également de systèmes d'armes nettement plus modernes et plus précis. Dans les cas où des civils ont été tués par de telles attaques de missiles, il est peu probable qu'il s'agisse de dommages collatéraux.
Il en va de même dans de nombreux cas pour les attaques menées par la Russie à l'aide de drones Shahed de fabrication iranienne. Nombre de ces «drones à usage unique», équipés d'explosifs, ont attaqué des zones résidentielles en Ukraine, notamment à Kiev.
La Russie nie avoir visé délibérément des civils. Mais les faits contredisent cette affirmation. On peut supposer que des civils sont aussi délibérément pris pour cible.
Les attaques aériennes russes servent à terroriser et à démoraliser la population locale. De cette manière, l'Ukraine est affaiblie dans son ensemble.
Mais il y a aussi une fonction militaire. Des documents secrets américains divulgués montrent que la défense antiaérienne ukrainienne souffre d'une pénurie de munitions. En raison de l'énorme quantité d'attaques russes, le stock de missiles ukrainiens a nettement diminué ces dernières semaines et ces derniers mois.
Le Kremlin y voit une grande opportunité. Jusqu'à présent, l'armée de l'air russe, largement supérieure, n'a joué qu'un rôle très mineur dans cette guerre. Cela s'explique par le fait que l'Ukraine a réussi à défendre très efficacement ses cieux.
La défense aérienne est un élément important de la défense ukrainienne et joue également un rôle important dans l'offensive actuelle. Sans elle, les bombardiers et les avions de combat russes pourraient tirer depuis les airs sur les militaires ennemis qui avancent, mais aussi sur des cibles situées loin derrière le front, en particulier lorsque les Ukrainiens sont ralentis ou totalement stoppés par les positions russes.
Du point de vue ukrainien, une telle situation doit être évitée à tout prix. Si elle devait se produire, la contre-offensive n'aurait soudain plus aucune chance, et le cours de la guerre changerait du tout au tout.
Ces derniers mois, les infrastructures russes situées à proximité de la frontière avec l'Ukraine ont été de plus en plus souvent la cible d'attaques de drones. Kiev nie officiellement avoir quelque chose à voir avec ces attaques. Il semble toutefois plausible que les auteurs de ces attaques poursuivent au moins des intérêts ukrainiens.
Ces attaques n'ont pas de signification militaire directe. Mais elles permettent d'engager des ressources militaires loin du front en Ukraine et, comme les attaques russes, d'effrayer la population.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)