L'an dernier, Vladimir Poutine a présenté la fusée Zirkon comme une super-arme «sans équivalent». A l'époque, il assurait que ces missiles «invincibles» seraient livrés aux soldats russes «dans les prochains mois.»
Un an plus tard, le directeur de l'entreprise spécialisée NPO Machinostroïenia s'est exprimé sur l'état d'avancement de la fusée et le retard pris par le projet. «Le Zirkon doit encore être soumis à des tests supplémentaires avant de pouvoir être mis en service», a confié Alexandre Leonov à Tass.
L'agence de presse russe n'indique aucune date quant à la mise en service des missiles. Pour Alexandre Leonov, l'introduction des missiles «n'est pas une procédure rapide» et nécessite «un certain nombre de tests». Ces déclarations laissent entendre que l'arme rencontre différents problèmes.
Pour les experts militaires occidentaux, les missiles hypersoniques sont un cauchemar. Contrairement à d'autres systèmes de missiles, les projectiles peuvent être contrôlés même après le lancement et atteignent plusieurs fois la vitesse du son. Grâce à cette combinaison de maniabilité et de vitesse, les Zirkon russes pourraient échapper aux systèmes de défense aérienne.
Les missiles hypersoniques font donc partie d'une nouvelle classe de systèmes d'armes. Leur développement risque de déclencher une course aux armements. La Russie a été le premier pays à mettre en service un tel missile en 2017, la Chine et les Etats-Unis travaillent également sur des armes de ce genre.
La Russie dispose déjà de deux missiles hypersoniques prêts à l'emploi: le Kinschal, tiré depuis des porte-avions, et l'Awangard, lancé depuis la terre ferme. Le missile Kinschal aurait déjà été utilisé à plusieurs reprises en Ukraine. Il est même possible que les bombardements servent à tester l'arme dans un environnement opérationnel, écrivait en avril 2022 l'expert militaire Douglas Barrie du groupe de réflexion britannique IISS (International Institute for Strategic Studies). Selon lui, son utilisation en Ukraine ne présente pas d'avantage tactique.
Beaucoup d'informations sont secrètes et les images de cette arme sont rares. Selon les informations russes, le missile Zirkon a une portée de plus de 500 kilomètres et peut accélérer jusqu'à 8 000 à 9 000 kilomètres par heure. Il devrait pouvoir être utilisé aussi bien contre des navires ennemis que contre des cibles terrestres.
En mai 2022, la Russie annonce le premier vol réussi de la fusée lancée depuis une frégate en mer de Barents en direction d'une cible en mer Blanche. Soit un parcours d'environ 1000 kilomètres. Le ministère de la Défense publie alors une vidéo illustrant le lancement. C'est la première fois que la Russie équipait un navire de guerre d'une telle arme.
En janvier 2023, le Kremlin réitère l'expérience. Il envoie la frégate «Amiral Gorchkov», équipée d'un missile Zirkon, en mission d'entraînement. Elle est censée démontrer la puissance navale russe lors d'un voyage à travers l'océan Atlantique et l'océan Indien. Le sous-marin nucléaire K-560 Severodvinsk aurait également déjà effectué un test avec la roquette hypersonique.
Selon les plans du gouvernement russe, des croiseurs, des frégates et des sous-marins devraient à l'avenir être armés de missiles de ce type. Alexandre Leonov a toutefois indiqué que le système d'armement Zirkon devait encore être soumis à une batterie de tests. Le chef de l'entreprise spécialisée dans le domaine des missiles et de l'astronautique NPO Machinostroïenia n'a pas précisé quand les missiles pourraient être opérationnels.
Vladimir Poutine n'a cessé de souligner dans ses discours du début de l'année 2023 l'importance du système d'armes Zirkon, notamment pour le renforcement des forces nucléaires de la Russie. Les missiles peuvent potentiellement être équipés d'ogives nucléaires.
Par le passé, des experts occidentaux ont régulièrement émis des doutes quant à la puissance réelle des missiles hypersoniques russes et à leur précision.
Après le lancement de la mission d'entraînement en janvier 2023, les Etats-Unis ont fait savoir qu'ils surveillaient le navire. Comme le rapportait l'agence de presse américaine à l'époque, certains experts militaires estimaient qu'un seul navire équipé de missiles hypersoniques n'était pas de taille face aux forces navales des Etats-Unis. D'autres, en revanche, ont fait remarquer que la stratégie de Poutine pourrait consister à déployer la frégate à proximité des côtes américaines afin d'accroître la pression dans la guerre en Ukraine.