Daniil Frolkin a pris une décision dangereuse. Dans une interview accordée au magazine d'investigation iStories, le jeune homme de 21 ans raconte comment il a abattu un civil en mars en Ukraine. Mais le soldat russe ne se contente pas de s'incriminer lui-même – il cite également les noms des commandants sur les ordres desquels lui et ses camarades auraient tué des civils.
Frolkin ferait partie de la tristement célèbre 64e brigade d'infanterie motorisée de l'armée russe qui, au début de l'invasion en février, s'est avancée jusqu'à la banlieue de Kiev, Boutcha – et y a tué à elle seule au moins 419 civils. Frolkin était mobilisé dans le village d'Andriivka, dans la région de Tchernihiv, non loin de la frontière avec la Biélorussie, explique-t-il dans l'interview.
Le 12 mars, Frolkin et ses camarades auraient été emmenés aux domiciles de trois hommes qui auraient dévoilé des positions russes à l'armée ukrainienne. Vadim Ganiuk, Vitaly Kibukevich et Ruslan Yaremchuk n'auraient pas survécu à cette journée. Selon l'enquête d'iStories, la victime de Frolkin était Ruslan Yaremchuk, qu'il a tué d'une balle dans la tête.
«Je comprends que la vengeance est une chose merdique, mais je me suis vengé et j'ai compris ce que je faisais», répond Frolkin lorsqu'on l'interroge sur le motif qui l'a poussé à tuer Yaremchuk. Il a ajouté qu'il voulait sauver autant de personnes que possible. «C'est la seule personne que j'ai tuée pendant les sept mois de l'opération spéciale. J'ai sauvé 86 personnes, j'en ai tué une», dit Frolkin. Ces informations ne peuvent cependant pas être vérifiées.
Frolkin raconte qu'il a été envoyé en Biélorussie le 11 janvier, soi-disant pour un exercice militaire. Il ne savait pas qu'il allait envahir l'Ukraine quelques semaines plus tard. iStories décrit le jeune homme de 21 ans comme un soldat mal formé. Il est conscient que ses déclarations le mettent en danger: «Je comprends que je puisse être emprisonné pour toutes ces informations», dit-il.
Il ne sait pas si l'armée ou les autorités russes le poursuivront pour ses déclarations. Son espoir est qu'il puisse, en faisant cela, aider à sauver ses camarades. Après une longue pause, son unité devrait être renvoyée sur le front en Ukraine, cette fois-ci au sud, à Kherson, dit Frolkin. Il craint que la 64e brigade y soit décimée: «Il vaut mieux détruire une vie que la vie de 200 ou 300 personnes. Je connais tous ces gars. Ce sont des gens bien, je ne veux pas ruiner leur vie.»
Selon un rapport de Radio Liberty, l'unité a subi de lourdes pertes. On estime qu'au moins des centaines de soldats de la brigade, qui compte environ 1 500 hommes, ont déjà perdu la vie.