Vladimir Poutine s'est dressé ce samedi contre la «menace mortelle» et le risque de «guerre civile» posés par le chef du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine entré ouvertement en rébellion contre le commandement russe.
En complet noir, l'air grave et le ton martial, le chef du Kremlin s'est adressé à 9 heures (heure suisse) sans le nommer à l'homme qui le défie, accusant «les traitres» à la nation russe, promettant de les «punir».
Plus tôt, le chef de Wagner avait affirmé tenir le quartier général de l'armée russe à Rostov, centre névralgique des opérations en Ukraine, et contrôler plusieurs sites militaires.
«Nous sommes au QG, il est 7h30 du matin» (6h30 suisse), avait dit Evgueni Prigojine dans une vidéo sur Telegram.
Suite à ses déclarations, Vladimir Poutine a été forcé d'admettre que la situation à Rostov est effectivement «difficile».
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En réaction à cette rébellion, le parquet général russe a annoncé l'ouverture d'une enquête pour «mutinerie armée» à l'encontre du groupe entré en rébellion avec ses 25 000 hommes revendiqués, après avoir accusé l'armée régulière d'avoir bombardé ses troupes.
Les autorités ont renforcé les mesures de sécurité à Moscou où le «régime d'opération antiterroriste» vient d'être instauré, conséquence directe de la menace de Prigogine qui avait lancé dans un message audio sur Telegram:
Côté ukrainien, un conseiller du président Volodymyr Zelensky a jugé que:
«La division entre les élites est trop évidente. Se mettre d'accord et prétendre que tout est réglé, cela ne marchera pas», a ajouté Mykhaïlo Podoliak sur Twitter.
«Nous sommes tous prêts à mourir, tous les 25 000. Et après il y en aura encore 25 000. Parce que nous mourons pour la patrie, nous mourons pour le peuple russe qu'il faut libérer de ceux qui bombardent la population civile», avait martelé Prigogine.
Dans la nuit, il avait annoncé avoir traversé la frontière et être entré à Rostov, siège du quartier général du commandement sud de l'armée russe d'où sont coordonnées les opérations militaires en Ukraine. Il a aussi assuré que ses troupes avaient abattu un hélicoptère russe qui avait «ouvert le feu sur une colonne civile».
Il n'a pas apporté de preuves de ces affirmations, dont l'Agence France-presse (AFP) n'était pas en mesure de confirmer la véracité.
Le gouverneur de la région de Rostov a appelé la population à «rester à la maison», et celui de Lipetsk, à 420 km au sud de Moscou, a lui aussi annoncé «des mesures de sécurité renforcées».
Des images sur les réseaux sociaux et des médias en ligne, et dont l'AFP n'a pu confirmer l'authenticité, ont montré des véhicules militaires circulant dans la ville, aux abords du ministère de la Défense, et en position devant la chambre basse du Parlement, la Douma, à quelques dizaines de mètres du Kremlin.
Dans plusieurs messages audio tout au long de la journée, le patron de Wagner avait auparavant affirmé que des frappes russes avaient fait un «très grand nombre de victimes» dans ses rangs.
Et accuse le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou d'avoir ordonné ces attaques.
Ces accusations «ne correspondent pas à la réalité et sont une provocation», a rétorqué le ministère de la Défense dans un communiqué.
Le FSB (les forces de sécurité russes) a appelé les combattants de Wagner à arrêter leur chef. Et un influent général russe, Sergueï Sourovikine, a exhorté les combattants de Wagner à renoncer à leur révolte.
Cette guerre ouverte expose les tensions au sein des forces russes engagées dans le conflit ukrainien.
Prigojine appelle les Russes à se joindre à ses troupes ou à ne pas leur opposer de résistance. (dal/afp)