Vladimir Poutine a pris la décision d’envahir l’Ukraine, et le contexte géopolitique n’a soudain plus été aussi instable depuis des décennies.
Une invasion qui a démarré le 24 février et dont l’escalade atteint son paroxysme trois jours plus tard, lorsque le président russe annonce avoir mis en alerte la force de dissuasion nucléaire, visant ainsi l’Occident. Une menace qui semblait appartenir à l’époque de grand-papa et qui aujourd'hui est une réalité.
Si l’on a tous en tête l’immense champignon qui souffle des maisons entières comme des fétus de paille, il est malgré tout assez difficile de visualiser l'impact de l'arme la plus destructrice jamais créée. Pour mieux vous en rendre compte, il existe des simulateurs de bombe nucléaire relativement bien fichus, comme Nukemap ou Outrider, permettant de reproduire virtuellement ce type d’explosion, et ce, à n'importe quel endroit sur le globe.
Pour rappel, si la bombe atomique d’Hiroshima était tombée sur Genève, cette bombe d’une puissance explosive de 15 kilotonnes appelée «Little Boy» aurait créé une boule de feu d’un rayon de 230 mètres. La chaleur de la bombe aurait tout dévasté sur son passage, et toute personne sur plus d’un kilomètre carré aurait été vaporisée. Bref, de quoi raser entièrement le centre-ville et causer une centaine de milliers de morts.
Mais de l’eau a coulé sous les ponts depuis le 9 août 1945, et lorsque deux puissances s’affrontent, il est évident que le but premier est de savoir qui a la plus grosse. Concours remporté par la Russie et sa «Tsar Bomba»: la plus puissante bombe de l’histoire. Elle a explosé dans l’atmosphère le 30 octobre 1961 au-dessus du site de Novaya Zemlya, en Russie. Une abomination 3000 fois plus puissante que les bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki durant la Seconde Guerre mondiale.
En gros, la bombe «Tsar», c’est une boule de feu de plus de 100km/2 qui réduiraient Berne, Genève ou Zurich en un simple cratère radioactif, qui tuerait grosso modo tout le monde au bout d’un mois. Le plus terrifiant reste le souffle de chaleur, rasant les bâtiments et provoquant des brûlures au troisième degré sur 80km autour de l'impact. Les villes de Fribourg et de Neuchâtel seraient complètement détruites.
Sur Genève, l’onde de choc détruirait l’entièreté du canton, et un nuage incendiaire soufflerait jusqu'à Lausanne. Sans parler du tsunami que provoquerait la bombe sur le lac Léman, balayant la moitié de celui-ci. Si la bombe explosait à Lausanne, ce serait la totalité du canton de Vaud qui serait sous les flammes.
Alors, bon, ça parait terrifiant, mais pas de panique. La Suisse est championne du monde de l’abri antiatomique. Notre pays compte assez de refuges solides pour accueillir, en cas de besoin, toute la population et même encore. Un cas unique sur la planète. Si vous vous demandiez pourquoi il y a une porte blindée dans la cave de votre immeuble, vous avez enfin la réponse. La Suisse compte quelque 300 000 refuges aménagés sous les habitations, institutions et hôpitaux, de même que 5 100 abris publics. Pour un total de 8,6 millions de places, soit un degré de couverture de... 114%.
Dans ces abris, on est censé y trouver des livres, des toilettes sèches, parfois des douches, des génératrices de secours, une ventilation permettant de filtrer les particules, un grand réservoir d’eau et de la nourriture. L’objectif est de tenir jusqu’à quinze jours. Que ce soit les abris privés ou publics, leur structure et leur conception sont prévues pour protéger les occupants contre le souffle et l’irradiation causés par l’explosion, ainsi que l’effondrement du bâtiment sous lequel ils se trouvent.
Ce qui sauve également notre pays des effets dévastateurs d’une bombe nucléaire, c’est sa topographie. En effet, les Alpes sont un bouclier naturel qui empêche la propagation du souffle, et en fait donc un entonnoir naturel. Ce sont d'ailleurs les collines de Nagasaki qui ont allégé le bilan des victimes, bien plus nombreuses durant le bombardement d'Hiroshima.
Si l'Arc lémanique est définitivement perdu en cas de guerre nucléaire, il n'est donc pas trop tard pour investir dans un lopin de terre en Valais ou dans les Grisons.